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Étiquette : Maliens
Année scolaire 2022-2023 au Cameroun: sous de bons auspices pour les Maliens
Les enfants de cette communauté vivant à Yaoundé ont renoué avec le chemin des classes malgré les revendications des enseignants formulées depuis le 21 février dernier.
Les élèves ont repris le chemin des classes lundi dernier. Sans distinction de race ou de tribu, les enfants issues des communautés étrangères vivant au Cameroun aussi. Ils se forment et s’instruisent dans les écoles, collèges et lycées du Cameroun. C’est le cas des Maliens résidant au quartier Tsinga (Yaoundé II). À leur contact, les parents d’élèves disent en effet être satisfaits du début effectif des classes et souhaitent que la grève annoncée des enseignants ne soit pas d’actualité cette année scolaire 2022-2023. «Mes enfants ont bel et bien repris les cours dans les lycées puisque j’ai deux enfants. Un est au Lycée bilingue de Nkolbisson et l’autre au Lycée technique de Nkolbisson. Pour le moment, pas des fausses notes. Les cours sont effectifs, j’étais ce matin dans l’établissement de mon fils pour en finir avec la scolarité. Le constat fait est que dans toutes les salles de classe, c’est l’ambiance studieuse, les enseignants sont dans les salles de classe et dispensent sereinement les enseignements», constate Touré, chef de la communauté malienne.
Pour le moment au Lycée de Nkolbisson (Yaoundé VII), «tout est calme, on ne ressent pas la grève des enseignants telle qu’annoncée avant la rentrée scolaire. Nous souhaitons que l’année se poursuive dans cette lancée pour le meilleur suivi de nos enfants», laisse encore entendre le chef de la communauté malienne. C’est le même son de cloche chez Koulibaly Youssouf. Ces enfants au primaire ont repris les cours à l’École publique de Tsinga. «J’ai quatre enfants avec une Camerounaise, ils sont tous au primaire. Tout se passe bien. Ils rentrent chaque soir avec les devoirs que je vérifie. Toutes choses qui témoignent à suffire de l’abnégation des enseignants qui souhaitent suivre le programme donné par le gouvernement», fait-il savoir. «Pour l’heure, la grève des enseignants, on ne la ressent pas du tout. Seulement, je déplore le fait que pour chaque évaluation le vendredi, il faut donner 200 FCFA, alors qu’on s’est acquitté des frais de scolarité, c’est vraiment gênant. On est contraint de donner cet argent sans cela l’enfant ne va pas composer», regrette-t-il.
Rentrée chère
Les rentrées scolaires se suivent, mais ne se ressemblent pas. La rentrée scolaire de cette année connaît une flambée des prix des manuels scolaires. Et lorsqu’on ajoute les conditions de vie, il n’est pas facile d’envoyer ses enfants à l’école. Car, le faire «en contexte de vie chère relève d’une véritable gageure. L’école est chère même au primaire, il n’est pas facile d’inscrire son enfant. Ajouter à cela, les prix des fournitures scolaires», se lamente notre interlocuteur malien. «Malgré les moments difficiles, nous allons nous battre pour scolariser les enfants avec les moyens disponibles, parce qu’ils ont droit à l’éducation. Un enfant bien formé et éduqué est utile pour sa société, et source de développement de son pays», conclut Touré, le responsable de la communauté malienne.Olivier Mbessité
Festival Nja’nja M’djzang : Le balafon africain entonne l’hymne de la reconnaissance
L’instrument acoustique a réuni Camerounais, Ivoiriens et Maliens au Musée national de Yaoundé. Tous ont repris en chœur le refrain de la valorisation de ses spécificités.
Le Musée national de Yaoundé a réuni les enfants d’Afrique le 13 avril dernier. C’était à l’occasion de la première édition du festival Nja’Nja M’dzang. La conversation sur le balafon chromatique en a constitué la grande attraction. La cérémonie était
rehaussée par la présence de l’instrumentiste camerounais Ba Banga Nyeck. Le Malien Aly Keita et l’Ivoirien Neko Bala étaient également de la fête. Socle de cette rencontre : l’unicité de la culture africaine. « L’Afrique est une et cette unicité repose sur un même substrat culturel. Nous parlons bien du balafon. Il faut qu’on retienne que la musique en civilisation nègre est une communication à part entière.C’est une communication transcendantale c’est-à-dire qu’on s’adresse aux ancêtres, aux génies, aux esprits et divinités», explique le Dr François Bingono Bingono. Selon le modérateur du festival, l’Africain est essentiellement musical « parce que c’est le langage sacré qu’il utilise pour s’adresser aux divinités ».Le balafon est un instrument qu’on retrouve dans toute l’Afrique. Un festival comme celui-ci permet de découvrir les modèles du balafon d’ici et d’ailleurs. La plateforme d’échanges a en effet donné l’occasion aux ressortissants de l’Afrique de l’Ouest de venir avec leurs spécimens. Donc, « l’unicité est culturelle, et cela démontre que ce qui est biologique et la distance géographique, l’Afrique reste une », précise encore le Dr François Bingono Bingono.
