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Archives des RFI - Journal Intégration

Journal Intégration

Étiquette : RFI

  • Succession de Paul Biya : Entre passé recomposé et futur ultérieur

    Succession de Paul Biya : Entre passé recomposé et futur ultérieur

    Le chef de l’État passe pour être un maître dans le brouillage des cartes politiques.

    «Monsieur le président Paul Biya, espérez-vous briguer un nouveau mandat en 2025 ou souhaitez-vous qu’une nouvelle génération porte les couleurs de votre parti à la prochaine présidentielle?»«La question qu’Amélie Tulet adresse à Paul Biya ce 27 juillet 2022 aborde potentiellement deux sujets: la suite de la carrière politique du chef de l’État et l’éclosion de la jeunesse au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais(RDPC). De manière renouvelée et même inversée, Emmanuel Macron dessine clairement le champ de la pensée de la journaliste de Radio France Internationale (RFI). «Monsieur le président Biya, est-ce que vous briguez un nouveau mandat en 2025 pour le compte du parti?», pose le président français. Paul Biya sait que la politique est bien souvent une affaire de mots. Il choisit de contrer «l’attaque» par «Le Cameroun est dirigé conformément à sa Constitution. Selon cette Constitution, le mandat que je mène a une durée de sept ans. Alors, essayez de faire la soustraction et vous saurez combien de temps il me reste à diriger le pays. Mais autrement, quand ce mandat arrivera à expiration, vous serez informé sur le point de savoir si je reste ou si je m’en vais au village».

    Réponse
    Paul Biya qui, depuis toujours, maîtrise sa parole en la raréfiant et en la distillant au gré des circonstances, vient de donner le meilleur de lui-même: entretenir le mystère autour de ses choix. «En effet, depuis qu’il est là, le chef de l’État donne toujours l’impression d’évoquer sa succession en se donnant les moyens de reproduire sa marque de fabrique, à savoir lancer des petites phrases soigneusement calibrées, plus faciles à vendre dans les médias», analyse Rostand Kameni. Du point de vue de l’expert en communication politique, en lançant «Il paraît qu’il y en a qui s’intéressent à mes funérailles. Eh bien, dites-leur que je leur donne rendez-vous dans une vingtaine d’années», Paul Biya avait donné l’illusion que la question de sa succession pouvait être considérée comme une énigme résolue en juin 2004. «Aujourd’hui, constate Rostand Kameni, ceux qui aspiraient à la magistrature suprême se sont surpris à vaciller dans leur conviction le 3 juillet 2015, lorsqu’il a dit ‘’Ne dure pas au pouvoir qui veut, mais dure qui peut».

    «Ainsi, à la lumière de ces mots qui font découvrir assez rapidement leur modalité ironique, Paul Biya recompose sans cesse le passé et conjugue sa succession au futur ultérieur», blague la sémiologue Dylane Lontsi Folefack. Elle ajoute: «S’agissant de sa succession, ce tour de passe-passe rhétorique est fréquent. Dans ce que dit qu’a souvent dit le président, rien n’est très fort, mais tout devient trop fort puisqu’à la fin, le président réussit toujours à capturer les attentions sur sa personne, permettant à chacun de parler de n’importe quoi et que les échanges entre ceux qui se réclament dauphins soient parasités par des malentendus».

    Jean-René Meva’a Amougou

     

    Cliquetis sournois en Afrique

    Trois pays (Cameroun, Bénin et Guinée-Bissau) et puis, Emmanuel Macron a rejoint sa France natale. Dans une sorte de chronique-bilan du séjour africain du chef de l’État français, TF1 Info écrit que «Emmanuel Macron est sorti de sa ligne assez accommodante, pour tacler à plusieurs reprises la Russie de Poutine». Citant le général Dominique Trinquand (ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU) sur le plateau de LCI, le média ajoute: «La France est écoutée en Afrique et elle travaille avec les Africains. Donc Macron est allé leur parler vérité». À Yaoundé puis à Cotonou, le président français a cherché à mettre en garde les capitales africaines contre le « nouveau type de guerre mondiale hybride » que mène Moscou, qui « a décidé que l’information, l’énergie et l’alimentation étaient des instruments militaires mis au service » de la guerre en Ukraine.

    Que ces «petites histoires» aient trouvé aisément leur place dans les colonnes ou sur les ondes françaises, quoi de plus normal.
    À leur tour, les médias russes ont enfourché une autre trompette. Largement, ils ont relayé les propos de Sergueï Lavrov, vendredi 29 juillet 2022, après une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères des États membres de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Entre autres choses dites par le ministre russe des Affaires étrangères, la presse de son pays a retenu qu’»en ce qui concerne le président Macron et ses déclarations, on aurait pu s’attendre à des propos plus éthiques de la part des Français. Il a dit, si je me souviens bien, à peu près ce qui suit: il est préoccupé par l’activité militaire et diplomatique de la Russie en Afrique, qu’il n’aurait même pas qualifiée de coopération, mais de soutien de régimes et de juntes absolument illégaux». Et puis, il y a: «à en juger d’après la liste des pays que nous avons visités en Afrique, s’il y a réagi, c’était assez insultant pour les États africains qui continuent, malgré tout, à développer avec esprit de suite les relations avec la Russie».

    Lire aussi : Promotion de la démocratie en Afrique : Achille Mbembe lance une fondation à Johannesburg

    Dans une lettre publiée dans les principaux journaux des pays africains qu’il a visités, le chef de la diplomatie russe a écrit que «les spéculations de la propagande occidentale et ukrainienne selon lesquelles la Russie «exporte la faim» sont absolument sans fondement». Pour Sergueï Lavrov, la Russie n’est «pas souillée par les crimes sanglants du colonialisme» et «n’impose rien aux autres, ni ne leur apprend à vivre».

    Entre temps, si l’on en croit le département d’État, Antony Blinken va voyager en août en Afrique du Sud, en République Démocratique du Congo et au Rwanda. Le chef de la diplomatie américaine s’y rend pour «montrer aux pays africains qu’ils ont un rôle géostratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque, de la promotion d’un système international ouvert et stable à la lutte contre les effets du changement climatique, l’insécurité alimentaire et les pandémies mondiales», a indiqué le département d’État dans un communiqué.

