Libreville a accueilli du 10 au 14 novembre 2025 un atelier avancé consacré aux règles d’origine, un domaine devenu crucial pour les économies africaines à l’heure où la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) entre dans une phase de mise en œuvre accélérée.
Pendant cinq jours, des cadres douaniers, des responsables techniques et des spécialistes du commerce extérieur ont planché sur les mécanismes permettant de certifier correctement l’origine des marchandises, condition indispensable pour bénéficier des préférences tarifaires prévues par les accords régionaux et continentaux.
La formation était co-animée par David Clovis Um Batta, chef de la Cellule de la Coopération internationale et expert accrédité de l’Organisation mondiale des douanes (OMD), et Guillaume Guerout Suominen, représentant du Programme UE-OMD. Un tandem salué par les participants, qui y ont vu une combinaison rare d’expertise internationale et de connaissance fine des réalités locales. Selon les organisateurs, l’objectif était autant de renforcer les compétences que de structurer un réseau régional fiable capable d’accompagner la montée en puissance de la ZLECAf.
Au-delà de l’aspect théorique, les échanges ont mis en lumière les défis auxquels sont confrontées les administrations douanières : traçabilité des matières premières, contrôle documentaire, harmonisation des procédures et capacité à répondre aux exigences des partenaires commerciaux. Plusieurs participants ont souligné que les erreurs de certification restent l’un des principaux freins à l’accès préférentiel aux marchés, entraînant parfois des pertes financières considérables pour les opérateurs économiques.
L’atelier de Libreville n’était que la première étape d’une mission plus large. Du 17 au 21 novembre, les deux experts sont attendus à Douala pour une seconde séquence dédiée à la formation continue et à l’édification d’un vivier durable de spécialistes en Afrique centrale. Cette approche graduelle vise à créer une masse critique de techniciens capables de dialoguer d’égal à égal avec les institutions internationales et de sécuriser les chaînes de valeur régionales. Pour les observateurs, cette initiative illustre une volonté nouvelle : bâtir une souveraineté technique africaine en matière de commerce extérieur. Dans un contexte marqué par la concurrence globale, la maîtrise des règles d’origine apparaît désormais comme un levier stratégique pour renforcer la crédibilité des systèmes douaniers et améliorer la compétitivité des produits locaux. Une dynamique appelée à s’amplifier à mesure que les États s’approprient les outils de l’intégration continentale.
Jean -René Meva’a Amougou
