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Les potins de la campagne

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Faits et méfaits repérés au cours de la campagne électorale

La campagne présidentielle au Cameroun, c’est un peu comme un grand carnaval… mais avec plus de banderoles et moins de confettis. Pendant deux semaines, les candidats vont courir le pays, secouer leurs militants et multiplier les spots publicitaires comme des influenceurs en promo. Tout ça coûte un bras, parfois deux. Alors, d’où sort l’argent ? Entre les fonds personnels, les cotisations militantes et les dons des sympathisants généreux (ou stratèges), chacun tente de remplir sa tirelire électorale. Cerise sur le gâteau : chaque candidat reçoit 15 millions FCFA rien que pour démarrer, et une petite rallonge si au moins 5 % des électeurs disent « oui, je te choisis ». Comme le dit Stéphane Akoa, c’est avant tout un jeu de collecte de sous… façon grande loterie politique.

Tchiroma, « notre bon diable »

Ah, Tchiroma ! L’homme qu’on croyait indéboulonnable, inoxydable, increvable — et qui renaît, chaque élection, tel un phénix coiffé d’un turban oratoire. Ses adversaires le disent « caméléon politique », lui se revendique « expérimenté ». Après tout, il a tout vu : l’opposition, le pouvoir, la chute, la résurrection. Et le voilà, repenti, théâtral, presque mystique : « Je demande pardon aux Camerounais ». Cette fois, les micros n’ont pas tremblé, ils ont fondu. Était-ce sincère ? Était-ce calculé ? Nul ne sait. Mais le moment restera gravé : Tchiroma en pénitent républicain, la main sur le cœur, le ton grave. Un internaute raille : « Même Lucifer aurait besoin d’un attaché de presse comme lui ». Un autre ironise : « C’est notre bon diable : il allume le feu, mais jamais la maison ». Car Tchiroma, c’est ça : un mélange de théâtre et de sagesse populaire. Il tonne, il rit, il gesticule. On ne l’écoute pas, on le regarde. Il pourrait vendre de la pluie à Douala et du soleil à Bamenda. Et pourtant, derrière les mots qui flambent, il y a une vraie intelligence politique — celle du terrain, de la mémoire et du verbe. En somme, un bon diable au sens camerounais : roublard, bavard, mais toujours attachant. Capable de transformer un meeting en confession et une confession en spectacle. Sa devise implicite ? « Je parle, donc je suis ». Et dans une campagne où d’autres se taisent prudemment, ce n’est déjà pas rien.

Abdoulaye Abakar, artiste du déchiquetage politique

Dans le festival des gestes électoraux improbables, Abdoulaye Abakar a décroché la palme : armé de ses mains et d’un courage… un peu mal placé, il a déchiré les effigies de Paul Biya comme on froisse une vieille facture. Son acte, immortalisé en vidéo virale, a déclenché une tempête d’indignation et quelques crises de rire involontaires : on ne savait plus si c’était de la politique ou du théâtre expérimental.

La police, peu friande d’art moderne, l’a rapidement invité à méditer sur le papier qu’il venait de martyriser. Entre incitation à la haine et hostilité contre la Patrie, Abdoulaye pourrait bien découvrir que « défendre Tchiroma » ne vaut pas l’exposition d’un carnet judiciaire. Moralité : à l’approche des urnes, mieux vaut les slogans et les stickers que les ciseaux et la colère. Mais qui sait ? Dans ce pays, même un portrait déchiré peut devenir légendaire…

Hilare

Il y a un mois, Nke Fridolin se lançait à la télé dans une enquête dramatique : « Les 7 péchés de Tchiroma ». Trois semaines plus tard, face au ministre, le voilà… bouche bée, yeux écarquillés, sourire jusqu’aux oreilles ! Celui qui jurait le plus grand mépris pour Tchiroma se transforme en fan numéro un, acceptant sa main avec un respect quasi religieux pendant que le ministre, lui, a déjà le regard ailleurs. Incroyable mais vrai : Tchiroma semble avoir ce petit truc qui désarme même les plus sceptiques. Hier encore, un avocat, vice-président d’un parti concurrent, se trémoussait joyeusement au meeting du FSNC… la preuve que le charme Tchiroma n’épargne personne

Sourire de chirurgien

Ah, le professeur Jean Bahebeck, toujours égal à lui-même ! Il entre en campagne… sans campagne ! Voilà un homme qui déclare la guerre au silence tout en brandissant le drapeau blanc — celui du vote, bien sûr. Il nous explique qu’il ne donnera pas de consigne de vote, mais il en donne une quand même, façon « je t’aime, moi non plus » électoral. Pendant que certains candidats s’accrochent aux micros comme à des bouées, lui, il lâche l’affaire avec un sourire de chirurgien : précis, tranchant et sans anesthésie.

Et quand il parle d’un « individu venu de nulle part », on se demande si ce n’est pas une nouvelle espèce politique découverte par l’UPC : l’homo opportunistus, rare mais bruyant. Résultat : Bahebeck choisit le vote blanc, parce qu’au Cameroun, dit-il, même les bulletins ont besoin de repos. Moralité : entre la comédie politique et la tragédie nationale, lui a choisi… la satire.

Jean-René Meva’a Amougou

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