    Ce qui est vrai c’est que Paris (allié à Washington) et Moscou se livrent une bataille en Afrique. D’un côté comme de l’autre, on s’emploie à mobiliser puis à fédérer les énergies pour remporter la victoire. Chaque jour, on réfléchit sur le comment délivrer une information, non seulement filtrée mais aussi orientée. Considérée comme une arme «auxiliaire» aux hostilités, Paris, Washington et Moscou montrent bien que tout ce qu’ils disent est un récit falsifiant de leurs réelles intentions. Et nous tenons ici l’occasion d’affirmer que leur bataille en Afrique est aussi et peut-être avant tout le prolongement d’autres guerres menées ailleurs.

     

    JRMA

  • Médias : Valentin Siméon Zinga trace de nouvelles «Lignes d’Horizon»

    Médias : Valentin Siméon Zinga trace de nouvelles «Lignes d’Horizon»

    Le journaliste émérite est le promoteur d’un projet éditorial décliné à la fois en magazine, en site d’informations, en lettre confidentielle et en documentaire.

    «Chassez le naturel, il revient au galop». Appliquée à Valentin Siméon Zinga, la maxime trouve toute sa pertinence. Après 5 années passées loin des salles de rédaction, l’ancien rédacteur-en-chef de «Le Messager» renoue avec ses habitudes de journaliste. Cette fois, il revient avec un projet éditorial dénommé «Lignes d’Horizon». Selon Valentin Siméon Zinga, derrière le titre, il y a une «vision plus lointaine dans le décryptage des évènements et leur mise en contexte». Intuitivement, le nouveau directeur de publication (DP) situe les référents du côté des contenus. «70% de terrain (reportage, enquête) et 30% de décryptage (évocations et mises en perspective)», renseigne l’auteur de «Cameroun, chroniques d’une démocratie assistée».

    Afin d’appréhender de façon plurielle l’information traitée, le journaliste dit s’appuyer sur la mobilisation plus pérenne d’équipes et de moyens pour traiter de façon continue des actualités spécialisées, selon des formules diverses. Devant de nombreux confrères et autres invités, Valentin Siméon Zinga explique que quatre formats éditoriaux sont adoptés: le magazine, le site d’informations, la lettre confidentielle et le documentaire. En clair, le spectre de «Lignes d’Horizon» induit une approche extensive de l’information journalistique doublée d’une prise en compte exhaustive des canaux de diffusion. Selon son promoteur, cela est conçu pour répondre à trois questions majeures: «quels sont les évènements qui font sens? En quoi et pourquoi ces évènements font-ils sens?»

    À l’énoncé de ces questions, on saisit tout de suite les motivations de Valentin Siméon Zinga. Celui qui a choisi pour slogan «Savoir c’est bien, comprendre c’est encore mieux» se veut surtout pionnier en la matière. Pionnier dans le sens où il adopte une orientation participant à l’invention d’un journalisme fait à base du matériau fourni par l’Histoire. À travers ce créneau, l’ancien correspondant au Cameroun de la rédaction internet de Radio France internationale (RFI) espère «refuser la dictature de l’insignifiance et éviter les compromissions qui produisent le spectacle médiatique».

    Comme pour mieux afficher cette position, l’éditorial qu’il signe dans la première parution s’entoure d’une ligne: «Nous avons décidé de renoncer à la facilité ambiante et triomphante consacrée et stabilisée à travers des pratiques repérables et blâmables».

    Dans le n° 001, le choix est porté sur quelques figures qui ont le plus marqué l’imaginaire politique national depuis les temps coloniaux (Ruben Um Nyobe, Ossende Afana, Ekwe Ebongo…). Et le DP d’expliquer qu’il s’agit «des symboles d’un patriotisme très particulier: non pas le nationalisme fermé des opposants à la tradition républicaine, mais un nationalisme civique, ouvert et non sectaire, reposant sur l’histoire et sur des valeurs communes et une «certaine idée du Cameroun».  En termes de périodicité, «Lignes d’Horizon» est un mensuel. Basé à Yaoundé, il est vendu à 1000 FCFA.

    Diane Kenfack (stagiaire)

  • État de santé d’Amadou Vamoulké : RSF continue de se faire de la bile

    État de santé d’Amadou Vamoulké : RSF continue de se faire de la bile

    L’ONG internationale s’est mobilisée devant l’ambassade du Cameroun à Paris, le 10 février 2020, pour réclamer l’évacuation sanitaire de l’ancien directeur général de la CRTV.

    Les militants de RSF (Reporters sans frontière) se sont retrouvés il y a quelques jours devant la représentation diplomatique du Cameroun, sise au 73, rue d’Auteuil dans la capitale française. Ils se sont retrouvés avec l’espoir de trouver la réponse à l’évacuation sanitaire de l’ex-patron de la Cameroon radio télévision (CRTV). Ballons et gâteau d’anniversaire à la main, ces hommes et femmes, menés par Arnaud Froger (responsable du bureau Afrique de RSF), ont tenu à exprimer leur solidarité au journaliste le jour de ses 70 ans, rapporte le site internet de Radio France internationale (RFI). Le même média précise que dans leur élan, ces soutiens ont brandi des certificats médicaux au diagnostic clair: Amadou Vamoulké souffre d’une neuropathie sévère. Et par conséquent, il devrait être soigné en Europe et non en détention.

    Soupçons d’imbroglio
    En tout cas, cette dernière continue. D’ailleurs, le 25 février prochain, l’ex-DG de la CRTV, arrêté le 29 juillet 2016 à Yaoundé, est annoncé au Tribunal criminel spécial (TCS). Basée à Yaoundé, cette juridiction le poursuit toujours pour des faits présumés de détournement de deniers publics (2,8 milliards francs CFA représentant la redevance audiovisuelle) durant son magistère (2005 à 2016) à l’office de radiotélévision à capitaux publics du Cameroun. Cette qualification des faits ne réjouit pas RSF. «Dans notre enquête, nous avons démontré qu’il n’y avait aucun témoignage, aucun rapport qui démontrait une quelconque malversation financière ou des détournements de fonds qui aurait été fait à l’époque où il dirigeait la CRTV, entre 2005 et 2016. Bien au contraire!» peste Arnaud Froger.

    À côté, une autre posture, celle de l’UPF (Union internationale de la presse francophone), s’inscrit sur le registre de la désolidarisation. Dans son courrier signé le 22 septembre dernier à Paris, cette institution raisonne en termes tranchés. «L’affaire Vamoulké avait fait l’objet de délibérations formelles à deux réunions du Bureau international de l’UPF: la première à Paris, le 22 juin 2017. La deuxième le 29 mars 2018. Et la position de l’UPF avait été clairement définie: monsieur Amadou Vamoulké, Directeur général de l’office de la radiotélévision du Cameroun CRTV, de janvier 2005 à juin 2016, est placé sous mandat de détention provisoire pour une affaire relative à sa gestion de la CRTV. Il est évident que c’est le manager qui a des démêlés judiciaires», y lit-on.

