Accueil » Vie chère au Tchad: enfer et contre tout le corridor Douala-Ndjamena

Vie chère au Tchad: enfer et contre tout le corridor Douala-Ndjamena

by Viviane Tchiaze

Unanimement, les experts décrivent et analysent la figure du corridor comme un élément majeur d’accélération des circulations commerciales qui doit permettre l’intégration régionale en facilitant la continuité et la fluidité des flux.

Une vue du Marché central de Ndjamena

Seulement, le corridor Douala-Ndjamena (1844 km) est loin d’être un «nœud de redistribution commerciale transfrontalière et transnationale», à en croire Télé Tchad. Une récente enquête menée par la chaine de télévision publique tchadienne révèle que «depuis début février 2025, les coûts et les délais pour le transit des marchandises entre Douala et Ndjamena ont une incidence pernicieuse sur les prix dans les marchés tchadiens: plus le temps de transit s’allonge, plus les frais d’inventaires s’alourdissent». Citant une étude de la Banque mondiale, Télé Tchad estime que, «chaque jour un transit supplémentaire coûte en moyenne 0,8% de la valeur totale de la marchandise transportée, et que l’enclavement augmente le coût du fret de l’ordre de 50% pour le Tchad». En effet, apprend-on, au cours d’une rencontre des transporteurs centrafricains, tchadiens et camerounais, tenue le 18 novembre 2020 à Douala, les participants ont décidé de revaloriser les tarifs du transport des marchandises sur le corridor Douala-Ndjamena. «Ce tarif est ainsi passé de 2,2 millions de FCFA à 3,3 millions de FCFA par camion, ce qui correspond à une hausse de 1,1 million de FCFA, soit 50% en valeur relative», démontre le reporter de Télé Tchad.
Entre-temps, fait-il observer ensuite, «le prix du sucre est en hausse à N’Djamena. Sur les marchés de la capitale tchadienne, le sac du riz flambe.… Dans les boutiques traditionnelles comme dans les supermarchés, endroits où la majorité des consommateurs tchadiens s’approvisionnent, la facture des courses alimentaires ne cesse de s’alourdir, entraînant des mécontentements».
« Cette décision est, à notre avis, un sabotage du commerce inter-étatique », tranche Ali Abdallah Youssouf, « le président de la commission du Conite » et signataire de la lettre susmentionnée.
« L’on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi une augmentation du prix du transport par véhicule ne peut concerner que les axes Douala-Ndjamena et Ngaoundéré-Ndjamena, alors que l’axe Douala-Kousseri reste inchangé. N’y a-t-il pas du deux poids deux mesures ? », s’interroge Ali Abdallah Youssouf. En comparant les charges subies par les transporteurs et importateurs tchadiens et ceux d’Afrique de l’Ouest, Télé Tchad renseigne que «pour le transit routier entre Douala et Ndjamena, les coûts variables liés au carburant, l’usure des pneus, l’entretien des camions et les paiements informels, sont plus de deux fois élevés». De même, d’après le média tchadien, les coûts fixes (dépenses de personnel, les droits de licence, les dépenses administratives, les coûts d’assurance, de communication, de sécurité) affectent le prix des opérations de transit et les prix pratiques dans les grandes surfaces commerciales tchadiennes.
Approchés, quelques usagers ont fait part de leurs préoccupations. Pour leur part, les transporteurs indiquent que le corridor Douala-Ndjamena alterne des sections en terre en mauvais état et d’autres, bien que revêtues, sont vieilles et nécessitent soit une réhabilitation soit un renforcement. Les conséquences engendrées, pestent des associations de consommateurs tchadiens, vont de l’absence de fluidité du trafic au blocage de l’intégration sous régionale, en passant par l’accentuation de la pauvreté au Tchad.


Bobo Ousmanou

Related Posts

Leave a Comment