Selon le Digital Report 2025, le Cameroun affiche une dynamique soutenue, portée par la montée en puissance des plateformes digitales.

Le Cameroun consolide sa place dans l’univers numérique africain. D’après le Digital Report 2025, la réalité du pays montre un dynamisme des éseaux sociaux et une jeunesse toujours plus connectée. Derrière les chiffres, se dessine une transformation profonde des usages et des comportements numériques.
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La plateforme Messenger illustre cette progression, souligne le rapport. Avec une hausse annuelle de 16,1 %, soit 92 400 nouveaux utilisateurs, l’application confirme son rôle d’outil de communication privilégié. Sa croissance trimestrielle de 3,5 % témoigne d’une adoption continue, dépassant le simple rôle de messagerie pour devenir un véritable espace de sociabilité. Bien que sa base reste masculine (62,7 %), Messenger regroupe désormais 5,4 % des internautes camerounais, preuve de son ancrage dans la vie quotidienne.
À l’inverse, le réseau X (ex-Twitter) conserve une audience plus confidentielle. Avec 199 000 utilisateurs, soit 0,7 % de la population, la plateforme demeure marginale mais gagne du terrain, enregistrant une croissance de 8,6 % (+15 800 comptes). Son public, à 81,5 % masculin, reflète une tendance observée sur plusieurs marchés africains.
Pour Dr. Sylvie Mvondo, chercheuse en communication numérique à l’Université de Douala, « le déséquilibre de genre observé sur certaines plateformes tient à des facteurs structurels : l’accès différencié aux outils numériques et la persistance d’un usage genré des technologies ». Elle souligne que cette fracture s’atténue progressivement grâce à la démocratisation du smartphone et à la montée en compétence des jeunes femmes dans les métiers du digital.
Le rapport relève par ailleurs que certaines variations de données s’expliquent par la suppression de comptes inactifs ou non conformes. Ces réajustements statistiques, loin de traduire un recul, participent à un assainissement des indicateurs et à une meilleure lisibilité du marché.
Selon Jean-Bernard Tchatchoua, économiste au Centre d’études sur la société numérique (Cesnum), « le Cameroun entre dans une phase de maturité numérique. Les réseaux sociaux deviennent des vecteurs d’activité économique, mais aussi de gouvernance et d’expression citoyenne. Cette hybridation entre communication, commerce et politique structure désormais l’espace public ».
En effet, les réseaux sociaux ne se limitent plus au divertissement : ils façonnent les stratégies de marque, les politiques publiques et les mobilisations sociales. Les entreprises y testent leurs campagnes, les institutions y mesurent l’opinion, et les citoyens s’y engagent pour faire entendre leur voix.
Malgré les défis liés à la désinformation et à la protection des données, le pays progresse vers une économie numérique intégrée, où la connectivité devient un facteur de développement. Dans ce nouvel écosystème, les plateformes sociales apparaissent comme des laboratoires d’innovation et de participation, portés par une génération connectée, critique et inventive, une génération qui fait du Cameroun un acteur numérique qui compte sur le continent.
Jean René Meva’a Amougou