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Étiquette : diplomatie
Grâce à la CEA : le Cameroun soigne ses stats
L’INS est dépositaire depuis le 29 novembre dernier du Plan national de développement de la comptabilité économique et environnementale (PNDCEE). Le SND30 devrait s’en trouver boostée.
Après validation par les experts de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA), le Plan national de développement de la compatibilité économique et environnementale (PNDCEE) est désormais à la disposition de l’Institut national de la statistique (INS) au Cameroun. À la diligence du directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de l’institution onusienne (CEA/BSR-AC). Jean Luc Mastaki Namegabe s’est à cet effet rendu le 29 novembre 2023 à Yaoundé auprès de Joseph Tedou, directeur de l’INS. L’objectif étant de consolider le soutien au développement de la statistique dans notre pays.
Au CEA/BSR-AC, on espère que « cet outil permette au Cameroun de tirer pleinement parti des opportunités du capital naturel comme véhicule de financement de la diversification économique ». Un espoir partagé par l’INS qui compte « exploiter le PNDCEE comme un document spécifique de la Stratégie nationale de développement 2020-2030 du Cameroun (SND30). Il va ainsi régir ce pan spécialisé que la SND30 ne peut pas détailler», affirme Joseph Tedou. Au regard de sa richesse et du domaine pointu qu’il aborde, laisse-il aussi entendre.
Le directeur du CEA/BSR-AC y voit en effet une «approche qui permettra de maîtriser les interventions et de centraliser les données statistiques au Cameroun. La CEA y souscrit et se penchera sur la compréhension du cadre de collaboration en associant naturellement le système des Nations unies au Cameroun». Des considérations et autres qui ont débouché sur une promesse. «Nous allons soumettre le document au gouvernement afin qu’il soit adopté et transformé en document de référence». On a également émis le vœu à l’INS de consolider le partenariat avec la division des statistiques de l’Onu, à travers notamment une publication régulière qui retrace l’ensemble de ses actions, ainsi qu’avec d’autres partenaires (FMI et Banque mondiale).
Brazzaville et l’année 2021 seront le point de départ de tout. Les États et les Communautés économiques régionales ont adopté en décembre de cette année-là, le consortium sur le capital naturel comme mécanisme innovant et stratégique pour la mobilisation des ressources financières nécessaires à l’industrialisation et à la diversification économique dans la sous-région. L’un des marqueurs, en somme, de la réunion ad hoc en marge de la 37ème session du Comité intergouvernemental des hauts fonctionnaires et experts de l’Afrique centrale. Or, il se trouve qu’à travers le PNDCEE, le Cameroun prend une bonne option pour la concrétisation de cet engagement et pour l’édification d’une base statistique appropriée.Diane Kenfack
Brice Clotaire Oligui Nguema et les invariants de la diplomatie
Après la Guinée Équatoriale, le Congo-Brazzaville, la Centrafrique, la République Démocratique du Congo, le Rwanda et le Tchad, Brice Clotaire Oligui Nguema était au Cameroun le 6 décembre 2023.
Mû par la volonté de porter la bonne parole, ou plutôt ses bonnes paroles, le président du Comité pour la transition et la restauration des institutions du Gabon (CTRI) est allé à la rencontre de ses «aînés». Ce que les faits rappellent, c’est que, dans le cadre de la première étape de sa tournée, le tombeur d’Ali Bongo Ondimba a choisi d’aller à la rencontre du détenteur du record mondial de longévité au pouvoir, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Ce que les faits rappellent également, c’est que Brice Clotaire Oligui Nguema a achevé son périple chez Paul Biya, le plus âgé des dirigeants de la Cemac. Ce que les faits rappellent aussi, c’est qu’à Malabo, Brazzaville, Bangui, Ndjamena, Kinshasa, Kigali et Yaoundé, le séjour du général de brigade n’a pas duré plus de 24 heures.