Ravalé au second plan
Le balafon est peu valorisé en Afrique. Il n’est joué que lors des cérémonies rituelles ou dans les cabarets. Les joueurs de balafons sont relégués au second plan. À travers ce festival Nja’Nja M’djzang, « nous voulons permettre aux balafongistes de se considérer comme des musiciens. Nous pensons également qu’il faut que les balafongistes aient des moments festifs pour aller au devant de la scène pour mieux s’exprimer, puisqu’ils ont soif de reconnaissance», confie Hilaire Pankui. D’après le promoteur culturel, « les balafongistes sont marginalisés dans les événements. Lorsqu’il y a des concerts, ils sont des accompagnateurs et à la fin sont moins rétribués parce qu’ils sont interprètes comme des petits musiciens.Nous voulons traverser cette initiative, que les balafongistes se consomment en charge, mais aussi promouvoir une industrie culturelle autour du balafon. Nous devons avoir les universités avec option balafon et surtout le balafon chromatique. C’est le cas en Côte d’Ivoire où le balafon chromatique est étudié en troisième année Licence et en Master, pourquoi pas au Cameroun ?», se demande le promoteur du festival. Ceci témoigne à suffisance du rejet et une forme de déracinement des Africains de leur culture. Raison pour laquelle le Dr François Bingono Bingono invite ces derniers à s’approprier cet instrument acoustique. « Il est urgent d’aller vers l’émergence à partir de notre base patrimoniale.Si nous tournons le dos à nos instruments de musique, nos supports acoustiques de la communication, nous serions des étrangers. Il est très heureux que nous préservions nos supports acoustiques, que nous les constructions,
Olivier Mbessité
Yaoundé : Les Maliens font revivre les martyrs de mars 1991
Dans la capitale camerounaise, quelques files d’hommes et de femmes ont, le 26 mars 2019, commémoré l’an 27 du massacre de leurs compatriotes à Bamako.
Maliens à la Journée des Martyrs à Yaoundé Devoir de mémoire. La communauté malienne de la Briqueterie (Yaoundé II) a trop d’estime pour les morts du 26 mars 1991 à Bamako, sur le pont sur le Niger. Chez les uns et les autres, ce vendredi noir continue de traîner à fleur de cerveau. «On ne saurait jeter ce triste souvenir dans la nuit froide de l’oubli», explique Hass Diallo.
Ce 26 mars 2019, la tragédie est davantage drapée dans une autre: l’attaque perpétrée, le 23 mars dernier, dans le village d’Ogossagou, au centre du Mali. Dans les esprits, le drame signale bien un nouveau franchissement des seuils de violence: 134 morts, 43 blessés, dont 17 enfants.
«En ce jour, à la fois douloureux et solennel, nous devrons faire en sorte que le sacrifice de ceux qui sont tombés pour la quête du changement ne soit jamais vain, pour magnifier cette journée historique, qui a sonné le glas d’un régime dictatorial», brandit Hamadou Konaté. Pour ce citoyen malien, la commémoration de ce jour résume le sens même du changement dans son pays. Bien plus, elle est investie d’une charge patriotique particulière, en parfaite cohérence avec la signification que tous les Maliens attribuent à la nouvelle ère politique déclinée par les autorités de Bamako.
Évolution
Et même loin de leur pays, le souvenir revêt toujours une sacralité immédiate. «Voilà pourquoi, aujourd’hui encore,
le 26 mars 1991 reste commémorable par nous tous», renseigne Hass Diallo. À comprendre que la commémoration a évolué et que le message s’est transformé, en se dénationalisant peu à peu.Hamadou Konaté souhaite que la cérémonie de commémoration soit un moment de mobilisation pour la bataille de sortie de la crise sécuritaire que le Mali connaît depuis 2012. Être fidèle au sacrifice des martyrs, estime-t-il, c’est, chaque jour, faire plus et beaucoup pour le Mali. C’est, chaque jour, faire en sorte que le Mali, aux côtés des autres États africains, contribue à bâtir l’unité africaine.
Courage
Malgré l’émotion, les Maliens ne semblent pas emballés. Ils prient. Et à travers cela, ils veulent davantage donner une crédibilité historique plutôt qu’un traitement «lacrymal» à la Journée des Martyrs. En construisant un univers de recueillement et en insistant sur le courage du peuple malien, à Yaoundé, les compatriotes du président Ibrahim Boubacar Kéïta entendent déclencher un processus de réflexion bien plus important, bien plus solide.«Car s’il est bon de déconstruire les discours, les faits ne doivent pas être démolis», ajuste Hass Diallo. Il ajoute : «De toutes les manières, ces martyrs qui sont tombés ne doivent jamais être abandonnés. Aux jeunes d’accomplir leur devoir de génération. Pour assurer le changement, ils sont appelés à se mobiliser».
En cela, il est conforté par l’actualité «positive» que charrie Bamako. Là-bas, informe-t-il, les passions du début (marquées par les polémiques entre le gouvernement et une certaine opposition sur la sécurité, ainsi que par les sifflets de la foule à l’encontre des responsables politiques) semblent s’être apaisées. La preuve, selon Momar Youssoufa, que malgré les tragédies, les Maliens sont encore capables de se serrer les coudes, de nourrir de nouvelles espérances.
Jean-René Meva’a Amougou