Détour dans des métiers adossés à la vente des boissons dans les lieux dédiés.

Ondigui est propriétaire d’un grand bar au carrefour Manassa. Entre sa véranda et le trottoir, de nombreuses personnes sollicitent de petites portions pour placer des tables et des fours à grillades. À moins de six mois d’exploitation, le barman constate que ses « petits locataires » gagnent plus d’argent que lui. Solange, braiseuse de poissons, vend en moyenne 70 poissons par jour. Le poisson le moins cher est vendu à 1500 FCFA ; elle ne paye pas de taxes. Elle débourse 5000 FCFA par mois pour la location de l’espace. Le tenancier du bar, quant à lui, peine à vendre 10 casiers de bières par jour ; il a un personnel à payer, sans oublier les impôts. Aussi, il décide de ne plus renouveler les contrats de ses locataires. « Les gens viennent gagner plus que moi dans mon espace. Je ne peux pas l’admettre », s’insurge-t-il. Réponses aux 8 locataires qui viennent payer le loyer : « je ne prends pas l’argent. Il faut le garder pour un autre espace. Je vais faire les travaux d’extension dans deux mois ». Question d’une braiseuse de porc : « Pourquoi tu nous demandes de partir ? » Et la réponse vient d’une autre commerçante : « Les travaux d’extension ne sont qu’un prétexte ». Les infortunées proposent à Ondigui, une augmentation de 300 %, soit 20.000 FCFA. Il décline l’offre financière, parce qu’il compte récupérer lui-même le business.
Devanture sollicitée, fin de non-recevoir
Céline refuse de louer sa devanture. « Je vais mettre mes fours et je baiserai quand j’ai le temps. Il ne faut pas que quelqu’un vienne gagner plus que moi », justifie-t-elle. Elle n’accepte qu’une grand-mère qui vend du poisson d’eau douce à l’étouffé. Ayissi, quant à lui, anticipe. En aménagent son bar à Tom, il met également des espaces – cuisines pour les grillades. Il lance des avis de recrutement de cuisiniers : « la nourriture donne plus d’argent que la boisson. Mais on ne peut pas bien vendre si on n’a pas de bière. Un poulet peut donner 10.000 FCFA lorsqu’on le met brochettes. Alors que tu l’achètes à 3500 FCFA. Si tu vends 7 ou 8 poulets par jour, tu as beaucoup d’argent. Pareil pour le poisson », estime Ayissi. Selon le même promoteur, la paye est facile. Il paye par brochettes. Si un poulet donne 100 brochettes, je donne 10 brochettes et le « braiseur » se retrouve avec 2.000 FCFA », démontre-t-il.
André Gromyko Balla