Home ENTREPRISE Autonomisation des journalistes : UPF et RJ2C scandent le mérite au féminin

Autonomisation des journalistes : UPF et RJ2C scandent le mérite au féminin

0
Le panel du 3 mai dernier à Yaoundé.

Un Grand Talk a mis en lumière ce 3 mai 2025 les bonnes pratiques à adopter par les femmes – journalistes, face aux vents contraires dans leur progression professionnelle.

Le panel du 3 mai dernier à Yaoundé.

Samedi, 3 mai, est jour de liberté de la presse. A l’occasion, la section camerounaise de l’Union internationale de la presse francophone (UPF) s’intéresse à la condition des journalistes de sexe féminin. Au menu : un échange sur le thème : « Femmes journalistes, réalités et défis d’autonomisation ». L’objectif n’est pas d’énoncer ou reproduire à son propre compte la somme des jérémiades passées ; mais de promouvoir le courage, le professionnalisme et la valorisation de l’identité individuelle des actrices de la profession au Cameroun. Pour mieux en parler : Evelyne Mengue à Koung, présidente de la section camerounaise de l’UPF, Laurentine Assiga, présidente du Réseau des journalistes culturels du Cameroun, Céline Fotso, promotrice de l’organe de presse « Je Wanda magazine » et Serge Bayimbe, chef secteur communication et information de l’Organisation des Nations unies pour la science et la culture (Unesco) pour l’Afrique centrale. La somme des contributions produites devant un parterre de professionnels et de jeunes journalistes passionnés issus d’établissements secondaires et universitaires du pays appelle à la recherche et l’exercice des compétences, à la poursuite d’un idéal professionnel, à la valorisation de son identité, et à l’affirmation de son génie. « Ce qui revient, c’est de ne pas rester dans la posture de : je suis une femme, je vais avoir des privilèges, etc. Il ne faut pas se limiter à son genre. Il faut être en accord avec ses objectifs et ne surtout pas les prendre à la légère. Si on veut avoir un media, si on veut devenir éditorialiste, on se fixe cet objectif et après on trouve son plan d’action. Il n’y a pas d’obstacles qu’on ne puisse pas affronter. Un refus est parfois la meilleure façon d’être sur la voie qui vous est destinée. Il faut prendre des initiatives, se créer sa propre voie », soutient Celine Fotso.

Professionnalisme
Un autre défi qui interpelle la gent féminine dans la corporation, apprend-on, porte sur la gestion des relations humaines. Lesquelles, mal encadrées, donnent lieu à diverses formes de dérives. « La femme journaliste a un besoin de protection qui est plus grand. Vous savez, le journaliste est mis en vitrine surtout dans l’audiovisuel et sur les blogs. Et dans des sociétés comme la nôtre, la femme doit dans ce cas, plus que l’homme, répondre à un certain nombre d’exigences. La tendance est de penser qu’elle est là parce qu’elle est jolie, parce qu’elle a donné quelque chose pour être là. Du coup, elle est exposée à un scanner un peu plus rigoureux que celui de l’homme », souligne Serge Bayimbe. Le poids à porter est alors grand : harcèlement de toutes sortes y compris sexuel et atteinte à l’intégrité ou à la dignité, entre autres. Pour les intervenants, cependant, le mérite est de pouvoir s’élever au-dessus de ces obstacles. « Les réseaux sociaux sont des défis qui s’imposent à tous les professionnels. Qu’ils soient hommes ou femmes. Maintenant la femme, elle, doit lutter pour pouvoir s’imposer par ses propres mérites pour ne pas être regardée comme une femme d’abord et une professionnelle ensuite ; elle doit pouvoir être une professionnelle et donc ne pas se réfugier derrière sa condition pour justifier quelques égarements dans le comportement ou la paresse et l’incompétence. Mais utiliser le fait d’être femme comme un atout que l’on met en avant au-delà des autres compétences professionnelles », déclare Evelyne Mengue à Koung.
Entre partage d’expériences et analyse des réalités de terrain, les panélistes du Grand Talk ont eu fort à dire sur les responsabilités des professionnelles du métier. Lesquelles doivent par ailleurs jongler avec leurs responsabilités sociales et familiales. Là-dessus, pas de formule magique, ni de règle passe-partout, juste des conseils prévenant de ces femmes, mères et épouses. Il s’agit en substance de se créer un environnement personnel sain par l’établissement de rapports de qualité avec ses alliés du quotidien, l’adoption d’une discipline de vie et la prise en compte de son épanouissement personnel.

Louise Nsana et Marie Noëlle Etoungou (stagiaire)

Afrique : Concentration et dépendance aux annonceurs affaiblissent l’indépendance des médias

La liberté de la presse recule de manière préoccupante dans de nombreux pays africains. C’est dans cette région que le score économique se détériore dans le plus grand nombre de pays : 80 % d’entre eux sont concernés. Dans nombre de cas, les médias restent concentrés entre les mains de quelques groupes privés proches du pouvoir ou de personnalités aux intérêts politiques, compromettant ainsi l’indépendance des rédactions.

