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Compact énergétique: entre ambitions lumineuses et zones d’ombre

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Le Cameroun s’est fixé une promesse éclatante : offrir à tous ses citoyens l’électricité d’ici 2030. Ce rêve, inscrit dans le Compact énergétique national, se veut le moteur d’une modernisation sans précédent du réseau électrique, notamment en milieu rural. Mais derrière les slogans d’un futur lumineux se cachent des défis d’ombre et de chiffres.

Sur les 12,5 milliards de dollars nécessaires, l’État camerounais ne compte injecter que 13 %, soit 1,625 milliard. Les 6,4 milliards restants devront provenir du secteur privé. Et c’est là que la lumière vacille : les investisseurs hésitent. Gouvernance fragile, lenteurs administratives, insécurité juridique… autant de freins à la confiance. « La rentabilité d’un projet énergétique dépend des réalités locales », confie Clarisse Ngatchou, directrice d’une société solaire. « Sans garanties solides, ni cadre clair, les investisseurs resteront frileux. Les villages ont des besoins spécifiques et des moyens limités ; il faut une approche adaptée. »

Son constat rejoint celui de Jean-Marc Fouda, PDG d’une entreprise de distribution de gaz : « Nous voulons participer, mais comment électrifier des zones sans routes ni transformateurs ? Avant d’allumer la lampe, il faut construire le poteau ».

Le gouvernement mise sur un partenariat public-privé dynamique, mais encore faut-il un terrain de confiance. Pour Dr Paul Ongolo, économiste, « la clé du succès réside dans la gouvernance. Sans transparence ni sécurité juridique, les capitaux privés resteront à distance. »

Il plaide pour des mécanismes clairs : gestion rigoureuse des fonds, audits réguliers, communication honnête des avancées et lutte contre la corruption. Autant de signaux capables d’éclairer la route des investisseurs.

Le Compact énergétique est donc bien plus qu’un projet technique : c’est un test politique et moral. L’électricité promise ne dépend pas seulement de câbles et de turbines, mais de la capacité du Cameroun à instaurer la confiance. Car avant de brancher les villages, il faut rallumer la foi des investisseurs.

Rémy Biniou

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