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USA–Cameroun: entre élections et lutte antiterroriste

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La semaine passée, Yaoundé a vu défiler deux visiteurs de poids : l’ambassadeur américain et le chef de l’Africom, le commandement militaire américain pour l’Afrique. Ces rencontres avec Paul Biya montrent que Washington revient sur le devant de la scène camerounaise. Mais ce retour soulève une question centrale : les États-Unis veulent-ils aider à consolider la démocratie camerounaise ou privilégient-ils avant tout la sécurité régionale ?

La sécurité avant tout

Depuis plus d’une décennie, le Cameroun est confronté aux attaques de Boko Haram et de ses factions dans le bassin du Lac Tchad. Pour les États-Unis, ce dossier est prioritaire. La visite du général Michael Langley à Yaoundé n’a laissé aucun doute : Washington considère le Cameroun comme un partenaire militaire incontournable. « Les États-Unis ne peuvent pas se permettre de voir vaciller un État pivot de la stabilité régionale », rappelle le politologue camerounais Mathias Eric Owona Nguini. En clair : l’enjeu sécuritaire prime sur le reste.

Des financements qui reviennent

Après une période de froid diplomatique et la suspension de certains programmes, Washington a annoncé le retour de financements, notamment pour la santé et les infrastructures. Ces appuis rappellent que les États-Unis ne veulent pas se couper totalement d’un pays stratégique. Pour l’universitaire Jean Hassane, « il s’agit d’une diplomatie d’équilibre : maintenir l’influence américaine sans donner l’impression d’un soutien aveugle au régime ». Les financements sont donc un signal de rapprochement, mais ils restent encadrés.

Silence sur les querelles électorales

Mais un sujet reste délicat : la gestion des contentieux pré-électoraux au Cameroun. Alors que la société civile et l’opposition dénonce des irrégularités, les officiels américains se montrent très discrets. Interrogé sur le sujet, l’ambassadeur américain a résumé la position de Washington : « Le choix des Camerounais appartient aux Camerounais eux-mêmes ». Autrement dit, pas d’ingérence. Une neutralité qui peut être perçue comme un signe de respect… ou comme un calcul pour ne pas froisser un régime encore solidement installé.

Entre urnes et kalachnikovs

Le dilemme est clair : les États-Unis veulent à la fois apparaître comme des partenaires de la démocratie et défendre leurs intérêts stratégiques. Mais en donnant la priorité à la lutte antiterroriste, ils prennent le risque d’être accusés de double discours. Cette tension entre urnes et kalachnikovs n’est pas propre au Cameroun : elle traverse toute la politique africaine de Washington. Mais ici, elle prend une résonance particulière, dans un pays où la question de la succession présidentielle reste ouverte. Tant que ce flou persistera, la relation USA–Cameroun restera faite d’équilibres fragiles, où la sécurité l’emporte sur la démocratie.

Tom.

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