Pourquoi parler de nos stars ce jour ? Ça fait peut-être un peu ringard mais, c’est sympathique, un peu marrant, mais la question n’a de simple que sa formulation.

Sans être un spécialiste de la starmania version camerounaise, et sans rompre bien évidemment avec notre compétence de journaliste, et après avoir procédé à une phase exploratoire des perceptions courantes au sein de notre opinion publique, sur les réseaux sociaux, nous nous sommes intéressés au célèbre André Onana, le footballeur, gardien de but dans un club de renommée mondiale. Au-delà de la valeur référentielle qu’imposent le profil et l’intronisation médiatique de l’international camerounais, nous voici face à un tribunal public (en tant qu’instance manifestante et en tant qu’instance de sanction). Parler d’André Onana, rien ne garantit que la communion de sens ait effectivement lieu. Tout comme, rien ne garantit qu’elle soit au rendez-vous lorsqu’on évoque ceux qui sont, à tort ou à raison) considérés comme des stars au Cameroun. Nous touchons ici au point nodal de notre analyse : Comment et pourquoi le Cameroun réussit-il à lézarder ses stars ?
L’assomption d’un tel sujet ne peut que se vivre en résonance avec ce qui se dit dans les médias et sur les réseaux sociaux. Ces dernières semaines, ce qui se trouve au cœur des débats qui divisent les Camerounais, c’est le profil d’André Onana comme footballeur de haut niveau. Ces débats répondent tout autant au sentiment que le jeune gardien de but est incapable de mériter des éloges de ses concitoyens qu’au sentiment qu’il n’a sa place nulle part. Au détail, l’affaire mêle des références plus ou moins pertinentes (nombre de buts encaissés par match, gains financiers comportant des éléments de salaires, activités annexes ou des revenus publicitaires, le niveau d’arrogance) et des sentences les unes plus dures que les autres. Elle annonce clairement le visage œcuménique des réactions d’un peuple vis-à-vis de ses stars. Justement parce que celles-ci disent ou font des choses qui suscitent des controverses.
Seulement, remarquons vite que quelques stars de chez nous ont créé leur propre type, et sont parvenues à en incarner l’essence. Et quoi que l’on dise, ces individus fascinent les fans, demeurent omniprésents dans les médias et sont même instrumentalisés en tant qu’outil de communication à plusieurs échelles. De façon plus générale, ces gens font vendre. Et cela sans nul doute parce que les Eto’o, Onana et autres ont réussi à imposer un style nouveau, une manière originale de conduire le récit public à partir de leurs images. Reste à cerner les points de différence ou de ressemblance… Ainsi pourrait s’éclairer non seulement ce qui se dit autour de leurs réussites ou leurs échecs.
Une chose est sûre : au Cameroun, la vindicte qui s’exerce contre ceux qui, par leurs talents, sont sortis du lot relève d’une stratégie parfaitement assumée. De même qu’on s’attaque de front à un acteur arrogant, un peu trop condescendant avec son public, perché sans vergogne sur son Olympe, de même qu’on touche à un autre suffisamment sympathique. En tout cas, les commérages réprobateurs qui stigmatisent les attitudes jugées transgressives n’esquivent personne au Cameroun.
Bobo Ousmanou