
Dans la sous-région, les violences numériques contre les femmes et filles progressent plus vite que les cadres législatifs.

Harcèlement, menaces anonymes et diffusion non autorisée d’images intimes se multiplient sur les réseaux sociaux, alors que la plupart des pays de la sous- région n’ont pas de lois adaptées pour protéger efficacement les victimes. Les experts alertent depuis plusieurs années sur ce décalage dangereux. Selon Me Fatou Biko, juriste spécialisée en droits numériques à Douala, « nos législations datent d’une époque où Internet était rare. Aujourd’hui, elles sont insuffisantes pour protéger les femmes et filles des violences virtuelles. Il faut des textes précis et des sanctions efficaces pour que le cyberespace ne devienne pas un territoire sans loi ».
Les autorités peinent également à suivre le rythme des technologies. Dans plusieurs pays, la formation des forces de l’ordre et des magistrats reste limitée, rendant l’accès à la justice long et complexe pour les victimes. Beaucoup abandonnent la procédure par peur de représailles ou par manque de confiance dans le système judiciaire. Pour Dr Huguette Ndongo, experte en droits numériques et coordinatrice d’ONG régionale, « il est urgent de créer des mécanismes régionaux de coopération judiciaire et de renforcement des compétences. Les violences numériques dépassent les frontières : un agresseur peut agir depuis un pays voisin et rester impuni si les États ne collaborent pas ».
Bien plus, pour la juriste, la 19ᵉ édition des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et filles, du 25 novembre au 10 décembre 2025, devrait alors mettre l’accent sur la dimension légale et institutionnelle. Les campagnes de sensibilisation visent à pousser les gouvernements à réformer leurs lois, à mettre en place des plateformes de signalement et à former les personnels judiciaires et policiers pour répondre rapidement et efficacement aux plaintes.
Selon Jean-Pierre Mbarga, consultant en cybersécurité, « les entreprises technologiques doivent également être partie prenante. Elles détiennent les clés de modération et de signalement ; leur inaction revient à tolérer les violences. L’État et le secteur privé doivent travailler ensemble pour protéger les victimes et punir les auteurs.
Sans réforme juridique et mobilisation institutionnelle, la violence numérique continuera de prospérer, mettant en danger des milliers de femmes et filles chaque jour. La lutte nécessite un engagement clair et coordonné entre États, plateformes et société civile pour que le cyberespace devienne enfin un espace sûr et respectueux des droits de toutes ».
Jean-René Meva’a Amougou