    Ongoung Zong Bella

  • Suisse : Le Cameroun s’humilie à Genève

    Suisse : Le Cameroun s’humilie à Genève

    Un spectacle ubuesque qui déshonore le pays : des Camerounais protestent bruyamment contre la présence de leur chef d’Etat à l’hôtel Intercontinental de Genève. Avec à la clé des échauffourées qui tournent à l’affrontement. La police genevoise sort de ses gongs.

    La police genévoise envoie des canons d’eau sur des manifestants camerounais

    Elle a eu lieu dans l’après-midi du 29 juin 2019 devant la Place des Nation à Genève. La manifestation contre Paul Biya, à l’initiative de la nébuleuse BAS (Brigade Antisardinards), a rassemblé environ 250 personnes, sous l’œil vigilant de la police genevoise. Les manifestants n’ont pas pu approcher l’Intercontinental où logerait le président de la République du Cameroun. Chaque tentative de s’émanciper de l’espace défini pour manifester s’est soldée par une réaction vigoureuse de la police.

    Selon le journal Le Matin, «les forces de l’ordre ont sorti la tonne- pompe et fait usage de gaz lacrymogènes, a constaté un photographe de Keystone – ATS sur place. Quelques heurts ont eu lieu entre les pro Biya et les opposants». Le même journal fait le bilan humain de cet événement, en faisant parler le porte-parole de la police genevoise. Pour Sylvain Guillaume-Gentil, «certaines personnes ont été incommodées, mais personne n’a été hospitalisé. À cause de la chaleur, quelques manifestants ont eu des malaises passagers. En fin d’après-midi, ils n’étaient plus que 30 à 50 personnes à manifester calmement».

    Un avant-goût de la manifestation de samedi dernier avait également donné un bilan humain léger. En effet, des échauffourées au hall de l’Intercontinental de Genève trois jours auparavant avaient fait plus de peur que de mal. Une bagarre entre les éléments de la garde rapprochés de Paul Biya et trois opposants ce mercredi 25 juin a juste provoqué des blessures sans grande conséquence de part et d’autre. Un journaliste suisse, venu faire son travail, s’en tire avec des voies de fait sur sa personne et la confiscation de son matériel de travail par la sécurité présidentielle.

    Tempête dans un verre d’eau ?
    Plus de peur que de mal au regard du bilan humain. Mais le désastre sur le plan symbolique est énorme. Le Gouvernement camerounais reconnait que ces «comportements inadmissibles» sont «de nature à ternir l’image du Cameroun». Le ministre de la communication, porte-parole du Gouvernement camerounais, parle de «spectacle ubuesque qui déshonore le Cameroun, orchestré par des concitoyens qui ne sauraient se prévaloir d’une quelconque légitimité face aux millions d’autres camerounais, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui demeurent fidèles aux institutions républicaines et qui ont foi en l’avenir de leur pays».

    Sur les réseaux sociaux, on enregistre également des conséquences néfastes des affrontements épiques entre les Camerounais. Certains ont lancé des pétitions en ligne contre l’hôtel Intercontinental qui accueille Paul Biya, ou en direction des autorités suisses pour que Genève déclare le président de la République du Cameroun persona non grata sur le territoire helvétique. D’autres camerounais soutiennent sans sourciller leur champion de président, en partageant au maximum les images et les écrits en défaveur de la BAS. Les dérives ne manquent pas d’un camp comme de l’autre. On s’en doute, la manipulation tourne à plein régime dans un tel contexte. Celle-ci ouvre la porte à toutes sortes de confusions et d’interprétations. Dans la foulée, le discours tribal et tribaliste prospère, faisant vaciller l’unité nationale construite patiemment depuis 60 ans par les gouvernants camerounais.

     

    Thierry Ndong Owona

     

    Sylvain Guillaume-Gentil

    «Votre message a été compris aujourd’hui»

    Verbatim du porte-parole de la police genevoise aux manifestants de samedi dernier devant la Place des Nations à Genève.

    Ce que je peux vous dire à défaut d’être compris, votre message a été compris aujourd’hui… Au niveau de ce qui s’est passé aujourd’hui, vous devrez savoir que la Suisse a des lois et que les autorités suisses ont accepté la venue de monsieur Biya sur son territoire. Pour moi, en tant que policier suisse, monsieur Biya est un président. Il a été accueilli par mon pays, et j’ai le devoir de tout faire pour le protéger. La Suisse vous a par ailleurs donné le droit de manifester et de dire votre mécontentement. Il y a des règles typiquement à respecter qu’on avait demandées à l’organisateur. C’était que le rassemblement reste au niveau de la Place des Nations. Je pense que vous avez compris ; à un moment de l’après-midi, vous avez voulu, vous vous êtes opposés à moi, parce que je dois protéger monsieur Biya. Voilà où on en est aujourd’hui. Nous n’avons pas la possibilité, nous, la police et autorités genevoises, de dire à monsieur Biya de quitter la Suisse. Les autorités fédérales suisses ou les autorités camerounaises sont les seules compétentes à décider du départ de monsieur Biya.

     

    Dialogue national inclusif au Cameroun

    La Suisse prépare le terrain des négociations

    La Confédération helvétique a souhaité et obtenu de Paul Biya un mandat officiel de médiation dans le cadre de la crise sociopolitique qui secoue le Cameroun.

     

    « Aux problèmes camerounais, il y a des solutions camerounaises». L’heure n’est plus à retourner cette phrase lancée à Yaoundé le 22 mai dernier par Pietro Lazzeri, l’ambassadeur de Suisse au Cameroun. Depuis le 27 juin 2019, la Confédération helvétique s’abrite derrière le paravent décoratif de l’accompagnement pour légitimer sa présence lors du dialogue national inclusif annoncé au Cameroun. Sous l’aiguillon de son Centre pour le dialogue humanitaire (HD Centre), une rencontre avec divers groupes d’opposition camerounais a eu lieu du 25 au 27 juin.

    Sur son site internet ce 30 juin, RFI (Radio France internationale) précise qu’une douzaine de représentants du SCLC (Conseil de libération des Camerounais du Sud), une faction du « Gouvernement par intérim » de l’AIPC (Ambazonian International Policy Commission), le RoAN (Republic of Ambazonia Nationals), entre autres ont répondu présents à cette rencontre. Leur séjour en terre helvétique a été totalement pris en charge par le HD Centre. «C’est à ce groupe, constitué d’un assemblage hétéroclite d’individus aux parcours et origines politiques variés, qu’appartient l’industriel français Antoine Saint-Affrique. Il est le président du groupe agroalimentaire Barry Callebaut, propriétaire de la Société industrielle des cacaos (Sic cacaos) à Douala. Il a été reçu le 22 avril 2019 à Yaoundé par le président Paul Biya», soulignent des sources bien informées.

