Le 15 octobre de chaque année, le Cameroun se joint à la communauté internationale pour commémorer la Journée Mondiale de la Femme Rurale (JMFR).

Plus qu’une simple commémoration, il s’agit d’un rendez-vous mondial d’engagement et de plaidoyer en faveur de celles qui, par leur travail quotidien dans les champs et au sein des familles, portent une part essentielle de la sécurité alimentaire et du développement durable.
Instituée par les Nations Unies à la suite de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en 1995, cette journée vise à rendre hommage aux femmes rurales et à attirer l’attention des États et des partenaires au développement sur les défis auxquels elles font face, afin de mieux orienter les politiques publiques et les initiatives communautaires en leur faveur.
Pour notre pays, cette célébration constitue un moment privilégié d’évaluation et de projection : évaluation des efforts déjà consentis pour améliorer les conditions de vie des femmes rurales, et projection vers de nouvelles stratégies adaptées aux réalités contextuelles.
C’est ce à quoi nous invite d’ailleurs le thème de cette 30ème édition, qui est : « Femmes rurales face aux défis des changements climatiques et de l’accès aux ressources productives ». Ce thème met en lumière deux défis majeurs qui affectent directement la vie et la résilience des femmes rurales de notre pays. Il s’agit d’une part, des effets du changement climatique qui bouleversent les cycles agricoles, dégradent les terres et compromettent la sécurité alimentaire ; et d’autre part, les difficultés d’accès aux ressources productives (terre, crédit, intrants, technologies et formation) qui limitent leur productivité et entravent leur autonomisation économique.
Ce thème est en parfaite cohérence avec :
– la Vision 2035, opérationnalisée dans sa deuxième phase par la Stratégie Nationale de Développement 2020-2030 (SND30) ;
– l’axe stratégique n°3 de la Politique Nationale Genre sur le « Renforcement de la contribution des femmes au développement socioéconomique par leur insertion aux circuits productifs et l’accès égal aux opportunités d’emploi et aux facteurs de production » ;
– le Plan National d’Adaptation aux Changements Climatiques ;
– les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 2 qui vise à éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable, l’ODD 5 qui ambitionne de parvenir à l’égalité des sexes et d’autonomiser toutes les femmes et les filles et enfin l’ODD 13 qui porte sur la lutte contre le changement climatique et ses impacts.
Mesdames et Messieurs
Les statistiques sont parlantes : au Cameroun, les femmes vivant en milieu rural représentent 71,6% de la main d’œuvre agricole et produisent plus de 85% des produits vivriers consommés. Les femmes rurales s’investissent dans les travaux champêtres, le commerce et d’autres activités génératrices de revenus, pour améliorer leurs conditions de vie et celles de leur famille.
Par leur présence, elles contri- buent à la stabilisation des cam- pagnes, à la lutte contre la faim et la pauvreté, à la transmission des sa- voir-faire traditionnels et des pra- tiques durables adaptés aux défis en- vironnementaux. Elles sont le pilier et le cœur de leurs familles, de leurs communautés et de la société dans la- quelle elles vivent. Elles sont garantes des identités culturelles et, leur contribution à l’économie locale mais aussi nationale et mondiale est considérable!
C’est pour toutes ces raisons que les femmes rurales méritent notre re- connaissance et tout le respect qui leur est dû. Le Chef de l’Etat lui- même, Son Excellence Paul BIYA, dans son discours d’ouverture du Comice Agro-pastoral, le 17 janvier 2011 à Ebolowa, leur rendait un vibrant hommage en déclarant, je cite :
« Je tiens à rendre un hommage mérité à nos paysans, en particulier aux femmes rurales qui ne ménagent aucun effort, à tous les maillons de la chaîne de production agro-pastorale, et grâce auxquelles nous pouvons manger à notre faim ». (Fin de citation).
Malgré ces rôles majeurs dans notre société, les femmes rurales restent confrontées à de nombreux obstacles entres autres : le faible accès à la propriété foncière, au crédit, aux intrants, aux technologies ; la charge domestique élevée et l’exposition ac- crue aux effets néfastes des changements climatiques. Aussi, leur donner les moyens d’être autonomes permet- tra au secteur rural de réaliser pleinement son potentiel humain et sa capacité productive.
Conscient de ces défis, le Gouvernement, sous la très haute impulsion du Chef de l’État, Son Excellence Paul BIYA, et à travers le Ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille ainsi que d’autres administrations et partenaires, met en œuvre plusieurs actions, parmi lesquelles :
– l’octroi de matériels et intrants agricoles aux femmes et groupes de femmes en vue de réduire la pénibilité de leur travail ;
– le renforcement des capacités des femmes sur les techniques modernes de production, de transformation, de conditionnement et de commercialisation ;
– la sensibilisation sur les tech- niques et technologies adaptées aux changements climatiques ;
– la vulgarisation des services fi- nanciers inclusifs et adaptés aux activités féminines ;
-le plaidoyer en faveur de l’accès des femmes à la terre et aux ressources productives ;
– la valorisation des savoir-faire locaux des femmes vivant en milieu rural ;
– la sensibilisation et l’accompagnement des femmes vivant en milieu rural au regroupement en coopératives ;
– la diffusion des informations concernant les programmes et projets gouvernementaux mis en œuvre dans le secteur rural ;
– le renforcement de la mobilisation des communautés pour la lutte contre les pratiques culturelles néfastes à l’égard des femmes et filles vivant en milieu rural.
À l’occasion de cette 30ème édition, il est question de renforcer ces efforts à travers des activités variées : cafés-débats, foires-expositions, sessions de renforcement de capacités, forums de solutions vertes, octroi du matériel et équipements et bien d’autres. L’objectif étant d’outiller les femmes rurales à mieux s’adapter aux changements climatiques et à améliorer leur accès aux ressources productives.
Chères femmes rurales,
Vous êtes les « reines de la terre », gardiennes de nos traditions et piliers de notre sécurité alimentaire. Je voudrais vous rappeler qu’une femme rurale résiliente et bien outillée est un agent de changement incontournable. Éduquée, formée et accompagnée, elle est capable d’innover, de préserver l’environnement, de créer de la valeur et d’assurer le bien-être de sa famille et de sa communauté.
Je vous exhorte donc à prendre une part active à toutes les activités organisées en votre honneur et à en tirer le maximum de profit pour améliorer vos conditions de vie et contribuer au développement durable de notre pays.
C’est sur cette note d’exhortation et d’espoir que je déclare lancées, sur l’ensemble du territoire national, les activités marquant la célébration de la 30ème édition de la Journée Mondiale de la Femme Rurale au Cameroun.
Vive la Femme vivant en milieu rural du Cameroun !
Vive le Cameroun et son illustre Président, Son Excellence Paul BIYA! Je vous remercie.
Pr. Cathérine ABENA ONDOA