Ce que les faits rappellent distinctement, ce sont les dates: 19 septembre 2023 à Malabo; 1er octobre 2023 à Brazzaville; 4 octobre 2023 à Bangui; 9 octobre 2023 à Ndjamena; 11 octobre 2023 à Kinshasa; 16 octobre 2023 à Kigali et 6 décembre 2023 à Yaoundé. Ce que les faits rappellent enfin, c’est que, partout où il est allé, Brice Clotaire Oligui Nguema avait sa tenue militaire, ajustée au plus près du corps et embellie de décorations et autres accessoires.
Bien qu’ils semblent dérisoires, ces faits, par leur agencement et leur ordre de lecture, s’entassent devant nous. Ils nous permettent de comprendre les temporalités et les modalités de la tournée de Brice Clotaire Oligui Nguema. Ce dernier, dont la première priorité internationale est manifestement la réintégration du Gabon au sein de la CEEAC (Communauté économique des États de l’Afrique centrale), a le mérite de faire affleurer plusieurs invariants de la diplomatie: le timing, les règles du jeu, la capacité à nommer les problèmes, la recherche d’un compromis et la communication. Il s’agit, au fond, de toute une ingénierie articulée autour de quelque sommet se profilant. Bien évidemment, une telle aspiration géopolitique nécessite une capacité stratégique, étayée par une volonté de se manifester et d’agir en tant que dirigeant d’un pays existant au sein d’un espace communautaire.
En ce sens, les indices et les symboles offrent des ressources particulièrement riches pour définir la cohérence et la vision stratégique qui président à la tournée diplomatique du successeur d’Ali Bongo Ondimba. Et là, le point d’application des débats sur le choix vestimentaire de Brice Clotaire Oligui Nguema pourrait alors être dissocié du simple souci d’élégance militaire. «C’est la preuve de l’engagement, l’emblème de compétence et la promesse d’une fidélité aux idéaux communautaires; cette tenue montre que l’idiome professionnel des hommes en armes peut être intégré au récit communautaire; elle est la preuve que les militaires peuvent aussi être des acteurs centraux de l’intégration sous-régionale», commentait un reporter de Télé Tchad le 9 octobre 2023. Posés de cette façon, les indices et les symboles relevés lors de la tournée de Brice Clotaire Oligui Nguema dans plusieurs pays d’Afrique centrale s’interprètent comme l’amorce d’une sortie de l’ornière habituelle. Et même si, en même temps, cela lève les espoirs les plus hauts et réveille les peurs les plus profondes, il faut quand même espérer que Brice Clotaire Oligui Nguema ne viendra pas tout broyer, le bon grain comme l’ivraie.
Jean-René Meva’a Amougou
Lutte contre la vie chère : Entre sens et non-sens
De l’avis de quelques économistes, les initiatives gouvernementales en faveur des consommateurs sont entachées de paradoxes.
Au Cameroun, l’inflation a bondi de 9,12% en 5 ans, d’après l’Institut national de la statistique (INS). De façon plus précise, souligne cet organisme public, le taux d’inflation est passé de 0,6% en 2017, à 1,1% en 2018, à 2,5% en 2019, de même qu’en 2020. Cette tendance haussière a légèrement baissé en 2021, pour se situer à 2,3%. La cause de cette situation est connue: «le regain des prix des produits alimentaires (+12,5%), des «articles d’habillement et chaussures» (+10,6%), du «logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles» (+8,4%), des restaurants et hôtels (+12,8%), ainsi que ceux des transports (+6,4%)».
Regards
Pour inverser la tendance, les pouvoirs publics ont pris un certain nombre de mesures. Celles-ci vont du contrôle des prix à la lutte contre la concurrence déloyale, en passant par la promotion de la production locale et des subventions sur quelques produits. Seulement, aux yeux de certains économistes, ces initiatives engendrent deux effets de portée contradictoire. «Plutôt que d’opérer un traitement économique des causes de l’inflation, elles affaiblissent, d’une part, le consommateur et, d’autre part, elles suggèrent un traitement purement social des conséquences», postule Dr Jean-Pierre Mendouga. Pour cet universitaire, la force de l’État est de jouer les régulateurs; sa faiblesse, en retour, est d’être incapable de faire fonctionner de vrais amortisseurs pour absorber le choc. «On se tire presque toujours une balle dans le pied en pensant que l’inflation causée par une crise exogène serait effacée par la reprise économique. Alors que, entre-temps, les gains de productivité diminuent, la constitution de monopoles est favorisée, les investissements utiles sont négligés», s’alarme Dr Jean-Pierre Mendouga.
