Sur l’ensemble de l’année, l’inflation dans la Cemac a poursuivi sa tendance descendante entamée en novembre 2023, mais toujours au-dessus de la norme communautaire de 3% de la Cemac pour la troisième année consécutive.

En effet, le taux d’inflation s’est hissé à 4,1 % en moyenne annuelle, contre 5,6 % en 2023. Tous les pays membres de la Cemac n’ont pas respecté la norme communautaire sur l’inflation, à l’exception de la République Centrafricaine et du Gabon. Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, l’inflation moyenne cumulée de la Cemac sur la période 2022-2024 a atteint 18,0 % contre 17,1 % sur 2016-2021.
Les différents taux d’inflation enregistrés, en comparaison avec 2023, par ordre décroissant ressortent comme suit : Cameroun (4,5 %, contre 7,4 %), Congo (3,1 %, contre +4,3 %), Tchad (5,7 %, contre +4,1 %), Gabon (1,2 %, contre +3,6 %), RCA (1,5 %, contre +3,0 %), et Guinée Équatoriale (+3,4 %, contre +2,4 %). République Centrafricaine (5,6 %, contre 2,8 %), Guinée Équatoriale (4,9 %, contre -0,1 %), Gabon (4,2 %, contre 1,1 %), et le Congo (3,0 %, contre 2,0%).
L’évolution de l’inflation en 2024 découle principalement de l’augmentation des prix des «transports» (11,4 % contre 12,4 % en 2023) suivi de ceux des «produits alimentaires et boissons non alcoolisées» (5,0 % contre 7,0 % en 2023), des « articles d’habillement et chaussures » (3,2 % contre 3,9 % en 2023), et des « biens et services divers » (2,8 % contre 4,9 % en 2023). En revanche, les prix pour le « logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles » ont reculé de 2,3 %, du fait principalement des effets de la décision de l’État du Tchad de subventionner les prix de l’eau et l’électricité, en les ramenant au franc symbolique. Une analyse des différentes sources de l’inflation régionale révèle que celle-ci demeure principalement d’origine locale (4,3 % contre 6,2 % en 2023), bien que l’inflation importée reste significative (3,8 % contre 4,9 % en 2023). La hausse des prix a été largement portée par les produits frais, dont l’augmentation s’établit à 7,1 % (contre 10,5 % en 2023), tandis que les biens hors énergie et hors produits frais ont enregistré une progression plus modérée de 2,3 % (contre 4,5 % en 2023). Par ailleurs, les prix sont demeurés particulièrement élevés dans le secteur primaire (+7,4 %) et ont affiché une progression moindre dans le secteur secondaire (+2,2 %) ainsi que dans le tertiaire (+3,3 %). En fonction de la nature des biens, ce sont les produits non durables qui ont enregistré la plus forte hausse (+4,8 %), suivis des biens semi-durables (+4,3 %) et des biens durables (+3,9 %).
Cameroun
Au pays de Paul Biya, les produits alimentaires et les transports, qui représentent à eux seuls près de 44 % des dépenses des ménages, ont constitué les principaux moteurs de l’inflation en 2024. En 2024, l’économie nationale continue de faire face à des tensions inflationnistes persistantes, bien que leur intensité ait diminué. Avec un taux d’inflation de 4,5%, en repli par rapport aux 7,4% enregistrés en 2023, l’inflation demeure au-dessus du seuil de convergence de 3% fixé par la CEMAC. Sur les trois années de 2022 à 2024, l’inflation cumulée atteint 19,3%, un niveau largement supérieur aux 17,5% observés sur la période 2013-2021, illustrant la sévérité du choc inflationniste.
