StarTimes (Star Software Technology Co Ltd), le plus gros opérateur de la télévision par satellite en Afrique, exige le paiement de cette ardoise avant toute reprise des travaux.

Tout sourire, Pang Xinxing ne laisse rien transparaître de sa tension et de sa colère sur le parvis de l’Immeuble Etoile ce 13 mars 2025. Comme lorsqu’on tombe sur un cliché montrant un homme qui n’a aucun problème, on est loin de deviner que le PDG de StarTimes vient de signifier son ras-le-bol au Premier ministre. A Joseph Dion Ngute, Pang Xinxing a remis un dossier sensible: le paiement préalable de 14,2 milliards FCFA avant de relancer les travaux de réhabilitation de la CRTV. Le pactole représente une prestation effectuée par le groupe chinois au double plan technique et logistique pour permettre à la CRTV (radio et télévision) de produire le signal des différentes compétitions sportives (Coupe d’Afrique des nations en 2016; Championnat d’Afrique des nations en 2020 et Coupe d’Afrique des nations masculine en 2022) qui se sont déroulées au Cameroun.
Contentieux
Selon des sources concordantes, Pang Xinxing (non convaincu des mots apaisants obtenus de Charles Ndongo quelques minutes auparavant à Mballa 2) est resté sur une ligne de fermeté. Après avoir affiché son agacement et son impatience envers la partie camerounaise, le PDG de StarTimes a mis un peu d’eau dans son vin. Soulignant que ce qui compte, ce n’est pas le niveau absolu du paiement réclamé mais la solvabilité de son partenaire camerounais. Alors, il a souhaité que soit mis en place un plan d’apurement des avances consenties depuis au moins 2016.
Entre-temps, la CRTV prend des airs de forteresse injustement assiégée. Pour le top management, il ne revient aux caisses du média à capitaux publics de subir cette ardoise. «C’est bien l’Etat camerounais qui, le 21 novembre 2014, par un communiqué signé par Abba Sadou, le ministre des Marchés publics d’alors, s’était engagé à confier à StarTimes le marché de réhabilitation technique et logistique de la CRTV», explique une source contactée par Intégration ce 16 mars à Mballa 2. Au passage, notre interlocuteur pointe du doigt la frénésie qui a suivi l’attribution du marché. «A notre niveau, nous avions émis un avis sur l’optimisation de la qualité de service, la minimalisation des coûts d’investissement et la minimalisation des charges d’exploitation», renseigne-t-il. En fouinant un peu, l’on se rappelle qu’entre le 5 et le 17 avril 2012, une mission conduite par Issa Tchiroma Bakary (alors ministre de la Communication), s’était rendue à Pékin, Shenzhen et Shanghai, en Chine, à la rencontre d’entreprises susceptibles de rénover le plateau technique de la CRTV, mais aussi de réaliser le basculement obligatoire à la télévision numérique terrestre (TNT) dès décembre 2014. Pour cette dernière opération, les opérateurs chinois Huawei, ZTE et Startimes étaient au coude-à-coude.
L’on se rappelle également que le 23 mars 2018, lors de sa visite au siège de StarTimes en Chine, Paul Biya avait assuré le géant chinois de la disponibilité de l’Etat camerounais dans le cadre du basculement à la TNT.
Jean-René Meva’a Amougou