Lire aussi : Vie chère : Le point de non retour
De son côté, Dr Louis Marie Kakdeu déplore la disparition de l’État-stratège «qui anticipe et qui planifie». L’économiste tient un exemple: «sachant qu’il y aurait crise alimentaire en 2021, le gouvernement camerounais, au lieu d’encourager la production locale du riz, du manioc, du maïs, du mil… ils ont plutôt donné des exonérations fiscales à la banane que personne ne mange au Cameroun». «Une telle situation est suicidaire dans un contexte comme le nôtre où l’économie repose sur les services et la consommation, avec un secteur productif privé laminé et un État obèse», appuie Gertrude Takam, une autre universitaire.
Jean René Meva’a Amougou
Diplomatie: les non-dits des attentions de Yaoundé à Abuja
Au regard de la carte «crisogène» actuelle du Cameroun, le président Biya est convaincu que la sécurité du pays dépend en grande partie de la qualité de la coopération militaire avec le Nigeria.
C’est devenu presqu’une coutume. Depuis quelques années, le Cameroun invite l’armée d’un «pays amis» à prendre part à la parade militaire organisée à l’occasion de sa fête nationale. Mais il y a eu quelque chose d’inhabituelle cette année. Les autorités camerounaises ont pris des mesures pour donner davantage de visibilité à la participation de l’armée nigériane aux festivités de la 46ème édition de la fête de l’Unité.
Le 15 mai, le ministère camerounais de la Défense (Mindef) organise un voyage de presse à destination d’Abuja. Un avion, le MA 60 de l’armée camerounaise, est affrété en aller-retour pour une vingtaine de professionnels de médias entre les capitales des deux pays. Selon le colonel Didier Badjeck, chef de la division de la communication au Mindef, l’objectif de cette initiative est de permettre aux journalistes de «toucher du doigt l’excellence de la coopération militaire entre le Cameroun et le Nigeria».
Les portes de la Lungi Barracks, caserne militaire où se préparent les 180 éléments de la Guard Brigade appelés à défiler dimanche au boulevard du 20 mai sont ouvertes à la presse. Afin de montrer l’enthousiasme des soldats de cette unité d’élite de l’armée nigériane, en charge de la protection du président de la République fédérale, des résidences présidentielles et de hautes personnalités étrangères. Ladite unité s’occupe par ailleurs de l’animation des grandes cérémonies officielles au Nigeria). «C’est un honneur et un signe de grande estime pour mes hommes et moi de venir prendre part à la fête nationale du Cameroun, ce pays, bon et grand voisin du Nigeria» confirme devant les caméras, le lieutenant-colonel Mukhtar Sani Daroda, commandant du contingent constitué pour répondre à l’invitation de Yaoundé.
Enjeux
En fait, depuis quelques années déjà, les dirigeants camerounais ne ménagent aucun effort pour afficher une parfaite entente avec le Nigeria. Au mois de mai 2016, Paul Biya, qui goûte peu aux voyages sur le continent, effectue, en l’espace d’une dizaine de jours, deux visites officielles à Abuja. D’abord les 3 et 4 pour une visite d’Etat, et puis le 14 pour participer au deuxième sommet régional sur la sécurité au Nigeria et dans les pays voisins. «Ça ne s’est jamais passé dans les annales des visites officielles dans le monde», commente le Haut-commissaire du Cameroun à Abuja. Selon Salaheddine Abbas Ibrahima, rencontré dans son bureau au Lobito Crescent Wuse II, c’est d’ailleurs à l’investissement personnel des deux chefs d’Etat que l’on doit le raffermissement des relations entre les deux parties observé depuis la visite de Muhammadu Buhari au Cameroun en fin juillet 2015.
