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Marie-Pierre Elogne N’Guessan : une vie donnée, une vie reçue

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Marie-Pierre Elogne N’Guessan s’est éteinte le 19 novembre, laissant derrière elle le souvenir d’une femme discrète mais profondément engagée, entièrement tournée vers le service des autres.

Après sa formation à l’INFS (Institut national de formation sociale), elle exerça comme assistante sociale pendant quelques années. Son métier lui plaisait, mais Marie-Pierre ressentit tôt un appel plus profond, plus radical: celui de se consacrer aux enfants abandonnés, ces petits êtres que la vie blessait avant même qu’ils n’aient eu le temps de comprendre le monde.

Bien qu’elle ne fût pas mariée, elle devint une mère pour nombre d’entre eux. En 2015, elle fonda la Maison Saint-Joseph à Grand-Bassam, un lieu modeste mais chaleureux où les enfants, jusque-là livrés à eux-mêmes, retrouvaient tendresse, considération et respect. Deux ans plus tard, en 2017, elle transféra la maison à Bonoua pour offrir un cadre plus adapté à sa mission. Beaucoup y ont trouvé un abri, mais surtout une présence aimante, patiente, attentive — une présence dont ils avaient tant manqué.

Marie-Pierre n’a pourtant pas seulement donné. Elle a aussi reçu. Elle aimait rappeler que ces enfants, blessés par la vie, l’avaient eux-mêmes reconstruite et élargie intérieurement. Elle se souvenait en particulier de Marie-Marcelle, une petite polyhandicapée avec laquelle elle avait commencé toute cette aventure. À travers elle, Marie-Pierre avait appris la profondeur de l’humanité, la force de la fragilité, la puissance silencieuse de la foi. Grâce à cette enfant, elle disait avoir grandi en compassion, en patience, en compréhension de la dignité humaine.
Nos chemins s’étaient croisés au début des années 1980. À cette époque, l’Église catholique en Côte d’Ivoire découvrait le renouveau charismatique. Et Marie-Pierre faisait partie des jeunes animateurs qui donnaient vie à ce mouvement. Déjà, elle se distinguait par sa disponibilité et son désir de servir. Elle n’hésitait jamais à tendre la main, à encourager, à porter ceux qui chancelaient.

Je ne l’avais plus revue depuis 2001, mais son souvenir est resté vivace, intact, comme celui d’une âme généreuse.
Aujourd’hui, son départ laisse un vide, mais aussi une lumière. La Maison Saint-Joseph, les enfants qu’elle a accompagnés, les personnes qu’elle a touchées, tout cela témoigne d’une vie offerte sans réserve. Marie-Pierre Elogne N’Guessan s’en est allée, mais son œuvre demeure, humble et grande à la fois, tissée de gestes simples et d’une générosité rare.

Jean-Claude DJEREKE

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