République Centrafricaine
Dans ce pays, le taux d’inflation s’est établi à 1,5 % en 2024, marquant une nette diminution par rapport aux 3,0 % enregistrés en 2023, respectant ainsi la norme communautaire en matière d’inflation). En 2024, la baisse de l’inflation en République Centrafricaine s’explique principalement par un ralentissement des hausses de prix dans plusieurs postes de consommation. Les produits alimentaires et boissons non alcoolisées n’ont augmenté que de +1,1 %, contre +1,6 % en 2023. Les vêtements et chaussures ont progressé de +2,2 %, en recul par rapport aux +3,9 % de l’année précédente. De leur côté, les services de restauration et d’hôtellerie ont enregistré une hausse plus marquée (+3,4 % contre +0,6 %), tout comme les meubles, articles ménagers et produits d’entretien (+5,8 % contre +4,1 %)
Congo
Le taux d’inflation s’est établi à 3,1 % en 2024 contre 4,3% en 2023 restant au-dessus de la norme communautaire de 3%. Toutefois, il affiche une tendance baissière par rapport à l’année précédente traduisant ainsi une légère diminution des pressions inflationnistes sur l’économie du pays. En 2024, l’inflation a été principalement tirée par la hausse des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées, dont les prix ont augmenté de +2,3%, contre +4,3 % en 2023. Viennent ensuite, dans une moindre mesure, les transports (+4,4 % contre +6,3 %), les articles d’habillement et chaussures (+4,8 % contre +5,0 %) et la composante « logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles » (+3,3 % contre +3,2 %).
Gabon
L’inflation en moyenne annuelle est de 1,2% en 2024 et connaît ainsi un net recul de 2,4 points de pourcentage par rapport à 2023 (3,6%). Depuis le mois de mars, le taux d’inflation est passé en dessous du seuil de la norme communautaire de 3% de la Cemac. En 2024, la baisse de l’inflation au Gabon résulte principalement d’un ralentissement des hausses de prix dans plusieurs catégories de consommation. Les produits alimentaires et boissons non alcoolisées ont augmenté de 2,3 %, contre 5,9 % en 2023. Les boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants ont enregistré une hausse de 5,5 %, restant proches du niveau de 2023 (+5,4%). L’inflation a également été partiellement atténuée par une baisse des coûts de transport (-1,2 %), notamment due à la diminution des tarifs du transport routier de passagers (-2,2 %). De plus, les prix de la composante « logement, eau, électricité, gaz et autres combustibles » ont reculé de 0,3 %, grâce à une chute significative des prix du gaz (-13,0 %)
Guinée Équatoriale
Ici, le taux d’inflation atteint 3,4 % en 2024, contre 2,4 % en 2023, dépassant ainsi le seuil de 3 % fixé par la Cemac dans le cadre de son dispositif de surveillance multilatérale. En 2024, l’augmentation générale des prix à la consommation a été principalement alimentée par la hausse des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées (+4,1 %), des boissons alcoolisées, du tabac et des stupéfiants (+3,2 %), des coûts de santé (+3,2 %) et des transports (+3,2 %).
Tchad
L’inflation au Tchad a suivi une trajectoire ascendante au cours des trois dernières années, reflétant une pression constante sur les prix à la consommation. En 2024, le taux d’inflation s’est établi à 5,7. La hausse des prix en 2024 est principalement attribuée à l’augmentation des prix des produits alimentaires et des boissons non alcoolisées (+8,1 %) ainsi qu’à l’envolée des coûts du transport (+25,6 %). Les prix des produits alimentaires ont connu une augmentation de 8,1 % en 2024, contre 4,1 % en 2023. Cette hausse est principalement due à l’augmentation des prix des produits de base tels que les pains et céréales (+12,4 % contre +6,8 % en 2023), des laits, fromage et œufs (+21,0 % contre +8,0 % en 2023), des légumes (+9,6 % contre +6,0 % en 2023) et des fruits (+10,2 % contre -0,3 % en 2023). L’une des causes majeures de cette flambée des prix est l’impact des aléas climatiques, notamment les inondations massives qui ont affecté la campagne agricole 2023-2024. Ces catastrophes ont détruit des cultures pluviales et maraîchères, limitant l’offre de produits alimentaires et contribuant ainsi à la hausse des prix.