Home AMBASSADES Election présidentielle au Cameroun: les diplomates étrangers comme des carpes

Election présidentielle au Cameroun: les diplomates étrangers comme des carpes

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Face à la transe générée par le scrutin du 12 octobre dernier, ils sont barricadés dans le silence.

« Ce n’est pas à nous d’intervenir dans les affaires internes d’un État souverain », confie, sous couvert d’anonymat, un diplomate occidental en poste dans la capitale. Une position qui, bien que silencieuse en apparence, n’en demeure pas moins stratégique. En filigrane, c’est la Convention de Vienne de 1961 qui fixe les contours de cette posture : les missions diplomatiques sont tenues d’observer, non d’influencer.

La prudence affichée par les chancelleries s’inscrit donc dans une ligne juridique claire. Le texte fondateur des relations diplomatiques interdit toute ingérence, notamment en période électorale, moment sensible dans la vie politique des États. Pour les diplomates, il ne s’agit pas de cautionner ou de critiquer, mais de rester à distance, tout en suivant de près les développements.

Coulisses

Cependant, selon plusieurs sources proches des milieux diplomatiques, des initiatives seraient bel et bien en cours, loin des projecteurs. Certaines ambassades mèneraient des démarches discrètes afin d’encourager un dialogue apaisé entre les différents acteurs politiques, dans un contexte post-électoral parfois tendu. Cette diplomatie de l’ombre, conduite sans écho médiatique, vise à prévenir une éventuelle escalade des tensions. Elle s’appuie sur des canaux informels, où la discrétion est la règle, et non l’exception. En l’absence de parole publique, les ambassades entendent ainsi jouer un rôle d’observateur actif, sans transgresser les principes diplomatiques.

Dans les cercles d’analystes, cette posture est diversement interprétée. Certains y voient une forme de prudence justifiée par l’histoire des relations entre puissances étrangères et États africains. D’autres, au contraire, estiment que ce silence pourrait être perçu comme une forme de passivité face à des enjeux démocratiques majeurs. Pour l’heure, aucune prise de position officielle n’est venue éclaircir la ligne des partenaires internationaux du Cameroun.
Du côté des autorités camerounaises, cette réserve est perçue comme un signe de respect. Elle permet au pouvoir en place de revendiquer la pleine maîtrise de son calendrier politique, sans pression extérieure.

Mais elle n’éteint pas pour autant les attentes d’une partie de la société civile, qui espérait des prises de position plus claires sur le déroulement du scrutin. Dans ce contexte, le rôle des diplomates oscille entre devoir de réserve et responsabilité morale. Un équilibre délicat à maintenir, dans une période où chaque mot, chaque geste, peut être interprété politiquement. Les jours à venir diront si ce mutisme restera de rigueur, ou s’il cèdera la place à une expression plus explicite des positions diplomatiques.

Ongoung Zong Bella

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