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proclamation des résultats de la présidentielle 2025: la nuit des longs couteaux

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Alors que les résultats officiels tardent à tomber, les réseaux sociaux s’enflamment. Des chiffres circulent, proclamant des victoires éclatantes ici et là. Entre manipulations numériques, emballement partisan et silence des institutions, le Cameroun retient son souffle, suspendu à une guerre des narratifs qui menace la paix fragile de l’après-élection.

La République virtuelle proclame ses vainqueurs

Depuis la fermeture des bureaux de vote le 12 octobre, les plateformes sociales camerounaises se sont transformées en arènes électorales parallèles. Sur Facebook, X (ex-Twitter) et WhatsApp, des “officines” politiques autoproclamées diffusent des résultats régionaux partiels, souvent contradictoires, présentés comme le “reflet authentique du vote populaire”. Dans certaines régions septentrionales, des publications relayées par des comptes influents annoncent des “razzias” d’un candidat de l’opposition, saluant “le triomphe du peuple contre le système”. À l’Extrême-Nord, d’autres voix jurent que “le candidat du changement” aurait remporté une victoire “sans appel”. Une guerre des chiffres qui façonne déjà des certitudes dangereuses. “Nous vivons une élection à deux vitesses : celle des urnes, et celle des algorithmes”, confie un scrutateur sous couvert d’anonymat.

Le calme froid du pouvoir et le silence d’Elecam

Du côté du pouvoir, le ton est étrangement mesuré. Aucun communiqué officiel d’ELECAM, l’organe en charge des élections. Les commissions nationales poursuivent laborieusement la compilation des procès-verbaux venus de plus de 31 000 bureaux de vote répartis sur l’ensemble du territoire. Mais dans les couloirs du Comité central du RDPC, on observe un mutisme stratégique : pas de conférence de presse, pas de déclaration. “Le mot d’ordre est clair : attendre. Ne rien dire tant que la Commission nationale de recensement n’a pas statué”, glisse un cadre du parti au pouvoir.

Entre abstention, irrégularités et zones d’ombre

Au-delà de la bataille médiatique, plusieurs sources évoquent déjà des manquements sérieux dans le déroulement du scrutin. Des électeurs n’auraient pas pu voter dans certaines zones de l’Extrême-Nord, du Sud-Ouest et de l’Adamaoua. “Certains bureaux n’ont ouvert qu’à midi, d’autres n’ont pas reçu tout leur matériel électoral”, rapporte un observateur d’une ONG locale à Batibo. L’ombre d’une abstention massive plane également sur ce scrutin, notamment dans les grands centres urbains où la participation n’aurait pas dépassé les 60 %. Une réalité qui contraste violemment avec les proclamations triomphalistes circulant en ligne.

Quand le numérique fausse la démocratie

Pour les analystes, le véritable danger de l’après-élection ne réside plus dans les urnes, mais dans les narrations numériques. Des campagnes orchestrées depuis l’étranger ou par des structures locales s’emploient à semer le doute, à polariser l’opinion et à préparer les esprits à contester les résultats officiels. “Ce qui se joue actuellement, c’est la fabrication de la légitimité avant même la publication des chiffres réels”, souligne Amougou Fabien, politologue. Le spectre d’une crise de confiance entre institutions, électeurs et opinion publique se dessine déjà. Le risque ? Que le verdict des urnes soit perçu non comme une vérité électorale, mais comme une construction politique.

Un pays au bord de la confusion

Dans les rues de Yaoundé, l’attente se fait lourde. Entre fatigue électorale et incertitude politique, la population scrute les écrans plus que les institutions. Le Cameroun, coutumier des transitions feutrées, se retrouve face à un défi inédit : la bataille de la vérité à l’ère du numérique. Et dans ce tumulte, une question demeure : « Qui, demain, croira encore au verdict des urnes ?

Tom.

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