Home CONTRE-ENQUÊTE Nominations au RDPC: lumière sur l’étendue de la flamme

Nominations au RDPC: lumière sur l’étendue de la flamme

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Paul Biya, le président et " candidat naturel" du RDPC.

Si la tendance fait penser à un remodelage des équipes, des analystes pensent qu’elle allie surtout accession de nouveaux venus aux postes de responsabilité et survie de ceux qui restent en fonction. Cette constatation prend un relief particulier avec l’entrée en scène de nouvelles personnalités, membres du gouvernement et assimilés à la veille de l’élection présidentielle.

Paul Biya, le président et  » candidat naturel » du RDPC.

Cela fait plusieurs années que les « Casques Bleus » du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) se creusent les méninges. Quelles solutions pour stopper le massacre entre la base et le sommet du parti ? Faut-il redistribuer les cartes ? Quand, comment, sous l’égide de qui ? Les 25 et 26 mars dernier, au lendemain du 40e anniversaire de son parti politique Paul Biya, a tranché en publiant des nominations de responsables. Trois décisions signées du « Président national ». L’une porte désignation des membres titulaires au Comité central et deux autres désignent des chefs de délégation dans certaines délégations permanentes régionales et départementales.


Revue des troupes
D’autres analyses constatent, d’une part, que le RDPC reste, au moins théoriquement, structuré autour de nombreux niveaux séparés, et d’autre part que les tâches politiques sont l’affaire de « professionnels de la politique », de militants plus ou moins aguerris et rompus à l’exercice d’animation du parti. Ces mêmes analyses ne doutent pas que, par rapport à ses membres, et pour sauvegarder sa cohésion interne, le RDPC organise et canalise la concurrence entre élus et militants pour le contrôle du parti et pour le contrôle de l’attribution des postes politiques. D’autres encore n’hésitent pas à opposer la légitimité électorale de certains militants à la légitimité partisane des autres. Il fallait apporter une bouffée d’oxygène à ce bureau non-renouvelé depuis près de dix ans. Selon les textes de base de ce parti, les nouveaux promus sont donc tenus à favoriser un renforcement plus accru de l’implantation spatial du RDPC dans leurs ressorts en suscitant par la même occasion une large adhésion à ses idéaux. C’est à eux que revient désormais la mission d’assurer un meilleur encadrement des militants. Et alors, il convient pour eux, de prendre en compte les préoccupations et aspirations quotidiennes et légitimes des populations dans les activités de leurs organes de base.


Ainsi, plusieurs responsables de la haute administration publique sont absents de ces nominations. Le Secrétaire Général de la Présidence de la République qui avait pourtant multiplié des initiatives politiques ces dernières semaines dans les régions de l’Extrême-Nord, du Littoral et du Centre n’a pas été responsabilisé. On peut également constater les absences très remarquées de Célestine Ketcha Courtes, ministre de l’habitat, pourtant très présente sur la scène politique du Ndé dans la région de l’Ouest. Manaouda Malachie, ministre de la Santé, qui a été à l’initiative d’un collectif des jeunes du Grand-Nord appelant à une candidature de Biya en 2025 n’a également pas été revêtu de ces attributs politiques. Achille Bassilekin III, ministre des Petites et moyennes entreprises, de l’économie sociale et de l’artisanat et Georges Elanga Obam, ministre de la décentralisation, deux acteurs politiques majeurs sont absents de cette liste pour des raisons que seul Biya sait. En revanche, Joseph Beti Assomo, ministre de la Défense et Minette LiBom Li Likeng, ministre des Postes et télécommunication font leur entrée au Comité Central du parti.


Des loups et des chiens
En tout cas, la vision de Paul Biya est portée sur la création d’un fichier de responsables qui donne des airs de fusion entre jeunes et anciens caïds. Et de ce fait, le dispositif semble bien conçu pour une large mobilisation lors de la prochaine élection présidentielle. Bien conscient, le président du RDPC sait qu’il y a peu, est apparu au grand jour le déchirement du parti, donnant l’impression que le parti n’avait plus de règles ni d’arbitres et ne constituait plus une communauté partisane capable de s’autoréguler. En effet, l’installation d’un climat de défiance entre équipes engagées dans une compétition interne avait fini par faire le lit d’une rupture des liens de confiance au sein de la communauté de militants. Cette ambiance pourrie s’était publiquement traduite par des accusations de fraudes, de mensonges, d’usurpation, par la remise en cause des instances arbitrales du parti, par l’échec des médiations, par des menaces de recours en justice et même de menace de scission du groupe parlementaire.