La raison de cet engagement, indique-t-on au Mindef, est le fait que «seule une politique de sécurité collective sincère donnera des résultats probants contre les menaces pluri-formes qui sont devenues les marqueurs géostratégiques dominants de la région». Cette réalité «impose une coopération plus resserrée entre le Cameroun et le Nigeria», précise-t-on ici. En effet, les deux pays partagent plus de 1800 kilomètres de frontières maritime et terrestre. Les populations frontalières privilégient les liens tribaux au détriment du découpage géographique hérité de la colonisation. En plus, la zone est riche en ressources naturelles et suscite des convoitises. Tout ceci complexifie la sécurisation de la région. Les principaux points «crisogènes» du Cameroun sont d’ailleurs situés le long de sa frontière avec le Nigeria. Il s’agit notamment de la frontière maritime où la menace des pirates impose toujours une certaine vigilance, de la frontière terrestre à l’Extrême-Nord ou sévit encore Boko Haram, et des régions du Nord-Ouest et le Sud-Ouest où se développent des groupes armées d’inspiration séparatiste.
Crise anglophone
«La riposte globale». Le concept, cher au président camerounais, a commencé en fait à se rendre nécessaire dans la lutte contre la piraterie maritime, inspirant le sommet de Yaoundé sur la sureté et la sécurité dans le golfe de Guinée en 2013, avant de devenir indispensable dans la lutte contre le terrorisme dans le bassin du lac Tchad. Les autorités camerounaises en deviennent convaincues entre juin 2014 et janvier 2015, lorsque Boko Haram, fort des positions conquises dans le nord-est du Nigeria, lance «des opérations de grande envergure» contre la région de l’Extrême-nord du pays.
«Nous étions limités parce qu’on ne pouvait poursuivre l’ennemie au-delà de nos frontières et on avait très peu d’informations sur ce que faisait l’armée nigériane de l’autre côté de la frontière», confient plusieurs officiers camerounais lors d’un reportage sur la ligne de front, en fin septembre 2015. «Avant que la Force multilatérale mixte (FMM) ne se mette en place, les deux armées étaient sur le terrain, mais je peux vous dire qu’il y avait que des contacts informels entre les officiers formés au Cameroun et vice-versa, qui, du fait de leurs relations personnelles acquises lors de la formation, pouvaient collaborer sur le terrain», confirme le colonel Roger Kuitcheu, l’attaché de défense auprès du Haut-commissariat du Cameroun à Abuja.
Forces multinationales
L’entrée en scène de la FMM courant 2015 a justement tout changé. «La Force multinationale mixte comporte un secteur qui est géré par l’armée camerounaise et les échanges entre le secteur camerounais et les autres secteurs et surtout le secteur nigérian se passent très bien. On se soutient sur tous les aspects : échanges de renseignements, soutiens logistiques…» explique le colonel Kuitcheu. Pour cet officier supérieur, fort d’une expérience acquise sur plusieurs théâtres d’opération (Bakassi, Darfour, RCA, Boko Haram), les résultats sur le front de la lutte contre Boko Haram sont le fait de cette «bonne coopération entre les deux armées».
Même s’ils abstiennent de le dire publiquement, les dirigeants camerounais, hantés par le soupçon que nombre de combattants qui peuplent les milices dans le Nord-ouest et le Sud-ouest du pays viennent de l’autre côté de la frontière, rêvent d’une collaboration similaire sur le front ouest. Depuis que la crise anglophone a viré à une «quasi guerre civile», les autorités nigérianes ont promis qu’elles ne permettraient pas que «le territoire Nigeria serve de base arrière pour déstabiliser le Cameroun». Joignant la parole à l’acte, Abuja facilite l’arrestation et l’extradition, au mois de janvier 2018, de plusieurs leaders sécessionnistes dont Sisiku Julius Ayuk Tabe, président autoproclamé de la «République fédérale d’Ambazonie». Yaoundé, qui veut visiblement plus, doit travailler à améliorer la coopération sécuritaire bilatérale avec son grand voisin. En dehors du cadre multinational (Force multinationale mixte), le droit de poursuite reste par exemple à obtenir.
