Home PANORAMA «Un marteau ne peut pas enterrer la vérité» 

«Un marteau ne peut pas enterrer la vérité» 

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Regard d’une citoyenne porté sur une justice à l’envers, celle qui coche toutes les cases de l’ubuesque

Viviane Ondoua Biwolé est une personnalité du landerneau sociopolitique camerounais qu’on ne présente plus… « Un marteau ne peut pas enterrer la vérité » est un plaidoyer pour une justice équitable et égalitaire au Cameroun.

Cette production scientifique remet au gout du jour, à travers le meurtre de la jeune Diane Yangwo dont l’auteure fait l’historique, la problématique de la répression des féminicides au Cameroun. Éric Békobo, époux de Diane Yangwo, avoua en 2023 avoir violemment battu son épouse jusqu’à ce qu’in fine la mort survienne. Le verdict rendu le 2 avril 2025 par le tribunal de grande instance du Wouri ne le condamna qu’à un « insultant » supplice de cinq ans de prison avec sursis et à une amende de 52.000 FCFA soit 75 euros ou 80 dollars. A peine le prix d’un téléphone bas de gamme sur le marché camerounais. Par le biais de cette réflexion scientifique, l’auteure de ce texte soutient que cette décision de justice est une sanction dérisoire, un verdict révoltant, une « blague » judiciaire de très mauvais aléa. C’est une hérésie judiciaire pour tous ceux qui croyaient encore à la justice de la justice camerounaise. Ce qui remet en selle la problématique des injustices judiciaires que subit la gent féminine au Cameroun. 

En parcourant ce chef-d’œuvre, le lecteur prend conscience de ce que le sens de l’équité, principe fondateur du droit cher à l’institution judiciaire, s’aplatit sous les marteaux du juge et de l’agresseur dans notre pays. Car ce principe est émaillé de multiples entraves externes et internes à l’épanouissement judiciaire de la femme africaine. L’auteure plonge le lecteur dans les méandres de cet odieux verdict. De manière astucieuse, le texte postule la reconnaissance légale du féminicide comme un gage de remplissage du vide juridique effrayant auquel sont confrontées les victimes. Elle fait un minutieux examen du système judiciaire camerounais, favorisant la compréhension de ses faiblesses sur les questions de genre.

Cette analyse est cousue de phrases simples, d’un vocabulaire technique et en accord avec le contexte social dans lequel sont présentées des arguments savamment structurés. Le texte est parsemé d’idées et arguments qui consolident son titre. Ce qui démontre le haut niveau de culture dont peut se prévaloir l’auteure et son implication dans la défense des causes des plus faibles. « Un marteau ne peut pas enterrer la vérité » est une prise de position, un plaidoyer intellectuel et citoyen pour une justice égalitaire au Cameroun. C’est le cri de toutes celles qui, comme Diane, ne peuvent plus parler.  Diane et celles qui, avant elle, sont tombées sur le chemin de l’amour, ne devront pas être mortes pour rien.  L’auteure milite pour que les noms de ces victimes deviennent un repère et un cri de révolte dans la gorge de toutes celles et ceux qui refusent la banalisation de la violence.

TOM

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