A compter du 9 juin 2025, les ressortissants de 12 pays sont interdits d’entrée aux États-Unis. Selon la Maison-Blanche, la mesure s’applique aux citoyens originaires d’Afghanistan, de Birmanie, du Tchad, de la République du Congo, de Guinée équatoriale, d’Erythrée, de Haïti, d’Iran, de la Libye, de la Somalie, du Soudan et du Yémen.

A en croire l’exécutif américain, les ressortissants du Burundi, de Cuba, du Laos, de Sierra Leone, du Togo, du Turkménistan et du Venezuela sont également visés par des restrictions. La mesure concerne tous types de visas pour ces pays, sauf certaines catégories temporaires (diplomatiques, affaires). « Très simplement, nous ne pouvons pas permettre une migration ouverte depuis des pays où nous ne pouvons pas contrôler et examiner de manière sûre et fiable ceux qui cherchent à entrer aux États-Unis. La sévérité des restrictions que nous appliquons dépend de la gravité de la menace posée. La liste est sujette à révision en fonction des améliorations matérielles apportées, et de nouveaux pays peuvent être ajoutés si des menaces émergent dans le monde, mais nous n’autoriserons pas des personnes à entrer dans notre pays avec l’intention de nous nuire, et rien ne nous empêchera de protéger l’Amérique », a déclaré le président américain, Donald Trump, dans une vidéo postée sur X le 4 juin 2025. Selon nombre de commentateurs, ravive le souvenir du « Travel Ban » de 2017, déjà critiqué pour ses relents xénophobes, puis abrogé en 2021.
Au-delà, remarquons vite que les ressortissants de trois pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) sont sous le coup de la mesure américaine. Le Tchad, l’un de ces pays a répliqué à Donald Trump, en suspendant les visas pour les citoyens américains. « J’ai instruit le Gouvernement à agir conformément aux principes de réciprocité et suspendre l’octroi des visas aux citoyens des Etats-Unis d’Amérique. Le Tchad n’a ni des avions à offrir, ni des milliards de dollars à donner mais le Tchad a sa dignité et sa fierté », a vigoureusement écrit le président tchadien, Mahamat Idriss Déby Itno, dans un message publié sur sa page Facebook officielle. La décision américaine visant le Tchad est motivée par un « taux élevé de dépassement de durée de séjour, pour 2022 et 2023 », qui « est inacceptable et indique un mépris flagrant des lois américaines sur l’immigration », indique la Maison Blanche. Celle-ci accuse les ressortissants de la République du Congo d’afficher « un taux de dépassement de délais de 29,63 % pour les visas B1/B2 et de 35,14 % pour les visas F, M et J ». Même grief pour la Guinée équatoriale, qui présente un taux de dépassement de durée de séjour pour les visas B1/B2 de 21,98 % et un taux de dépassement pour les visas F, M et J de 70,18 %.
Dans ce contexte, les rapports de force et les défis géopolitiques qui déterminent ces mesures visant certains pays de la Cemac méritent d’être analysés. Non seulement il est à peu près certain que les motifs des parties prenantes seraient très différents, mais des informations de qualité inégale en possession de ces parties expliqueraient aussi leurs positions respectives, sincères ou feintes. A cette aune, il apparaît que la « confrontation Etats-Unis-Cemac » n’aboutira à rien d’autre qu’un mécanisme de « poids et contrepoids », dans la mesure où, dans la sous-région, les restrictions américaines résonnent comme une véritable provocation.
Jean Materne Zambo