Aboudi Ottou envoyé spécial à Abuja
Salaheddine Abbas Ibrahima
«Il y a encore beaucoup à faire»
En plus des questions sécuritaires, la démarcation de la frontière entre les deux pays et le développement des échanges commerciaux sont autant de défis à relever. Le Haut-commissaire du Cameroun au Nigeria fait le point sur ces dossiers.
Ces derniers mois, on a beaucoup vanté l’excellente coopération militaire entre le Cameroun et le Nigeria. Qu’en est-il de l’application des dispositions de l’accord de Green tree?
Pour l’accord de Green tree, il n’y a aucun problème. La meilleure illustration est que sur les 2000 kilomètres que nous avons à démarquer, il ne reste qu’une soixantaine de kilomètres à parcourir. N’eussent-été les réserves émises par le personnel des Nations unies quant aux questions de sécurité aux frontières, ce travail aurait déjà été terminé. Le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest, Dr Ibn Chambas, a rencontré les deux parties et nous sommes désormais en passe de terminer l’opération. Ce n’est plus qu’une question de temps.Pour renforcer la coopération entre le Cameroun et le Nigeria, nombre de projets communs étaient envisagés où en êtes-vous?
En effet, il y a beaucoup de projets communs, à l’exemple des postes communs de douanes et de contrôle de la répression de la contrebande. Nous avons une série de «mesures de confiance» que nous sommes en train de mettre en œuvre. Il s’agit de la construction de la route Enugu-Bamenda, qui va réduire à quatre ou à cinq heures le voyage entre ces villes nigériane et camerounaise. En 2008, quand je suis arrivé, il fallait entre 24 et 30 heures pour faire le même trajet. Le projet doit être inauguré incessamment. Il y a aussi le projet de construction du pont sur le Mayo-Tiel, entre Demsa au Cameroun et Belel au Nigeria, avec une série de travaux connexes sur l’axe Djabi-Lamba-Garoua. Nous avons déjà paraphé le mémorandum d’entente, et nous sommes en train de nous atteler à la recherche de financements. Nous avons également entamé les études pour le projet de pont sur Elbeid entre Gamboru (Nigeria) et Fotokol (Cameroun).Quelle est la structure actuelle des échanges commerciaux entre les deux pays ?
Sur le plan des relations économiques, il y a trois ou quatre ans, le Nigeria a été classé comme notre premier partenaire d’importation. Malheureusement, compte tenu de l’insécurité le long de la frontière, les mouvements des personnes et des biens ont été freinés. Mais le Nigeria reste quand même parmi les cinq premiers partenaires directs du Cameroun en matière d’importations. Pour ce qui est des exportations, il y a encore beaucoup à faire. Le marché nigérian reste à conquérir.On a parlé à un moment de l’organisation d’un forum d’affaires Nigeria-Cameroun à Abuja. Est-ce toujours à l’ordre du jour ?
Si. Nos derniers échanges ont porté sur l’organisation pratique du forum. Mais là, nous entrons dans une période électorale au Nigeria et au Cameroun. Ces deux évènements concomitants ont un peu freiné les choses. Qu’à cela ne tienne, le projet est toujours à l’ordre du jour.Propos recueillis à Abuja par AO
S.E. Gilles Thibault
S.E. Gilles Thibault dans ses bureaux à Yaoundé L’ambassadeur de France au Cameroun a signé le 23 janvier 2018 à Douala, avec la Communauté urbaine de Douala, une convention de partenariat pour la mise en œuvre du projet WEECAM dont l’objectif est de faire de Douala au bout de cinq ans, une ville pilote en matière de protection de l’environnement. Le budget prévisionnel du projet est de 6.000.000 € (3,9 milliards FCFA). Sa durée est de 5 ans divisée en deux phases, et son principal financeur est le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) qui contribue à hauteur de 1.700.000 € (1,113 milliards FCFA).