    Lobbying payant
    C’est l’histoire d’un méticuleux travail de lobbying. L’euphémisation du vocabulaire répond à une volonté de gommer toutes les aspérités dialectiques, et les affrontements à l’œuvre dans les rapports de force depuis janvier 2018 (période pendant laquelle les représentants d’intérêts diplomatiques et privés ont commencé à circuler dans les couloirs du Palais de l’Unité). Les uns après les autres, ils ont usé de pratiques tantôt ultra-agressives, tantôt retorses. En mars 2019, Ueli Maurer avait été annoncé à Yaoundé. La visite du président suisse a été annulée. Si les raisons de ce désistement n’ont pas été officiellement dévoilées, «il n’en demeure pas moins que les rouages du lobbying n’avaient pas encore été bien calés», assure le politologue Belinga Zambo. L’universitaire associe ce «glissement» à la montée en première ligne de Pietro Lazzeri, juste quelque temps après. Au sortir d’une autre audience que lui avait alors accordée Paul Biya, le diplomate suisse, en poste à Yaoundé, n’avait pas manqué de vanter les états de service de son pays en matière de résolution de conflits.

    Pour des observateurs, l’ambassadeur suisse ne reprenait que le crédo de Nicoletta Mariolini. Au cours d’une visite très médiatisée en terre camerounaise en janvier 2018, la déléguée fédérale suisse au plurilinguisme avait exploré les possibles domaines de coopération devant permettre de relever le défi de renforcement de la cohésion nationale et la promotion du vivre ensemble entre les différentes communautés culturelles et linguistiques du Cameroun. «La Suisse est un pays qui sait mener des actions concrètes et utiles, avec modestie, mais avec détermination, qui y parvient par son impartialité, par le travail et par le dialogue. Un pays qui apporte de l’eau à ceux qui ont soif, quel que soit leur camp», avait dit Nicoletta Mariolini.

    Jean-René Meva’a Amougou

    Perturbation du séjour du couple présidentiel en Suisse

    L’indignation du Gouvernement

    Le ministre camerounais de la Communication, porte-parole du Gouvernement, a fait une sortie le 29 juin dernier, pour dénoncer les agissements de la Brigade Antisardinards (BAS).

    Le ministre de la Communication du Cameroun

    Des individus se réclamant d’une organisation dénommée -Brigade Antisardinards-, après avoir entrepris de commettre des actes de vandalisme dans un établissement hôtelier de Genève en Suisse, le 25 juin 2019, dans le but de perturber le séjour privé du Chef de l’Etat, se sont une fois de plus manifestés sur une des rues de Genève, ce samedi, 29 juin, avant d’être rappelés à l’ordre par la force publique de la Confédération Helvétique.

    Face à la récurrence de ces agissements aussi incompréhensibles qu’inopportuns, perpétrés par une frange de Camerounais de la diaspora, le Gouvernement de la République exprime l’indignation de toute la Nation et dénonce fermement des comportements inadmissibles, de nature à ternir l’image du Cameroun, et qui méritent l’opprobre de tous, au-delà de toute considération.

    Au demeurant, l’attitude particulièrement hostile et belliqueuse de ces compatriotes, suscite tant d’interrogations au sein de la communauté nationale : pourquoi toute cette violence, quel en est le bien-fondé, quels en sont les bases de légalité et de légitimité ?

    Car, il est constant, qu’au-delà des considérations d’ordre politique ou idéologique, une chose est incontestable, incontournable et infrangible, c’est notre appartenance à un même pays et notre attachement à une même Nation.

    Ceci induit pour tout camerounais, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, quelle que soit son obédience politique, le respect des institutions de la République, et conséquemment, le respect de celui qui incarne lesdites institutions.

    À ce titre, il est fait obligation à tous, citoyennes et citoyens camerounais, quel que soit le lieu de résidence, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, d’œuvrer à la préservation de l’image, de la dignité et de la souveraineté du Cameroun.

    Fort de ces principes sacrés, le Gouvernement réaffirme sa vive condamnation de l’état d’esprit d’une partie marginale de la diaspora, qui se manifeste depuis quelque temps, par une hostilité et une agressivité innommables contre celui qui, aujourd’hui, après avoir été dûment investi du soutien et de la confiance du peuple camerounais, préside aux destinées de la Nation camerounaise.

    Devant la démesure des actions menées, il y a lieu de questionner ces concitoyens sur les mobiles qui les poussent à étaler sur la face du monde leurs sentiments antipatriotiques, et à porter préjudice à cette Patrie qui nous est commune et chère à tous.
    Le Gouvernement dénonce cet activisme pernicieux, qui, somme toute, procède d’une contradiction flagrante, car l’on ne saurait à la fois, prétendre aimer le Cameroun, et en arriver si gravement, à attenter à l’honorabilité de celui qui incarne au plus haut point, les aspirations profondes, les nobles ambitions et la fierté.

    Le Gouvernement exprime une fois de plus, sa réprobation totale face à ce spectacle ubuesque qui déshonore le Cameroun, orchestré par des concitoyens qui ne sauraient se prévaloir d’une quelconque légitimité face aux millions d’autres camerounais, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui demeurent fidèles aux institutions républicaines et qui ont foi en l’avenir de leur pays.
    Aussi, le Gouvernement tient-il à saluer celles et ceux de nos compatriotes de la diaspora qui se démarquent de ces actes infâmes, mettant en avant l’intérêt supérieur de la Nation et l’image du Cameroun, et faisant ainsi preuve de patriotisme et de responsabilité.

    Enfin, le Gouvernement rappelle que le PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE, Son Excellence Paul BIYA, n’est pas ni le Président d’un groupe, d’une tribu ou d’une formation politique, mais bel et bien, le président de tous les Camerounais, sans exclusive, et qu’à ce titre, il doit bénéficier du respect et du soutien de la Nation tout entière.

     

    Le ministre de la Communication
    Réné Emmanuel Sadi

    Dernière heure

    John Fru Ndi libéré

    Le président du Social democratic front (Sdf) a regagné son son domicile de Ntarikon dans l’après-midi du 29 juin dernier, après avoir été enlevé la veille par des individus armés se réclamant de la république d’Ambazonie.

