Entre témoignages, récits d’engagement et stratégies militantes, l’atelier organisé par le Réseau des Jeunes féministes d’Afrique centrale (Rejefemac) est venu jeter les bases d’une approche coordonnée à la fois par les pionnières et les jeunes activistes de la sous-région.
La salle est chargée d’émotions. Des témoignages des pionnières militantes éveillent les consciences. L’atmosphère est à son comble ce mardi 15 avril 2025, à l’occasion de l’ouverture de l’atelier pour le dialogue intergénérationnel entre les pionniers et les jeunes féministes. Organisé par le réseau des jeunes féministes d’Afrique centrale (Rejefemac) à Douala. L’ordre du jour est porté par le projet d’amélioration de la gouvernance et de renforcement des capacités des organisations créées et dirigées par des jeunes féministes au Cameroun. «L’objectif de ce dialogue intergénérationnel, c’est de converger la lutte entre les pionnières. Pour faire converger cette lutte, il est important de commencer à raconter l’histoire. Pourquoi faire converger la lutte ? Parce qu’on s’est rendu compte qu’en échangeant avec elles, la question du féminicide était déjà un problème il y a 30 ans. Ce sont des questions qu’elles ont adressé à leur temps et des questions que nous adressons aussi à la nouvelle génération. C’est aussi pour encourager la jeune génération à comprendre que ces femmes ne sont pas seules et que leurs aînées sont disposées à continuer la lutte pour les droits des femmes et des filles au Cameroun », explique Caroline Mveng, présidente du Rejefemac.
Face aux pionnières, celles qui ont démarré le combat dans les années 80, les jeunes militantes reconnaissent une continuité, mais aussi une mémoire trop souvent oubliée. « La question du féminicide, des violences faites aux femmes et de leur autonomisation existaient déjà il y a 30 ans. C’est le même combat que nous menons aujourd’hui », fait savoir Caroline Mveng. Cette activiste trouve en cet atelier une opportunité à saisir. « C’est l’occasion pour moi d’avoir des informations précises sur la cohabitation pacifique des femmes, et aussi comment il faut faire pour s’affirmer dans la société et dans la sphère politique. C’est un plus pour moi de participer à cet atelier », affirme toute émue Trésor Ma-joie Menadji, responsable chargée des affaires juridiques de la ligue tchadienne des droits des femmes
La marraine de cette première édition, Sike Bille, militante de longue date pour les droits des femmes, a exprimé sa surprise mêlée de reconnaissance une profonde. « J’ai envie de pleurer. Je me rends compte que j’étais invisible et là ces jeunes féministes me rendent visibles. Elles reconnaissent ce que j’ai fait durant des années. J’ai commencé à militer il y a 40 ans quand j’étais étudiante. J’ai eu deux grands moments dans ma vie de lutte de militante», affirme-t-elle.
Pour Jean-Charles Ledot, consul général de France, le soutien de son pays au Rejefemac s’inscrit dans le cadre de la diplomatie féministe française. « Cette association est représentative et l’objectif est de l’aider à se structurer et à renforcer ses capacités pour qu’elle puisse optimiser ses résultats», indique-t-il.
Diane Kenfack
ILS ONT DIT
Elles sont toutes des pionnières
Henriette Ekwe
<< Elles vont être obligées de transmettre pour qu’un jour cette lutte ne s’éteigne jamais>>
Je suis très heureuse parce que le flambeau des féministes au Cameroun a été brandi vers les années 80 , 84, 85, et c’est grâce à ces jeunes féministes là c’est-à-dire dire Sike Bille que nous avons eu la célébration du 8 mars. Elles ont fait un lobeing extraordinaire. Ce qui m’a plu dans le dialogue intergénerationnel c’est-à-dire que quand vous lutter, vous semer beaucoup. Et quand 40 ans après, ça vous donne une multitude d’organisations féminines, vous pouvez mourir en vous disant que vous n’avez pas perdu votre temps. Et c’est celà que ces trois jours j’étais contente de retrouver cette jeune génération pleine d’anthousiasme. Mais ce que je leur recommande, c’est qu’elles n’oublient pas qu’un jour une génération précédente leur a tenu la main. Parce qu’un jour elles vont être obligées aussi de transmettre pour que cette lutte ne s’éteigne jamais jusqu’à la victoire finale;
Dora Sendé
<< Je suis contente et heureuse de laisser derrière moi une génération qui prend la relève>>
Une merveille de trois jours que nous passé ensemble pour les unes mes filles, pour les autres mes petites filles. Ça été une merveille de constater que nous n’avons pas perdu le temps et avons déjà une vraie relève mise en place et tranquillement nous pouvons nous mettre sur nos loriés. Parce que nous savons que le Cameroun ne pourra jamais avancer sans les femmes. Une génération des femmes part, une autre génération vient avec les même objectifs, avec le même engagement, avec le même courage, avec le même engouement. Je ne peux qu’être contente et heureuse de laisser derrière moi une génération qui prend la relève;
Yvonne Bi Muma
<< Je suis anthousiasmée par le zèle de ces jeunes féministes qui s’engagent pour le changement de notre pays>>
Un bilan très très riche, très intense avec une satisfaction maximum. Parce que je sais que si je pars, il y a la relève. Je suis anthousiasmée par le zèle de ces jeunes féministes qui s’engagent pour le changement de notre pays. C’est une militante très satisfaite qui rentre. Et puis c’est juste une porte qui a été ouverte. C’est la construction d’un travail d’ensemble. J’en ai encore moins. J’aimerais leur laisser pour que l’avenir de nos enfants soient prospères.
Propos recueillis par Diane Kenfack