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Filière viticole: frénésie chez les étudiants de petites bourses

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Les fourneaux d'Ali tournent au ralenti

L’augmentation du prix des œufs de poulet crée une anxiété dans les quartiers latins de Yaoundé comme Ayéné et Mvog-Mbi.

C’est un regard foudroyant que lance Yves, étudiant à l’Institut universitaire Siantou de Coron à Ali, propriétaire d’un tourne-dos au 2e portail de l’université catholique d’Afrique Centrale (UCAC), après avoir reçu son remboursement. Dans cet imbroglio une querelle éclate entre les deux hommes. Quelques minutes avant, Yves passe la commande de 2 œufs spaghettis.

D’habitude, il dépense 350 FCFA avec un pain de 100, le tout revient à 450 FCFA. Mais ce matin du 21 octobre, en donnant 1 000 FCFA, il reçoit 450 FCFA comme remboursement, au lieu de 550 FCFA comme d’habitude. « Mon frère les œufs ont augmenté. L’alvéole qui coûtait 2 250 FCFA coûte aujourd’hui 2 700 FCFA. Je n’ai pas le choix que d’ajouter 50 FCFA par omelette », se justifie Ali.

Cette situation ne convainc pas Yves, mais il accuse difficilement le coup, « comment on augmente les prix sans prévenir ? Moi pauvre étudiant je fais comment pour tenir ? Je suis obligé d’aller à pied au campus alors que je comptais prendre la moto avec les 100 FCFA. Je vais arriver en retard et je n’aurai pas une bonne place », se plaint-il. Son vis-à-vis voyant le nombre important de clients devant lui n’admet pas les récriminations de Yves.

Dans un sursaut d’orgueil, il lui demande de libérer le planché, « je n’invente pas les prix monsieur. Je n’ai non plus une ferme pour produire les œufs. Vous avez été servi, il faut partir j’ai d’autres clients devant moi », menace Ali. Cette scène frustre la jeune Jennifer, elle aussi étudiante dans un institut de la place. Elle annule sa commande : « nous les pauvres ne vont plus manger. La nourriture reste maintenant une affaire des riches ». Elle se rabat vers mama Douka une vendeuse de beignet-bouillie-haricot (BBH) à proximité de la cafétéria d’Ali, « mon niveau c’est chez mama Douka. Les 100 FCFA que je peux dépenser peuvent m’aider à avoir 4 beignets en plus », s’écrie l’étudiante.

Du côté de Mvog-Mbi, cette hausse soudaine de 25%, soit 25 FCFA fait le bonheur des vendeuses de repas traditionnel comme l’Okok, le Eru ou encore des sauces (tomate et arachide). Le cas de mamie Okok qui voit son agenda bousculer. Depuis plus d’une semaine, elle vient à 9h, alors que d’habitude elle arrive dans le maquis situé à proximité d’un campus à Mvog-Mbi à 11h : « trop de demandes de la part des étudiants. Mon téléphone sonne sans cesse, ils me harcèlent de venir avec l’Okok. Je suis obligée et malgré cette pression, je fais un 100% dans les ventes. Les vendeurs d’omelette nous jalousent déjà », ironise la vendeuse.

André Gromyko Balla

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