Home INTÉGRATION RÉGIONALE Afrique centrale : « la BAD news »en décryptage

Afrique centrale : « la BAD news »en décryptage

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Le constat est exposé depuis le 29 mai dernier. A l’issue d’un vote organisé lors des Assemblées de l’institution financière panafricaine tenues du 26 au 30 mai à Abidjan, sous le thème “Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement, le Mauritanien Sidi Ould Tah a obtenu 76,18 % des voix, devançant largement le Zambien Samuel Munzele Maimbo (20,26 %) et le Sénégalais Amadou Hott (3,55 %), selon les résultats officiels communiqués par le Comité des gouverneurs.

Économiste de formation, le successeur du Nigérian Akinwumi Adesina (en poste depuis 2015) entrera en fonction en septembre prochain. Avant sa brillante élection, Sidi Ould Tah dirigeait depuis 2015 la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA). Ancien ministre des Affaires économiques et du Développement de Mauritanie (2008-2015), il a axé sa campagne pour la présidence de la BAD sur quatre priorités : la résilience climatique, la diversification économique, l’inclusion des jeunes et des femmes, et la mobilisation de financements innovants. Il plaide également pour une réforme en profondeur de l’architecture financière africaine et une meilleure intégration du secteur informel, notamment via la fintech et la blockchain.

Né à Mederdra, dans le sud-ouest de la Mauritanie, le nouveau président de la BAD, désigné « Financier africain de l’année » par le magazine Financial Afrik en décembre 2024, est titulaire d’un doctorat en sciences économiques de l’Université de Nice Sophia Antipolis et d’un DEA de l’Université Paris VII. Il a occupé divers postes dans le secteur bancaire et public, en Mauritanie et à l’international, notamment à la Banque islamique de développement en Arabie saoudite.

Scénario cauchemar pour l’Afrique centrale
Pour « terrasser » ses concurrents, Sidi Ould Tah a, apprend-on, bénéficié du soutien de plusieurs pays membres, dont la Côte d’Ivoire, le Nigeria, la Tunisie, l’Italie, le Bénin et… le Congo-Brazzaville. Contrairement à ce que les pronostics avaient établi, ce dernier pays n’a pas voté pour Abbas Mahamat Tolli, présenté comme le candidat de la Cemac. Le Tchadien n’a obtenu que 0,52 % des voix, le plaçant en dernière position, loin derrière les autres prétendants « Ce score permet de jauger le rapport de force électoral qui a fini par reléguer la solidarité communautaire au second plan », postule l’internationaliste camerounais Eloge Moungang, Explication : « Au seuil des urnes, certains pays de la Cemac habités par des rancœurs, ont sonné la charge contre le Tchadien », informe Pr Belinga Zambo. Présent à Abidjan, le politologue camerounais informe que « cette situation a permis à Sidi Ould Tah de siphonner de précieuses voix qui auraient permis à Abbas Mahamat Tolli d’obtenir un score honorable au premier tour du scrutin ». « Au-delà du soulagement affiché par tous ceux pour qui éliminer le candidat de l’Afrique centrale comptait plus que de savoir comment faire en sorte que les autres pays d’Afrique de l’Ouest et du Nord ne soient plus tentés de voter pour lui, les déclarations tonitruantes des délégués de certains pays de la Cemac, se sont empressés de proclamer la victoire du Mauritanien », expose encore Pr Belinga Zambo.

Sur sa page X ce 31 mai 2025, le leader du Mouvement pour l’unité tchadienne et africaine (MUTA), Acyl Adoum Manany émet un avis voisin : « Même les pays voisins, y compris ceux de la Cmac n’ont pas soutenu le candidat tchadien. Abbas Mahamat Tolli avait un profil solide et n’était pas le problème. Ce qui a manqué, selon lui, c’est tout le reste : aucun lobbying, aucune tournée régionale adéquate, aucune coalition solide, aucune dynamique ».


Jean-René Meva’a Amougou

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