    Un happy end pour cet homme politique à la tête de la deuxième force politique au parlement camerounais. Aucune information n’a filtré sur ses ravisseurs, les conditions de sa détention ou les modalités de sa libération.

    Lors de l’enlèvement du chairman John Fru Ndi à Ntarinkon, vendredi 28 juin 2019 à 15h25mn par une bande d’individus armés à bord d’un véhicule banalisé de couleur rouge, l’un de ses gardes du corps -connu sous l’appellation de Bob- a reçu une balle de fusil dans la jambe. Le chairman du Sdf venait de regagner son domicile en provenance de l’hôpital Baptiste Mbingo où il était interné.

    C’est la deuxième fois, en l’espace de deux mois, que John Fru Ndi est enlevé par des hommes armés. Se rendant le 27 avril 2019 dernier à Kumbo, à l’inhumation du député Joseph Banadzem Lukong, président du groupe parlementaire Sdf à l’Assemblée nationale, John Fru Ndi avait été kidnappé dans la localité de Sob par des hommes armés se réclamant de la république virtuelle d’Amazonie. Maintenu en captivité pendant des heures, il avait été libéré en soirée.

    Les secessionnistes exigent la démission des élus du Sdf du parlement camerounais. Les cadres de son parti politique dénoncent l’absence d’une sécurité digne de ce nom autour du président du Sdf. Et en appellent aux autorités publiques pour que des mesures sécuritaires soient prises en faveur de John Fru Ndi.

     

    Leçons des agressions de la Brigade Antisardinards en Suisse

    À travers les actions agressives portées sur sa personne par la nébuleuse BAS, en Suisse et devant le monde entier, le président Paul Biya vit, de lui-même et de son vivant, l’imposture de son idéologie néocoloniale d’État unitaire avec ses paradigmes éculés de vivre-ensemble !

    On lui a expliqué et réexpliqué que le Cameroun est un pays multinational, avec des communautés ayant des comportements différents impossibles à niveler, et que la meilleure gestion était un État fédéral. Il s’est arc-bouté à sa fumeuse «nation au-dessus des tribus !» Il vivra cette humiliation jusqu’à la lie !

    Le Cameroun est un pays multinational, avec des communautés qui ont un comportement très différent. La perception que chaque communauté a vis-à-vis de l’État, vis-à-vis de son chef et vis-à-vis des institutions diffère profondément suivant qu’on est au Nord, au Sud, à l’Est ou à l’Ouest. Telle tribu voit en Biya un envoyé de Dieu, alors que telle autre n’y voit qu’un démon !
    Vous ne pouvez donc pas prétendre mettre un ensemble aussi hétéroclite et hétérogène dans un même moule institutionnel et les harmoniser par des décrets et des discours sur l’unité nationale!

    Ce que l’on fait dans ce cas, et que Biya aurait dû faire depuis longtemps, c’est de donner un État régional à chacun de ces segments ethno régionaux, et de chapeauter le tout par un État fédéral.

    Cela permet que les frustrations des Bamilekés, des Betis ou des Fulbés ne s’appliquent plus de manière directe sur le président fédéral, mais passent d’abord par la médiation d’un État régional qui les tamise et les amortit. De cette manière, le chef de l’État est protégé

    Mais quand celui-ci se met en tête d’assumer, lui-même et de manière directe, ces milliards de réclamations venant du Cameroun tout entier, quand il prétend jouer à une divinité toute-puissante dispensant le bonheur au gré de ses humeurs, en confisquant toutes les ressources financières et humaines, il est naturel que chaque communauté s’adresse à lui de manière directe, avec ses pratiques et ses méthodes ! Il est normal que certains le divinisent, mais il est aussi normal que d’autres l’insultent !

    Car, il faut le dire très clairement, la racaille qui se réclame de la BAS n’aurait jamais eu l’audace de s’adresser directement au Président si celui-ci avait eu, à temps, la lucidité de sous-traiter les problèmes des Bamilekés par un État qui leur est dédié !
    C’est sa prétention mortelle à faire tout, à se mêler de tout, à fabriquer son «unité nationale» qui lui rejaillit de plein fouet sur le visage ! Et qui signale aussi la mort définitive de l’État unitaire !

    Certains s‘arc-boutent sur ce système périmé, devenu dangereux pour la paix et la stabilité au Cameroun, mais il faut en sortir définitivement et immédiatement. Il faut aller à la fédération !

    Et dans les négociations qui s’engagent avec la sécession, le président de la République, qui ne s’y oppose plus comme auparavant, du moins si on en croit les déclarations de son Premier ministre, doit cesser d’être un blocage à ces évolutions absolument indispensables pour le Cameroun.

    Dieudonné ESSOMBA

  • Tibor Nagy au Cameroun : Une visite sous haute tension

    Tibor Nagy au Cameroun : Une visite sous haute tension

    Au milieu du fouillis de lectures se rapportant au séjour du sous-secrétaire d’État américain, l’on retient le ton martial adopté par Yaoundé et Washington sur la question de la libération de Maurice Kamto.

    Le « Monsieur Afrique de Donald Trump» foule le sol de Yaoundé ce 17 mars 2019. Bien avant l’arrivée de Tibor Nagy au Cameroun, entre Yaoundé et Washington, ce n’est plus le jeu du chat et de la souris. Dans l’un et l’autre camp, l’ambiance combine petites phrases incandescentes et répliques bétonnées. Par leurs sélections et par leurs hiérarchisations des sujets, les médias nationaux et internationaux semblent s’intéresser à une visite bouillonnante dont le grand segment est « l’affaire Kamto et compagnies ».

    D’ores et déjà, l’observateur le moins exigeant est en mesure de percevoir les rivalités qui s’affirment autour de ce sujet. À en juger par la fièvre montante, les deux camps se disputent le marché de l’opinion. S’exprimant sur les ondes de Radio France Internationale (RFI) depuis Paris, Tibor Nagy a inauguré cette palabre diplomatique. Pour le gouvernement américain, pas besoin de passer par «quatre chemins» pour dire son inclination pour la libération de Maurice Kamto et ses acolytes politiques incarcérés à Yaoundé. Dans le fond, le discours du sous-secrétaire d’État américain est chevillé à cette libération. «Car, analyse l’internationaliste Michel Mehina Zang, pour les Américains, cette affaire est entourée de suspicion juridique et de soupçon politique».

    Réplique
    Vu sous cet angle, Tibor Nagy entend investir son séjour à Yaoundé d’une demande implacable. Il n’entend d’ailleurs pas peser ses mots pour la formuler. «Parce que, que ce soit vrai ou faux, il est perçu comme ayant été incarcéré pour ses activités politiques et cela est inacceptable. Ses militants et lui doivent être libérés», a-t-il dit le 4 mars dernier à Paris.

