Le compte à rebours avec des débats de fond peine à se structurer.

Un jour, la candidature unique de l’opposition. Un autre jour, c’est le nombre de personnes ayant pris part à un meeting dans l’Extrême-Nord. Avant cela, ce sont des leaders politiques qui sont accusés de s’abriter derrière des alliances de circonstance. Et que dire du « famlah juridique » qui percute l’opinion publique comme jamais aucune « affaire » ou aucun « scandale » auparavant. Entre temps, le surplomb de Paul Biya écrase ses « concurrents », même si son silence autour de son entrée dans la bataille n’en finit pas de repousser l’ordonnancement de celle-ci. Sa candidature (que de nombreux militants de son parti (le RDPC, Rassemblement démocratique du peuple camerounais), pensent acquise, échauffe bien des esprits.
Constats
Tout est réuni pour provoquer chez quelques observateurs un scepticisme courroucé. « Plus le mois d’octobre 2025 approche, plus on s’éloigne des préoccupations des Camerounais », constate Dr Anne Gweth. Selon la politologue, « il suffit parfois d’un bon ou mauvais mot pour que le débat public vire à la polémique virale sur les réseaux sociaux, et chaque jour, cette logique s’intensifie. Chaque jour, le schéma se répète : invectives, intimidations, vacarme. Et face à cette réalité, le débat public ne peut qu’être confisqué dans une stérilité indescriptible ».
« C’est de l’inédit, du spectaculaire, du coup d’éclat permanent, à l’image d’une société du zapping permanent qui se confronte à la faillite d’un système politique moribond. Avant c’était flou, c’est désormais inquiétant », enchaîne Christian Ewala, chercheur en sciences politiques.
D’après ce dernier, l’opinion publique nationale est quotidiennement bombardée de « projets autoritaires, verticaux, fondés sur l’exclusion de toute voix dissonante, et autorisant le déploiement d’appareils politiques verrouillé autour de la personne de leurs créateurs. Mais cette dérive ne s’arrête pas à l’organisation : elle est aussi idéologique. Depuis plusieurs semaines, de nombreux s entrepreneurs politiques s’éloignent des vrais débats pour adopter une posture communautariste. Ils essentialisent les appartenances tribales, instrumentalisent la loi à des fins électorales, entretiennent l’ambiguïté sur une possible candidature unique de l’opposition, et segmentent la société en identités antagonistes. Leur rhétorique ne s’adresse plus à la nation, mais à des publics ciblés, dans une logique de division permanente. Et face à cette réalité, la pré-campagne ne peut qu’être volatile et insaisissable ».
Bobo Ousmanou