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Le Grand Nord, faiseur de roi

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ITB accueillit en grande pompe dans les villes du septentrion

Région charnière, le Grand Nord, fort d’un poids électoral décisif, détient les clés de l’élection. De Maroua à Garoua, de Ngaoundéré à Kousseri, les discussions sont claires : le choix des populations pourrait transformer la présidentielle en duel inédit, voire en référendum contre le pouvoir en place.

ITB accueillit en grande pompe dans les villes du septentrion

Une semaine décisive

Lundi 06 octobre, la campagne présidentielle entre dans sa phase finale. Pour l’universitaire Dourga Simon, les jeux ne sont pas faits : « le Grand Nord a toutes les cartes en main pour faire basculer cette élection. Avec près de 40 % du corps électoral national, l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord forment un bloc incontournable. Si la région décide de parler d’une seule voix, elle peut sceller le destin du scrutin ».

Un duel possible : l’opposition contre Paul Biya

Dans les marchés de Garoua, les trottoirs des agences de voyage de Maroua et autour de la gare voyageurs de Ngaoundéré, les discussions tournent autour d’une hypothèse qui fait frémir le camp présidentiel : et si le Grand Nord imposait un face-à-face entre Paul Biya et un seul candidat de l’opposition ? Dans le meeting improvisé du Front pour le Salut National du Cameroun à Kousseri, un commerçant résume le sentiment ambiant : « Ici, si nous nous mettons d’accord pour soutenir un seul opposant, alors tout change. Nous pouvons décider de l’avenir de cette élection ».

Plusieurs figures locales confirment des tractations discrètes pour pousser à un regroupement des forces contestataires. « C’est un secret de Polichinelle : les alliances qui se dessinent peuvent transformer le jeu politique », souffle un cadre politique à Ngaoundéré.

Vers un référendum contre le système ?

Certains vont plus loin. Pour eux, le scrutin du 12 octobre pourrait prendre des allures de référendum. Non pas pour ou contre un candidat, mais pour ou contre le maintien du statu quo. « Si le Grand Nord fixe ses conditions, si ses leaders parlent d’une seule voix, alors cette élection devient un plébiscite. On vote non pas pour des promesses, mais contre un système », explique Dieudonné Douvagai, étudiant à l’université de Garoua.

Ces conditions, évoquées dans les cercles politiques, vont de la représentation accrue des régions du Nord dans l’appareil d’État à une redistribution plus équitable des ressources, en passant par la lutte contre l’insécurité chronique qui mine les départements du Logone-et-Chari, Mayo-Tsanaga et Mayo-Sava.

La voix des populations

Dans les Monts Mandara, jadis terrain conquis pour le Rassemblement Démocratique du Peuple Cameroun (RDPC), le parti au pouvoir, des voix s’élèvent. Un jeune villageois tranche : « on nous utilise depuis toujours comme un réservoir de voix. Cette fois-ci, c’est nous qui allons utiliser notre force pour décider ». Même son de cloche dans la vallée de la Bénoué, où une institutrice confie : « nous savons notre poids. Nous savons que sans nous, personne ne gagne. Alors pourquoi ne pas en profiter pour imposer nos conditions ? »

Un enjeu national

Les observateurs nationaux et internationaux, eux aussi, surveillent de près les signaux venus du Nord. Car dans un pays où l’électorat est fragmenté, seule cette région peut créer un basculement. « L’équation est simple : si le Grand Nord tranche, le Cameroun bascule. S’il hésite, l’incertitude demeure », analyse un expert électoral joint à Yaoundé.

Un scrutin sous tension

À quelques jours du vote, une chose est certaine : le Grand Nord ne veut plus être spectateur. Il veut devenir acteur, arbitre et, peut-être, faiseur de roi. La question est désormais de savoir si cette volonté se traduira par un choix clair. Duel ou référendum : le 12 octobre, c’est bien dans le Nord du Cameroun que se décidera le visage du Cameroun de demain.

Tom

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