    À Yaoundé, dans un communiqué signé le 5 mars dernier, René Emmanuel Sadi a mis en valeur la souveraineté orgueilleuse du Cameroun. Par un savant dosage, le porte-parole du gouvernement s’est chargé de donner une enflure particulière à la réplique. Dans celle-ci, l’on remarque que même le sens des proportions a échappé aux autorités de Yaoundé. Adepte d’insondables sous-entendus, le ministre de la Communication a été clair. Il a qualifié la sortie de Tibor Nagy de « grave velléité d’immixtion à peine voilée et inadmissible, dans les affaires intérieures du Cameroun ».

    Au vrai, on ne s’étonne que difficilement. Depuis de longs mois, des voix murmurent dans les couloirs des relations entre le Cameroun et les États-Unis. On se rappelle notamment les déclarations controversées de Peter Henry Barlerin, l’ambassadeur des États-Unis près la République du Cameroun, à propos du retrait de Paul Biya de la tête de l’État.

     

    Jean-René Meva’a Amougou

  • RDC : la poudrière qui inquiète l’Afrique centrale

    RDC : la poudrière qui inquiète l’Afrique centrale

    L’actualité politique de la République démocratique du Congo (RDC) ne laisse pas la région immuable. Au contraire, les pays et les institutions communautaires sont en alerte.

    Le pays s’est quelque peu refermé sur lui-même, la connexion internet est suspendue. Le chef de délégation de l’Union européenne à Kinshasa a été prié de plier bagage. La correspondante de Radio France Internationale (RFI) a vu son accréditation retirée.

    Ce durcissement de ton du gouvernement congolais perpétue un climat de tension, marqué par des violences lors de la campagne électorale. Des intimidations à l’endroit de journalistes et certaines missions d’observation électorale ont également été rapportées. La psychose enfle davantage depuis la fermeture, le 30 décembre, des bureaux de vote sur l’ensemble du territoire. La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) concentre toutes les attentions. Elle fait surtout face à une lourde pression. Successivement, la Conférence épiscopale nationale et le collectif d’observation électorale de l’Union africaine ont appelé l’institution électorale à rendre un résultat conforme à l’expression populaire. Les évêques congolais, forts des informations glanées par leur mission d’observation, ont dit connaitre l’identité du vainqueur.

    Appel au calme
    Face à une telle situation, l’Afrique centrale est montée au créneau à plusieurs reprises. Le sommet exceptionnel sur la RDC a vu les pays des Grands Lacs appeler à un processus électoral apaisé. Au vu des évolutions du processus électoral, Ahmad Allam-Mi s’est exprimé. Le 3 janvier dernier, sur son compte twitter, le Secrétaire général de la communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) en appelle « à la sérénité, à la retenue et au dialogue ». « Participer aux élections implique la confiance à la Ceni et le respect des résultats proclamés par elle. La sécurité, la stabilité et la paix du pays en dépendent. Chacune des parties prenantes doit faire montre de responsabilité», suggère-t-il.

     

    ZRM

  • Présidentielle en Rdc : la France met en doute la fiabilité des résultats

    Présidentielle en Rdc : la France met en doute la fiabilité des résultats

    Le ministre des Affaires étrangères français a déclaré que les chiffres proclamés par la CENI ne reflètent pas la réalité du terrain.

    « Il semble que les résultats proclamés ne soient pas conformes aux résultats que l’on a pu constater ». Les doutes sont du ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves LeDrian.  Le chef de la diplomatie française s’exprimait sur les antennes de Radio France international (RFI), quelques heures après la proclamation des résultats par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Des résultats provisoires qui donnent Felix Tshisekedi vainqueur du scrutin présidentiel du 30 décembre 2018.

    Pour Jean Yves LeDrian, « la conférence épiscopale nationale de RDC a fait des vérifications et a annoncé des résultats qui étaient complètement différents.  Je pense qu’il faut que la clarté soit faite sur ces résultats ».

    Paris a saisi le Conseil de sécurité de l’Onu, il y a quelques jours, pour que les résultats « constatés soient des résultats réels et que le calme revienne », a rappelé le ministre. Il invite par ailleurs les chef d’Etat africains et les l’Union africaine à agir pour que les vrais résultats soient connus.

     

    Mots clefs : RDC, Paris,

    Résultats, présidentielle, CENI.

  • Yaoundé-Washington : On refait ami ami

    Yaoundé-Washington : On refait ami ami

    Après la brouille survenue à la suite des déclarations controversées de l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun en mai dernier, les deux parties fument de nouveau le calumet de la paix. 

    Issa Tchiroma et Peter Balerin: hier et aujourd’hui, c’est diffférent

    Au sortir de l’audience que vient de lui accorder Issa Tchiroma Bakary ce 04 août 2018, S.E. Peter Henry Barlerin se montre sous son meilleur jour. La tonalité bien moins agressive, le détour puis le souci de trancher sur des choses qui fâchent, c’est le cliché que le diplomate américain semble vouloir distiller devant les micros et les caméras d’une partie de la presse locale. La rencontre de ce jour à Yaoundé avec le ministre camerounais de la Communication (Mincom), sert de pont d’or aux deux parties visiblement préoccupées à enterrer la hache de guerre. Avec délectation, chacune joue le rôle, sans donner l’impression de vouloir passer à la machine à laver médiatique. Selon un déroulé convenu, Issa Tchiroma Bakary reste dans la peau de simple figurant. A l’ambassadeur des Etats-Unis au Cameroun de faire part du contenu des «discussions franches» qu’il vient d’avoir avec le Mincom.

    Selon l’Américain, cité par le quotidien Cameroon Tribune (CT) le 05 août 2018, Washington n’a pas de candidat préféré au scrutin présidentiel du 07 octobre prochain au Cameroun. Au contraire, rapporte le journal, le pays de l’Oncle Sam ambitionne de se démultiplier en vue d’une élection «libre, juste et crédible». Derrière les mots, l’on voit bien S.E. Peter Henry Barlerin refusant toute catégorisation (à tort ?) de son pays. Il y a quelque temps, celui-ci avait été soupçonné d’accointances avec certains leaders politiques camerounais, candidats à la présidentielle. Une attention particulière avait même révélé la mise à disposition de ceux-ci d’un pactole financier destiné à faire tomber politiquement Paul Biya. Ce que l’ambassadeur avait bien sûr démenti.

