A cause de la troublante ressemblance entre la nouvelle pièce de 25 FCFA et l’ancienne de 50 FCFA, usagers et commerçants se perdent, et les erreurs de comptes s’accumulent.
Depuis l’introduction des nouvelles pièces de monnaie dans la zone CEMAC par la BEAC en 2023, un malentendu d’un nouveau genre s’est glissé dans les échanges quotidiens. Dans plusieurs localités du pays, où les nouvelles pièces se démocratisent de plus en plus, la confusion est d’autant plus ressentie. Le problème est simple : la pièce de 25 FCFA version 2023 est quasiment un sosie de l’ancienne 50. Même format, même couleur, même confusion. Résultat, usagers et commerçants s’y perdent, et les erreurs s’accumulent.
Sur les marchés, dans les taxis ou chez les vendeurs de rue, la scène devient familière : on tend une pièce, on plisse les yeux, on soupire. « Je rends la monnaie au jugé maintenant. Si le client proteste, je lui rends son argent et je lui demande de faire l’appoint lui-même », confie Madeleine, caissière dans un supermarché à Garoua. « Un passager m’a payé 100 FCFA avec deux pièces. Croyant que c’étaient deux 50, j’ai démarré. C’étaient deux 25. Il a voyagé en promotion », raconte Moussa, chauffeur de taxi à Yaoundé.
La situation est d’autant plus critique que ces nouvelles pièces, censées cohabiter progressivement avec les anciennes, inondent déjà les poches camerounaises. « Depuis deux mois, je ne vois presque plus les vieilles pièces. Maintenant, chaque jour, je dois deviner si c’est 25 ou 50 », se plaint Rosine, vendeuse de beignets à Mfou. Même les enfants s’y perdent. À Yaoundé, Mme Ngo Bissom raconte : « Mon fils m’a dit qu’il avait eu 150 francs. C’étaient trois pièces de 25. Il était tout fier d’avoir gagné au change ».
Depuis, la BEAC (Banque des Etats de l’Afrique centrale) avait défendu une décision stratégique : pièces modernes, sécurisées, moins coûteuses. Mais sur le terrain, l’impatience monte. « Qu’on modernise, d’accord. Mais qu’on puisse au moins lire la valeur sans microscope ! », grince Jean-Roger, fonctionnaire à Yaoundé. En attendant mieux, chacun développe ses astuces : comparer le relief, peser les pièces à la main, ou tout simplement… éviter de les utiliser.
Ongoung Zong Bella
