Johannesburg 2025 : l’Afrique se mobilise pour reprendre le contrôle de ses ressources.

Le Centre régional africain pour le développement endogène et communautaire (CRADEC) a pris part, du 7 au 10 octobre 2025 à Johannesburg, à la 13e Conférence panafricaine sur les flux financiers illicites (FFI) et la fiscalité, un rendez-vous décisif qui a réuni dirigeants africains, institutions continentales et société civile autour d’un objectif commun : faire de la justice fiscale un levier de souveraineté économique.
Organisé par le Tax Justice Network Africa (TJNA) en collaboration avec la Commission de l’Union africaine (CUA), le Forum africain des administrations fiscales (ATAF), la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) et d’autres partenaires, sous le thème central « Honorer l’héritage, construire l’avenir », le conclave a marqué les dix ans du rapport du Panel de haut niveau présidé par S.E. Thabo Mbeki. Ce rapport historique avait révélé aux Chefs d’Etat et de gouvernement africains, l’ampleur alarmante de la fuite de capitaux hors du continent, estimée à plus de 50 milliards de dollars par an. « Les FFI ne sont pas un problème abstrait, mais une hémorragie bien réelle qui prive l’Afrique de sa souveraineté économique », a rappelé Thabo Mbeki, présent aux assises.
Dix ans plus tard, la conférence de Johannesburg a dressé un bilan mitigé : des avancées en matière de transparence fiscale, mais une persistance inquiétante des pratiques d’évasion et d’érosion de la base fiscale.
Pour la Directrice exécutive du TJNA, Mme Chenai Mukumba, l’heure est venue de transformer les discours en action : « l’Afrique a besoin de champions capables de faire en sorte que sa richesse serve son peuple ».
Jean Mballa Mballa, Directeur Exécutif du CRADEC, et Président du Conseil Exécutif de TJNA, représentant le Cameroun et les acteurs du développement endogène, a tenu particulièrement à rendre hommage aux précurseurs de cette initiative, en particulier à l’Union africaine et son Panel de Haut Niveau, conduit par le Président Thabo Mbeki. « Votre rapport, qui a jeté les bases de notre travail, vos enfants au sein et en dehors de TJNA, est un héritage dont nous sommes fiers. Encore une fois, nous vous en remerciement très sincèrement » va-t-il martelé. Dix ans après sa publication, nous devons nous interroger : comment avons-nous utilisé cet héritage ? Quels pas avons-nous franchis ? Il a par ailleurs plaidé pour un renforcement des capacités nationales, une coopération fiscale inclusive et une mobilisation accrue des ressources domestiques.
Au terme des travaux, les participants outillés entre autres pour le suivi des politiques Anti-Flux Financiers Illicites, ont appelé à une nouvelle ère de responsabilité et de transparence, condition essentielle pour financer durablement le développement du continent africain. « Alors que nous rentrons, portons avec nous cette énergie collective, cet engagement renouvelé et cette solidarité panafricaine. Continuons à travailler ensemble pour garantir que la justice fiscale et la lutte contre les FFI deviennent une réalité pour la transformation structurelle dans nos pays et sur l’ensemble du continent », a conclu Jean Mballa Mballa.
Le PAC 2025 s’est ainsi imposé comme un tournant historique : celui d’une Afrique qui entend désormais reprendre le contrôle de ses ressources et faire de la justice fiscale un pilier de sa souveraineté.
Tom.