    Félicitations post-volte-face

    Dans sa démarche, le diplomate est venu «féliciter» le Mincom. Il le dit d’ailleurs lui-même dans les colonnes de CT: «J’ai félicité monsieur le ministre sur ses déclarations et nous sommes d’accord que ces crimes sont terribles et que les coupables seront jugés et sanctionnés par la justice». En filigrane, la volte-face du porte-parole du gouvernement camerounais au sujet d’une vidéo montrant des hommes en uniforme militaire exécutant deux femmes et deux enfants, dont un nourrisson. On se souvient qu’au plus vif de ce scandale, Heather Nauert s’était fendue en une déclaration. «Nous appelons le gouvernement du Cameroun à mener une enquête avec minutie et transparence sur les événements montrés sur la vidéo, à en rendre les conclusions publiques et, si des militaires camerounais étaient impliqués dans ces atrocités, à les tenir responsables de leurs actes», lançait la porte-parole du Département d’État des États-Unis.

    «Sur plusieurs aspects, souligne Pierre Malobé Ndinda, même sans le dire clairement, le diplomate américain est allé dire au Mincom que leur amitié peut résolument reprendre son sens positif». L’internationaliste valide que le coup de froid observé entre Issa Tchiroma Bakary et S.E. Peter Henry Barlerin, qui semble aujourd’hui révolu, a eu pour source deux actualités: «ce que le Mincom qualifiait le 19 mai 2018 sur RFI (Radio France internationale) d’ingérence des Etats-Unis dans les affaires internes du Cameroun et le refus d’accepter la vérité affichée par la vidéo incriminant certains militaires camerounais en faction dans l’Extrême-nord du pays».

    Jean-René Meva’a Amougou

  • Violations des droits de l’Homme: Yaoundé lutte contre une enquête de l’Onu

    Violations des droits de l’Homme: Yaoundé lutte contre une enquête de l’Onu

    Sa démarche sur l’affaire de la vidéo montrant l’exécution des femmes et des enfants participe de ce combat. 

    Le président du Cameroun et le SG de l’Onu

    «Un revirement à 180 degrés». C’est l’expression qui revient pour qualifier le communiqué du ministre de la Communication signé le 10 août 2018. Dans ce document, Issa Tchiroma Bakary avoue implicitement que la vidéo montrant des hommes en uniforme exécutant des femmes et des enfants, qui a fait irruption sur les réseaux sociaux au début du mois de juillet, n’est pas un fake news. Plus encore, la scène se serait bien déroulée au Cameroun et les bourreaux de ces femmes et enfants pourraient bien être des soldats camerounais.

    En effet, informe le porte-parole de fait du gouvernement, l’enquête ouverte pour «élucider cette affaire et en établir les responsabilités éventuelles a conduit à l’arrestation des personnels militaires». Il s’agit d’un lieutenant de vaisseau, d’un sergent, de deux caporaux, deux soldats de 2e classe et d’un soldat de 1ère classe «mis à la disposition de la justice», précise le document.

    Cette position est aux antipodes du discours tenu par le gouvernement dès l’apparition de cette vidéo. Lors d’une rencontre avec la presse, le 11 juillet dernier, tout en annonçant l’ouverture d’une enquête, Issa Tchiroma Bakary parle alors de «fake news», «de manœuvre de désinformation grossière dont les faits projetés n’ont aucun rapport avec l’action menée par les forces de défense et de sécurité dans le cadre des missions qui leurs sont confiées», de «conspiration manifeste», de «malheureuse tentative de transfiguration de la réalité et d’intoxication du public».

    A sa suite, le ministère de la Défense (Mindef) désigne même un coupable: «L’activiste Patrice Nganang, qui en est l’auteur, a tout simplement manipulé une série d’images prise hors du Cameroun, qu’il a par la suite monté dans un scénario pour accabler les forces de défense», accuse un message publié le 18 juillet sur la page Facebook du Mindef.

    Le revirement qui surprend beaucoup de monde aujourd’hui, a commencé à se dessiner le 20 juillet. Ce jour-là, dans une déclaration que fait le Mincom, on apprend que «le chef de l’Etat, SE Paul Biya [et] le gouvernement ont été choqués et indignés par l’atrocité des images contenues dans la vidéo et expriment leur compassion à l’égard des malheureuses victimes, ainsi qu’à leurs familles respectives». Issa Tchiroma admet même la possibilité de bavures contre lesquelles «le chef de l’Etat [a] prescrit la tolérance zéro».

    Enquête de l’Onu

    Mais pourquoi ce changement? «Il s’agit d’une démarche qui vise à préserver l’image du chef de l’Etat à l’international», nous avoue une source au fait du dossier. Il faut dire que depuis le déclanchement de l’affaire, Yaoundé subit des pressions de la part, des médias, des ONG et des partenaires internationaux. Après avoir rappelé que «les médias du monde entier, Amnesty International et les organisations camerounaises de défense des droits de l’Homme attribuent les actions montrées sur la vidéo à l’armée camerounaise», les Etats-Unis par la voix de la porte-parole du Département d’Etat, appellent, le 16 juillet, «le gouvernement du Cameroun à mener une enquête avec minutie et transparence sur les événements montrés sur la vidéo, à en rendre les conclusions publiques et, si des militaires camerounais étaient impliqués dans ces atrocités, à les tenir responsables de leurs actes».

    Mais il y a plus redoutable aux yeux des stratèges de Yaoundé. Ce sont les pressions exercées par le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies qui souhaite venir au Cameroun mener des investigations. «Nous avons dit au gouvernement camerounais: si vous affirmez que les informations qui circulent ne sont pas vraies, laissez-nous voir. (…) Clairement il faut une enquête, il faut que les gens rendent des comptes», indique le 27 juillet le Haut-Commissaire sur les antennes de RFI. Selon Zeid Ra’ad Zeid al-Hussein, jusqu’ici, le gouvernement leur oppose une fin de non-recevoir.

    Les autorités camerounaises redoutent d’autant plus la mission de cet organisme onusien qu’elle souhaite se consacrer aux accusations de tortures et d’exécutions extrajudiciaires dans l’Extrême-nord mais aussi dans les régions anglophones. En enquêtant lui-même sur les dénonciations de violation des droits de l’Homme, le régime de Yaoundé espère donc couper l’herbe sous le pied du Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies. Selon nos informations, la célérité avec laquelle les enquêtes sont ouvertes, ces derniers jours, contre les soldats indélicats participe également de cette stratégie.

