Home ACTUALITÉ Paul Biya à Maroua: entre promesses de réconfort et scepticisme populaire

Paul Biya à Maroua: entre promesses de réconfort et scepticisme populaire

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Le chef de l’État a tenu, ce 7 octobre à Maroua, un meeting de campagne qui avait valeur de test. Après plusieurs semaines de doutes sur sa mobilisation personnelle, Paul Biya a choisi le Septentrion pour rassurer, réaffirmer sa confiance dans l’avenir et tendre la main à une population partagée entre fidélité historique et lassitude sociale.

Un discours de réassurance aux allures de confession

Sous un soleil de plomb et devant une foule mobilisée par les structures du parti au pouvoir, Paul Biya a surpris par un ton plus direct qu’à l’accoutumée :« Je connais les attentes insatisfaites qui vous font douter du lendemain. En me fondant sur l’expérience qui est le mien, je puis vous assurer que ces problèmes ne sont pas insurmontables ».

Ces mots, salués par des acclamations, sonnent comme une reconnaissance implicite des frustrations qui traversent le Grand Nord. « Quand il dit qu’il nous comprend, c’est déjà un pas », confie Aïssatou, commerçante au marché de Domayo. « Mais nous avons trop entendu de promesses. Cette fois, nous voulons voir les actes ».

Le Septentrion, poumon électoral sous tension

Le choix de Maroua n’est pas anodin. Région charnière et réservoir électoral décisif, le Septentrion (Adamaoua, Nord et Extrême-Nord) concentre près de 38 % de l’électorat national, soit plus de 3 millions d’inscrits sur les listes électorales selon les estimations d’Elecam. Lors de la présidentielle de 2018, c’est dans cette partie du pays que Paul Biya avait réalisé ses scores les plus élevés, engrangeant plus de 70 % des suffrages dans certaines circonscriptions.

Mais le paysage a évolué : la jeunesse, nombreuse et désabusée, regarde avec scepticisme. « Je suis venu écouter, mais je n’attends plus rien », lâche Moussa, étudiant en sciences politiques. « Depuis qu’on est enfants, on nous dit que l’avenir sera meilleur. Pourtant, nous sommes toujours sans emploi et sans routes. »

Dissiper les doutes après les hésitations

La présence de Paul Biya à Maroua met fin aux rumeurs persistantes d’un désengagement direct dans la campagne. En apparaissant lui-même dans le Nord, il envoie un double signal : il reste le maître du jeu et il reconnaît le poids politique du Septentrion, capable à lui seul de faire basculer l’élection du 12 octobre. « Le fait qu’il soit venu en personne est déjà une réponse à ceux qui pensaient qu’il ne pouvait plus porter la campagne », analyse un cadre local du RDPC. « Mais il faudra plus qu’un discours pour convaincre les jeunes, qui représentent plus de 60 % des électeurs ici».

Promesse d’expérience contre fatigue électorale

En insistant sur son « expérience » comme gage de solutions, Paul Biya joue la carte du vétéran face à une population impatiente. « L’expérience, c’est bien », rétorque Hamadou, moto-taximan, « mais ce qu’on attend, ce sont des routes, des hôpitaux, du travail. Pas seulement des paroles ». Si le président-candidat parvient à contenir les défections dans son fief septentrional, il consolidera une base électorale difficile à renverser. Mais une baisse de la participation, très redoutée cette année, pourrait affaiblir son socle et ouvrir des brèches à ses adversaires, notamment dans les grandes villes du Sud et de l’Ouest.

Le test de Maroua

Au-delà de l’enthousiasme affiché, Maroua aura servi de révélateur : un président qui tente de transformer la lassitude en confiance, un électorat stratégique en quête de preuves concrètes, et une campagne électorale qui se joue désormais à guichet fermé. À une semaine du scrutin, le message est clair : le Grand Nord détient plus que jamais les clés du verdict national.

Tom.

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