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Manœuvres politiques : Issa Tchiroma Bakary file droit vers la «gauche»

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Issa Tchiroma Bakary (à l'extrême-gauche) du temps de son idylle avec le

La déclaration officieuse d’Issa Tchiroma Bakary, président du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), le 27 mai dernier à son domicile, continue d’agiter les milieux politiques à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025.

Issa Tchiroma Bakary (à l’extrême-gauche) du temps de son idylle avec le

En déclarant : « Je ne suis pas un dictateur […]. Je demande à tous les militants du FSNC de choisir librement leur candidat. Je n’ai aucun nom à leur imposer », le leader politique a provoqué un véritable séisme dans le paysage politique du Grand Nord. Perçue par certains comme un souffle nouveau de liberté, cette sortie est également analysée comme une manœuvre tactique bien calculée, dans un contexte électoral tendu et incertain.

Scepticisme ou espoir d’émancipation ?
Dans sa ville natale, Garoua, les réactions sont contrastées. Pour Hamidou Bello, membre actif de la société civile, cette sortie relève davantage d’un jeu politique que d’un véritable changement de cap : « Il est vrai qu’il s’agit d’un revirement majeur par rapport à son soutien habituel au président Paul Biya. Mais il faut bien comprendre que cela s’apparente à une comédie politique. Tchiroma agit par calcul, en basculant brusquement dans un populisme qui ne lui ressemble pas. Le FSNC n’a jamais véritablement affronté le régime en place. » À l’opposé, certains militants du FSNC y voient une étape historique dans la quête d’autonomie politique du parti vis-à-vis du RDPC. Sadou Hayatou, militant à Garoua IIème, s’enthousiasme : « C’est un pas vers notre émancipation. Nous ne pouvons pas continuer à jouer les seconds rôles. Le moment est venu pour notre parti de s’assumer pleinement. »

À Maroua, l’ambiance est tout aussi électrique. Une mobilisation inédite des jeunes sur les listes électorales a été constatée, témoignant d’un regain d’intérêt citoyen. Pourtant, lors du dernier méga-meeting du FSNC à Maroua, aucun appel au soutien à la candidature de Paul Biya n’a été formulé, une première qui n’a pas échappé aux observateurs. Babané Abdou, chercheur et analyste politique basé à Maroua, ne cache pas son amertume : « On dirait que certains leaders veulent aujourd’hui redéfinir le discours politique dans le Nord. Mais où étaient-ils ces dix dernières années ? Ils portent une lourde responsabilité dans la crise socio-économique qui frappe le Septentrion. Il est temps qu’ils fassent leur autocritique ».

Un tournant politique?
Pendant plus de trois décennies, Issa Tchiroma a bénéficié d’une relation privilégiée avec Paul Biya, laquelle s’est traduite par une série de nominations ministérielles malgré le poids électoral relativement faible de son parti. Il a été Ministre des Transports (1992–1996), dans un contexte de gouvernement d’ouverture ; Ministre de la Communication (2009–2019), un poste stratégique en période de crise ; il est Ministre de l’Emploi et de la Formation Professionnelle depuis le dernier remaniement ministériel. Des fonctions perçues comme des récompenses pour sa fidélité indéfectible au régime et sa capacité à défendre, avec zèle, la ligne du pouvoir. Abakar Sadam, militant du UNDP, principal parti d’opposition dans les régions septentrionales, fustige cette trajectoire : « Le FSNC n’a jamais eu de véritable base populaire. Et pourtant, Tchiroma a toujours eu accès aux cercles du pouvoir. Biya l’a promu comme représentant phare du Grand Nord, au détriment d’autres figures pourtant plus enracinées localement. Ses déclarations actuelles manquent de cohérence ».

Tom

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