Religieux et populations locales se disputent le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).

Pénétrer l’enceinte du séminaire saint Joseph que fréquentait Paul Biya est difficile, car le clergé dit être apolitique. Mais, au contact avec les responsables de ce séminaire, il y a une fierté et un honneur d’avoir eu un élève aujourd’hui président de la République, et candidat à sa propre succession. La conservation de la salle de classe, du banc de l’élève Biya, la conservation du dortoir et du lit de l’illustre apprenant en disent long sur l’état d’esprit dans cet établissement de l’enseignement secondaire général. « Avoir eu un élève devenu président est un très grand honneur. Nous rendons grâce à Dieu. Nous prions de produire d’autres présidents », mentionne l’actuel recteur du petit séminaire où a étudié le chef de l’État.
À voir et à entendre parler les Akonois, une opposition politique à un fils du village n’existe pas. Même s’ils prétendent être des démocrates, les Akonois sont une main de fer dans un gang de velours. Prononcer le nom d’un autre candidat est une insulte, à quelques jours de l’élection présidentielle. Tout le monde prêche et ne prononce qu’un seul nom, celui du candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC).
Qu’on soit au marché, dans les débits de boissons et autres lieux publics, Paul Biya est sur tous les lèvres. Achille Mballa, technicien en bâtiment, venu construire une maison à « Biya City », comme l’appelle Jean Louis moto taximan, rate de justesse la bastonnade dans un bar de la place, dans la nuit du 24 septembre 2025. Ce dernier, venu étancher sa soif après une dure journée de travail, intervient dans une discussion politique. Il se présente alors comme un militant du PCRN. « Je suis Cabral Libii », lance-t-il. Comme un seul homme, tout le monde se retourne pour identifier le courageux militant du PCRN. Très vite, Joël, l’un de ses collaborateurs et fils du coin, vole à son secours. « Il blague, ne prenez pas à cœur ce qu’il dit. Il taquine toujours quand il est saoul », plaide-t-il. Pour plus de sécurité, Joël l’extirpe et le conduit vers son habitation.
La population d’Akono, dans son immense majorité, dit n’avoir qu’une opposition interne : la guerre fratricide entre les élites. Pour Amougou Anicet, « mon papa Paul Biya nous as tout donné. Dans la région du Centre, nous avons le plus grand nombre de ministres. Nous avons les directeurs généraux. Mais à cause des égos et des guerres entre élites d’ici, la ville ne se développe pas ».
Denise, revendeuse au marché d’Akono, émet le vœu de voir son père fouler à nouveau le sol d’Akono pendant ou après les élections. « Le président doit revenir ici même avec la campagne. On nous dit qu’il a étudié ici, mais à 50 ans, je ne l’ai jamais vu », explique-t-elle.
André Gromyko Balla à Akono