Cette concentration est notamment remarquable dans des pays comme le Nigéria (122e, – 10 places), la Sierra Leone (56e) ou encore le Cameroun (131e). Elle s’accompagne d’une dépendance aux revenus publicitaires, majoritairement alimentée par les budgets de communication de l’État et de grandes entreprises. C’est le cas au Bénin (92e) et au Togo (121e). Cette situation accroît la pression sur les rédactions, poussées à l’autocensure par crainte de perdre ces financements. Au Kenya (117e), The Nation en a fait les frais : le journal a vu ses publicités retirées par l’opérateur Safaricom après avoir révélé le rôle de celui-ci dans la surveillance des communications de citoyens.
Le manque de subventions publiques pérennes et transparentes fragilise encore davantage le secteur. Dans plusieurs pays, les aides étatiques sont rares ou distribuées de manière discrétionnaire. En Mauritanie (50e), elles sont affaiblies par une mauvaise gouvernance, ce qui compromet l’indépendance des médias. Au Sénégal (74e), leur transparence est au cœur de réformes en cours, non sans contestation de la profession, qui fait aussi face à des contrôles fiscaux intensifiés et à la suspension de conventions publicitaires avec des entités publiques. 
Des journalistes et des médias en danger

Au Sahel, la dégradation de la sécurité compromet directement la viabilité économique des médias. Certains, au Mali (119e, – 5 places) et au Burkina Faso (105e, – 19 places) ont vu leurs activités suspendues et leurs équipes contraintes au déplacement interne ou à l’exil. Des journalistes jugés critiques des autorités burkinabè ont même été enrôlés de force dans l’armée, renforçant la chape de plomb sur les médias. Au Soudan (156e), la guerre en cours a exacerbé les difficultés économiques des médias, déjà soumis à une instrumentalisation de l’information par les parties au conflit. C’est aussi le cas dans l’est de la République démocratique du Congo (133e, – 10 places), avec des dizaines de fermetures de radios et de journalistes déplacés, désormais sans emploi. 

À ces dynamiques sécuritaires s’ajoutent des mesures judiciaires et administratives lourdes de conséquences sur la santé financière des médias. Dans plusieurs pays, les autorités utilisent la justice ou les organes de régulation pour sanctionner des organes de presse. En Guinée (103e), le retrait des licences de médias, tels que Djoma TV ou Espace FM, a entraîné la perte de plus de 700 emplois. Au Mali (119e), la suspension pendant six mois de la chaîne Joliba TV par l’organe de régulation a provoqué une chute de ses revenus publicitaires. 
 
La carte de plus en plus rouge
Sept pays africains sont désormais dans le dernier quart du Classement. L’Ouganda (143e), l’Éthiopie (145e) et le Rwanda (146e), passent en situation “très grave” cette année. Le Burundi (125e), déjà en bas du Classement, baisse de 17 places. Malgré la libération de l’animatrice de Radio Igicaniro Floriane Irangabiye, la situation globale reste critique et nombreux sont les médias burundais à exercer depuis l’exil. L’Érythrée (180e) demeure le dernier pays du Classement. La presse y est soumise à l’arbitraire du président Issaias Afeworki : il n’existe plus aucun média indépendant dans ce pays tristement réputé pour les plus longues détentions de journalistes dans le monde, parmi lesquelles le journaliste suédo-érythréen Dawit Isaak. Dans une Afrique où informer devient un défi quotidien, l’embellie vient des pays bien classés comme l’Afrique du Sud (27e), la Namibie (28e), le Cap-Vert (30e) et le Gabon (41e).


Source : Reporters sans frontière

Journalisme en danger

La zone Moyen-Orient-Afrique du Nord reste la zone la plus dangereuse pour les journalistes avec, en son cœur, le massacre du journalisme à Gaza par l’armée israélienne. Les pays sont tous en situation “difficile” ou “très grave” à l’exception du Qatar (79e). La presse est prise en étau entre la répression exercée par les régimes autoritaires et une précarité économique persistante. La Tunisie (129e, – 11), le seul pays qui chute en Afrique du Nord, enregistre la plus forte baisse sur le plan économique de la région (- 30 places sur ce volet), dans un contexte de crise politique où la presse indépendante est dans le viseur. L’Iran (176e), où les journalistes sont bâillonnés et toute expression critique réprimée stagne en bas de classement, avec aussi la Syrie (177e), en attente d’un profond renouveau du paysage médiatique post-Bachar al-Assad.

Sur les 32 pays et territoires de la zone Asie-Pacifique, 20 ont vu leur score économique baisser dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2025. Le contrôle systémique des médias dans les régimes autoritaires est souvent inspiré par le modèle de propagande de la Chine (178e), qui reste la principale prison du monde pour les journalistes et réintègre le trio de fin du Classement, juste devant la Corée du Nord (179e). Confrontée aussi à la concentration des médias entre les mains de puissants groupes proches du pouvoir, comme en Inde (151e), et aux pressions économiques croissantes, la liberté de la presse fait face à une répression grandissante et à des incertitudes de plus en plus marquées. La liberté de la presse connaît un recul inquiétant en Afrique subsaharienne. L’Érythrée (180e) reste dernière du Classement. Le score économique s’est dégradé dans 80 % des pays de la région.


Source : RSF

NO COMMENTS

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Quitter la version mobile