De manière significative, les nominations de Biya, mettent en première ligne des futures batailles électorales, d’autres personnalités de son parti, loyales et déterminées, dont les états de service au parti ne sont plus à démontrer. Maintenant qu’ils ont été propulsés au-devant de la scène, ils devront être aptes à convaincre les sceptiques, à persuader les indécis, les hésitants et les tièdes. Dans sa circulaire convoquant le corps électoral pour l’opération de renouvellement des organes des comités de base de son parti pour le compte des échéances électorales de 2017 et 2018, Biya rappelait que l’objectif principal du renouvellement des Bureaux était de constituer des équipes de responsables qui, pleinement conscients des engagements présents du RDPC et de ses projections dans le futur, sauront lui imprimer l’élan qualitatif nécessaire à son fonctionnement optimal et à l’atteinte de ses objectifs dans les prochaines années.


D’après une certaine chronique, des coups bas sont légion au sein d’une génération prête à tout pour avoir sa place sur le devant de la scène politique, mais surtout la scène médiatique. Quitte à en venir aux mains. Quitte à s’allier avec l’ennemi d’hier. Quitte à chercher à tout prix le coup d’éclat dans les dénonciations et trahisons en tout genre,


De manière encore plus significative, « ces nominations viennent anesthésier les élans des partisans de la tenue du congrès », insiste un militant de première ligne. Comme lui, un grand nombre attendait l’annonce de la date d’’un congrès. Selon eux, celui-ci aurait permis de remplacer les personnalités décédées et désigner le candidat du parti pour la présidentielle d’octobre 2025.

TOM

Parti pour le Changement du Grand-Nord (PCGN)

Le dessein va-t-il tuer le destin ?

Du projet de sa création à son existence légale : il faut sortir du piège de la régionalisation des formations partisanes

«Passera ? », « Ne passeras pas ? ». C’est dans de telles spéculations que se lancent certains observateurs politiques camerounais depuis qu’une certaine élite originaire du Nord-Cameroun a annoncé le projet de création d’un parti politique dont les missions principales seraient de défendre les intérêts exclusifs des populations du Grand-Nord (l’Extrême-Nord, le Nord et l’Adamaoua). Alors que des appels à la candidature de Paul Biya à l’élection présidentielle d’octobre 2025 fusent de partout, ce collectif appelle à la rupture. Rupture avec ce qu’il qualifie de « mauvaise gouvernance et ses corollaires depuis l’arrivée du Renouveau ». Bien plus, selon le collectif, le Grand-Nord ne serait pas la préoccupation de la majorité présidentielle qui profite essentiellement du poids stratégique de son électorat.


Les signataires : qui sont-ils ?
Des signataires de cette déclaration, on peut lire des patronymes qui reviennent régulièrement dans le jeu politique camerounais. Des noms des personnalités proches ou apparentés à des membres du gouvernement. « Mohamadou Talba » qu’on peut aisément rattacher à « Ibrahim Talba Malla », actuel ministre des marchés publics, « Ahmadou Maigari » qu’on peut facilement rapprocher de « Bello Bouba Maigari », actuel ministre du Tourisme et des loisirs et patron politique de l’Union Nationale pour la démocratie et le Progrès (UNDP). « Hassana Tchiroma », un patronyme appartenant à la grande famille Tchiroma dont fait partie « Issa Tchiroma Bakary », actuel ministre de l’emploi et de la formation professionnelle et patron politique du Front National pour le Salut du Cameroun (FNSC), « Abdoulaye Harissou », un patronyme très présent autour de l’ancien ministre de l’administration territoriale Marafa Hamidou Yaya, actuellement détenu dans les geôles du Secrétariat d’Etat à la Défense pour des affaires d’Etat. « Abdouraman Hamadou Babba » est un patronyme très souvent associé aux affaires du football camerounais, « Martine Sawada Rives », un nom pas trop connu sur la scène politique camerounaise, originaire de Tokombéré chez Cavaye Yéguié Djibril le PAN, Barthélémy Yaouda, l’évêque de Yagoua et Mamadou Mota le Vice-Président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). On a là un conglomérat de personnalités suspectées d’être très proches des membres du régime de Biya qu’ils contestent ou adulent aujourd’hui.
Du point de vue formel, la loi n°90/056 du 19 décembre 1990 portant sur la création des partis politiques au Cameroun interdit la création des partis régionaux à caractère revendicatif. L’article 9 de cette loi dispose que « ne peut être autorisé, tout parti politique qui porte atteinte à l’intégrité territoriale, à l’unité nationale, à la forme républicaine de l’Etat, à la souveraineté nationale et à l’intégration nationale, notamment par toutes sortes de discriminations basées sur les tribus, les provinces, les groupes linguistiques ou les confessions religieuses ».

TOM

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