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Universités d’Etat: « Les invisibles » des campus lèvent la voix

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Entre frustrations accumulées et blessures silencieuses, des personnels d’appui des institutions publiques d’enseignement supérieur expriment leur ras-le-bol.

Sans eux, amphithéâtres, laboratoires et administrations sombreraient dans le chaos. L’excellence académique, préviennent-ils, resterait un mirage inaccessible. Ce sont eux, dans l’ombre, qui tissent le quotidien de l’université, veillant à ce que la machine éducative ne s’arrête jamais. « Sans le personnel d’appui, le travail des enseignants est nul et de nul effet. Ils sont les architectes de l’université. Avec endurance, persévérance et compétence, ils travaillent dans l’ombre », lançait pompeusement le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur (Minesup) en mai 2011. 

Pourtant, plus de dix ans plus tard, près de 3 000 personnels d’appui à travers le pays attendent encore la pleine application du décret du 18 mai 2011, le texte qui leur garantit primes d’enseignement et de recherche, primes de technicité et de non-logement. 

Colère

Le 17 septembre dernier, à Douala, la parole longtemps contenue des agents d’entretien, techniciens, secrétaires ou laborantins s’est libérée. Dans une salle où l’émotion flottait comme un souffle, leur message a fait frissonner : « Nous ne sommes pas des grévistes, mais des serviteurs de l’État oubliés ». Le ton reste respectueux mais ferme. « Nous croyons au dialogue, mais la patience a des limites », avertissent-ils. Leurs revendications sont nettes et précises : le paiement des rappels liés à la revalorisation du SMIG de 2014, partiellement appliquée en 2021 ; l’application immédiate de la grille salariale validée en 2023 ; la mise en place d’un véritable profil de carrière. Et pour protéger leur espace de compétence jusque-là reconnu, ces travailleurs regroupés au sein du SYNAPAUC (Syndicat national des personnels d’appui des universités du Cameroun) exigent le retrait des professeurs des lycées affectés à des postes réservés au personnel d’appui. 

Le timing n’est pas anodin. À quelques semaines de la rentrée universitaire 2025-2026, le collectif rappelle l’impact de la démotivation sur le service public : « Un travailleur mal payé est un travailleur démotivé ». Derrière ces mots, c’est la stabilité de l’enseignement supérieur camerounais qui se joue, mais aussi la dignité de milliers de familles. Entre l’ombre et la lumière, ces invisibles réclament justice, non seulement pour eux, mais pour l’avenir même de l’université camerounaise.

Au Cameroun, on compte près de 3000 personnels d’appui dans les universités camerounaises, selon les syndicalistes. Certains attendent ces textes depuis 1993, date à laquelle ont débuté les négociations sur leur statut particulier.

JRMA

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