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Une solution pour éviter la « dissolution »

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Le panel lors de la conférence de presse

Depuis 2018, acteurs des industries culturelles et créatives du Cameroun espèrent créer un rapport de force citoyen pour hisser la culture au rang de priorité des candidats au fauteuil présidentiel.

Le panel lors de la conférence de presse

Reconnaître la valeur économique et sociale des ICC (industries culturelles et créatives) et promouvoir la culture camerounaise comme vecteur de cohésion, d’emploi et de rayonnement international. Ainsi se résume l’affaire. Des voix l’ont portée mais rien ne semble encore bien audible. Alors, le Groupement des acteurs des industries culturelles et créatives du Cameroun (ACTICCC) décidé de l’amplifier un peu plus ce 12 septembre 2025 à Yaoundé. « Nous voulons que les candidats nous disent clairement ce qu’ils comptent faire pour la culture », insiste Blaise Etoa, président de l’ACTICCC au cours d’une conférence de presse. Selon lui, la richesse créative du Cameroun reste trop souvent sous-exploitée, faute de politiques structurantes.

Les programmes de campagne de nombreux candidats négligent encore la dimension culturelle, pourtant essentielle pour le rayonnement et l’économie du pays. Alain Boyomo, directeur de publication du quotidien Mutation, ajoute que la culture, explicite ou implicite, est souvent méconnue dans sa portée réelle. Et pour cause : selon l’UNESCO, ce secteur représente plus de 3 % du PIB mondial et emploie près de 30 millions de personnes. Au Cameroun, malgré une jeunesse créative et un patrimoine reconnu sur le continent, les ICC restent sous-exploitées, laissant un potentiel considérable inexploité.

Le Pacte culturel

Celui de l’ACTICCC s’articule autour de dix axes stratégiques :

1.Reconnaissance constitutionnelle : inscrire la culture comme droit fondamental et créer un Conseil national de la culture.;

2.Économie créative compétitive : intégrer les ICC dans les politiques de croissance et créer un fonds d’investissement;

3. Décentralisation culturelle : rendre la culture accessible sur tout le territoire via des Cités de la Culture et des budgets locaux;

4. Réforme du financement : encourager mécénat, partenariats public-privé et projets bancables;

5. Révolution numérique : déployer des plateformes souveraines et former les créateurs aux nouvelles technologies (IA, VR, NFT);

6. Statut juridique et social : assurer protection sociale et rémunération équitable pour les professionnels de la culture;

7. Éducation artistique et formation : généraliser l’enseignement culturel et créer des centres de formation;

8. Protection du patrimoine : valoriser le patrimoine matériel et immatériel, le numériser et le transmettre;

9. Culture et cohésion nationale : utiliser la culture comme outil de dialogue, de paix et de lutte contre les discriminations;

10. Rayonnement et diplomatie culturelle : positionner le Cameroun comme puissance culturelle africaine à travers une présence mondiale.

    Continuité citoyenne

    Des propositions proches ont été placées au cœur du concept « La culture entre en campagne », lancé le 4 août dernier par Réseau des Journalistes Culturels du Cameroun (RJ2C). G.-Laurentine Assiga, sa présidente-fondatrice, en avait décliné la vision : « inciter les électeurs à juger les candidats sur leur vision culturelle. Trop longtemps, la culture a été reléguée au second plan. Pourtant, elle peut être un puissant moteur d’emploi, de cohésion sociale et de rayonnement international ».

    On se souvient également du plaidoyer du cinéaste Jean-Pierre Bekolo, lancé en 2018 : « Seule la culture peut sauver le Cameroun ». Bekolo dénonçait l’abandon des artistes par l’État, instrumentalisés pour le divertissement ou les campagnes politiques, au lieu d’être soutenus comme véritables moteurs du développement. « Mépriser la culture, c’est nous mépriser nous-mêmes », écrivait-il, rappelant que la crise camerounaise est d’abord culturelle, enracinée dans des traumatismes hérités de la colonisation et un déni identitaire.
    Son Pacte proposait alors dix mesures ambitieuses :

    « 1-Mettre en place une “politique culturelle” nationale organisant le secteur de la culture et définissant le cadre, les conditions d’exercice, le statut, les rapports des différentes professions et acteurs, le chômage, la retraite et l’assurance maladie. Créer une académie attribuant chaque année des prix nationaux dans le domaine de la culture dotés d’une importante enveloppe financière;

    2. Créer une agence nationale d’investissement, de financement et de promotion des innovations, des infrastructures et de la production culturelle dotée d’un budget d’au moins 100 milliards de FCFA afin d’en faire de la culture un secteur stratégique pour notre économie pour une consommation locale et une compétitivité l’internationale;

    3. Ne pas abandonner la culture aux seules lois du capitalisme en fixant un cahier de charges culturelles à tous les ministères, mairies, écoles, et institutions publics et entreprises privés au prorata de leur budget ou chiffre d’affaires;

    4. Inscrire la culture comme priorité dans des Programmes Indicatifs Nationaux et Régionaux (PIN et PIR) de coopération, ainsi que dans le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE). ;

    5. Financer la culture par la création d’une taxe culturelle pour toutes les entreprises dont l’activité importe des cultures non-africaines, menaçant nos cultures de disparition : téléphonie, chaines de télévision, internet, publicités, importation dans le secteur de l’habillement, agro-alimentaire… pour financer et promouvoir la culture nationale;

    6. Créer une plateforme de crowdfunding pour financement de la culture ouverte sur l’international;

    7. Faire de l’alphabet du roi Njoya l’alphabet national camerounais aux cotés de l’existant, plus sophistiqué que le chinois. Et du faire du Cam-fran-anglais une langue nationale officielle;

    8. Créer à l’instar des centres culturels français en lien avec les ambassades des maisons de la culture du Cameroun comme des espaces culturels où se fait la promotion de la culture du Cameroun à l’étranger et ouvrir de nouveaux marchés à la culture. Et offrir un statut diplomatique aux acteurs culturels ayant fait briller les couleurs du Cameroun à l’étranger.

    1. Assainir le marché de la vente des produits culturels en créant une unité de police spéciale voire un tribunal pour protéger les produits culturels contre la piraterie et la fraude et permettre la création d’une économie culturelle.
    2. Mettre en place un environnement fiscal et douanier incitatif adapté à la double nature économique et culturelle des activités des entreprises de la culture».

    TOM et Jean-René
    Meva’a Amougou

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