Selon les termes de la convention, le projet aura pour but entre autres l’installation d’un système de collecte et pré-collecte à grande échelle en zone urbaine, la mise en place d’une unité semi-industrielle de traitement durable des déchets d’équipements électriques et électroniques (D3E), le renforcement du cadre institutionnel existant. « C’est un projet ambitieux, important et nécessaire (…) une coopération exceptionnelle qui bénéficie aux citoyens (…) Les Camerounais et les gens de Douala, appuyés sur le pôle technologique de Buea, ont parfaitement pris le virage numérique et ça engendre des déchets importants. Il est de notre devoir de les traiter. Notre défi est de rendre ces déchets moins dangereux d’une part et d’autre part de leur donner une nouvelle vie», a dit S.E. Gilles Thibault.
En poste depuis le 17 septembre 2016, l’ambassadeur de France a Yaoundé, est connecté au Cameroun profond. Il se rapproche chaque jour de la population et des partenaires de la France au Cameroun. Depuis son arrivée en « Afrique en miniature », le diplomate a déjà visité toutes les dix régions du pays. Ses multiples périples lui ont permis de réduire considérablement le sentiment anti-français qui gagnait du terrain au pays. Lundi de la semaine dernière, il s’est rendu dans une partie de la zone anglophone, actuellement en crise, pour toucher du doigt les réalités du terrain. Le diplomate ne se contente donc pas que des informations rapportées par les medias locaux. Il a profité de son séjour dans la contrée pour faire un crochet à Bimbia, dans le Sud-ouest, question de contempler les souvenirs de la traite négrière. Soulignons que c’est sur ce site que s’est déroulé le plus grand commerce des esclaves noirs sur le continent. Plus d’un millions d’africains ont été vendus comme esclaves ici. Ce trafic d’êtres humains a duré plus de 400 ans. Elle a été abolie, non sans laisser des blessures qui peinent encore à se cicatriser. Contrairement à l’Ile de Gorée au Sénégal qui « a été fabriqué », Gilles Thibault pense que le site de Bimbia regorge encore des séquelles naturelles de la barbarie des Occidentaux sur le peuple africain. Le diplomate Français invite d’ailleurs tout africain, à s’y rendre pour renouer avec l’histoire.
Un diplomate androïd
D’autre part, l’ambassadeur de France au Cameroun est un féru des réseaux sociaux. Il a présenté son compte Twitter aux blogueurs camerounais le 30 mars 2017, au cours d’une rencontre intitulée « Je suis ambassadeur et je blogue » à l’Institut Français du Cameroun, antenne de Douala. Son compte Twitter, très suivi, lui permet de communiquer sur ses activités administratives. Le diplomate français a aussi rendu visite aux médias de la ville de Douala le mercredi 11 octobre 2017. Interrogé sur la crise anglophone au journal de 20h sur la télévision Equinoxe, Gilles Thibault a préconisé l’arrêt des violences et le dialogue avec les populations victimes de cette crise. « Il n’y a pas d’autre solution qu’effectivement entendre ce qu’estime les populations sur place, d’aller voir comment améliorer leur quotidien… il faut entendre toutes les parties et proposer des solutions pertinentes aux problèmes posés. Il faut tenir compte de ce que disent les populations, la majorité silencieuse. Et là-bas, la majorité silencieuse, ce qu’elle souhaite, c’est d’abord vivre normalement… », indiquait l’invité du journal de la télévision privée. Ce dernier, accompagné du sénateur Richard Yung représentant des Français à l’étranger, était encore de passage dans la métropole économique la semaine dernière, où il a pris part à un cocktail de presse offert par Joël Renou, consul général de France à Douala, mardi 23 janvier 2018, à sa résidence sise à la rue des Cocotiers, au quartier Bonanjo.
Didier Ndengue