    Aboudi Ottou

  • Crise anglophone: Aphonie totale sur le sort des Camerounais enlevés

    Crise anglophone: Aphonie totale sur le sort des Camerounais enlevés

    Rien ne filtre sur le sort des fonctionnaires capturés par des bandes armées dans le Sud-ouest et le Nord-ouest.

     

    Des ex-otages reçus par le Mindef

    Sept chefs traditionnels Bakweri ont été libérés le 30 juillet 2018. Le faste et la solennité liés à la bonne nouvelle ont autorisé Paul Atanga Nji à dérouler le tapis rouge aux anciens captifs des bandes armées qui sévissent dans la région du Sud-ouest. Le cabinet du ministre de l’Administration territoriale (Minat) a servi de cadre à la cérémonie. Pour l’occasion, le récit de la remise en liberté des dignitaires Bakweri a été soigneusement construit par des communications et urgentistes de marque. En posture d’invité du 13 heures de la CRTV, le Minat a révélé que l’on doit la libération des chefs à l’implication personnelle du chef de l’Etat, Paul Biya. Le Minat Paul AtangaNji n’a pas manqué de susciter un climat éditorialement positif autour du comportement du président de la République.

    A quelques nuances près, on parlerait d’un remake de la scène vécue en début avril à Yaoundé. En ces temps-là, Issa Tchiroma Bakary, ministre de la Communication (Mincom) saluait, au nom du peuple camerounais, le happy end de l’infortune d’une vingtaine de touristes italiens et suisses enlevés dans la localité du Moungo – Ndor (Kupe Manengumba).

    Entre temps, l’opinion guette les contradictions et soupçonne tout geste du gouvernement dans le cadre de la gestion de crise anglophone. Avec la libération des chefs Bakweri, la question de fond se pose d’autant plus que la série des kidnappings tend à se banaliser. Dans cette ambiance, certains enlèvements ont vite fait d’être ensevelis, bien qu’ils aient écœuré la nation entière. Dans cette fourchette, l’on tient le cas de certains fonctionnaires : Marcel Namata Diteng (sous-préfet de Batibo, région anglophone du Nord-Ouest enlevé le 11 février 2018), Nimbom Arong Yong (délégué régional du ministère des Affaires sociales (Minas) dans le Nord-Ouest.

    Enlisement

    En février 2018, l’organisation International Crisis Group, évaluait à au moins 23 gendarmes et policiers camerounais tués ces trois derniers mois, 75 civils tués par les forces de sécurité depuis septembre de l’année dernière. Sur les ondes de RFI (Radio France internationale), Hans de Marie Heungounp, chercheur à International Crisis Group, parlait d’une insurrection tentant de prendre pied depuis. «Cette insurrection s’articule pour l’instant autour de groupes d’autodéfense. Il y en a plus d’une dizaine présents dans les deux régions, mais aussi deux ou trois principales milices, en particulier l’Ambazonia Defense Forces (ADF) et les Southern Cameroon Defense Forces (SCDF). Il y en a deux avec des acronymes différents. Ce sont ces milices principales, qui, de concert avec les groupes d’autodéfense, organisent des attaques de basse intensité contre les postes militaires, les postes de gendarmerie et les postes de police».

    Il est difficile de savoir avec précision quel est le nombre de combattants dans chacune de ces milices ou groupes d’autodéfense, «mais au sein des différentes milices, cela tournerait autour d’une centaine de combattants. Et (…) la plupart des autres groupes d’autodéfense comportent un effectif allant de 10 à 30 membres actifs ou combattants», précise le chercheur. Toujours selon ICG, ces groupes utilisent des armes légères comme des fusils traditionnels ou des grenades pour certains. Mais ils ne disposent pas d’armement lourd.

    Jean René Meva’a Amougou

    Région du Nord – Ouest

    Entre recensement des déplacés et enlèvement d’un commissaire de police

    Tranches de vie de la semaine qui s’achève à Bamenda et ses environs.

    Ce n’est pas encore la distribution du kit de survivance et du matériel de réhabilitation aux déplacés internes de la crise dite anglophone dans la région du Nord-ouest. Bien que le premier contingent des dons et autres denrées alimentaires soit déjà dans les chefs-lieux des régions concernées. En attendant, le gouverneur de la région du Nord-ouest, par délégation de pouvoir au secrétaire général auprès de ses services, vient de commettre un communiqué radio conviant les déplacés à se faire enregistrer auprès des sous-préfectures. Dans ce communiqué daté du 3 août 2018, Harry Lanyuiy, SG auprès des services du gouverneur, on peut lire: «dans le cadre l’assistance humanitaire d’urgence décidée par le président de la République pour les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest, le gouverneur de la région du Nord-ouest invite toutes les personnes déplacées dans la région à contacter l’autorité administrative la plus proche dans le but de s’inscrire».

    Quant à celles vivant à Bamenda et ses environs précise ledit communiqué, elles peuvent contacter le point focal de la protection civile logé dans ses services et ce «tous les jours de 9h à 15h ou appeler le numéro 233361941». Le gouverneur dit pouvoir compter sur la collaboration et le sens de responsabilité civique de tous et de chacun pour le succès de cet exercice. Ce n’est qu’au terme de ces enregistrements que débutera la distribution. On peut lire en filigrane, à la suite de ce communiqué, un moyen d’assurer l’accountability, mais aussi de procéder au recensement de toutes les personnes qui ont fuit les affres de ce conflit qui a glissé en affrontement entre les forces de l’ordre ou de sécurité et les séparatistes.

    kidnapping

    Pendant qu’on sollicite l’enregistrement des personnes déplacées, les nouvelles sur le terrain ne sont guère reluisantes. En effet, le commissaire Samuel Mbiba du commissariat spécial de Bali, dans l’arrondissement hyponyme, a été enlevé en compagnie de son épouse dans la matinée du lundi 30 juillet, par des individus armés non identifiés. Ils ont été conduits loin du centre ville. L’épouse du commissaire de police a finalement été libérée. Mais les kidnappeurs ont confisqué les téléphones du couple. Vraisemblablement pour empêcher d’alerter les forces de l’ordre. Les recherches menées pour retrouver le commissaire Samuel Mbiba sont restées infructueuses. Il est toujours en captivité.

    La bonne nouvelle est la libération du procureur de la République auprès les tribunaux de Fundong. Le magistrat Francis Tabufor kidnappé le 27 juillet a été libéré mardi dernier 31 juillet. Les forces de l’ordre sont allées le dénicher à Oku avant de le conduire pour de soins à l’hôpital BBH (Banso Baptist Hospital) à Kumbo.

    Zéphirin Fotso Kamga