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« Depuis Paris » …: Paul Biya publie son bulletin de santé

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Paul Biya et Thierry Marchand au palais de l'Unité le 29 2025.

Par la voix de son ambassadeur en fin de séjour au Cameroun, la France assure la communication autour de l’état physique et intellectuel du candidat du RDPC à l’élection présidentielle du 12 octobre prochain.

Paul Biya et Thierry Marchand au palais de l’Unité le 29 2025.

«Parce que vous avez fait le vœu de vous retirer de la vie intramondaine, donc de l’invisibilité sociale, vous êtes moine ! Si vous êtes un agent des services secrets, l’invisibilité est la condition de l’exercice de votre métier, voire de votre survie. Mais vous m’accorderez que ce sont là des expériences limitées ! Pour le reste, comme lors d’une élection, être visible est la destinée de chaque candidat et être invisible sa déchéance ». S’il a assimilé cette « leçon » dispensée à Yaoundé (il y a quelques jours devant le Conseil constitutionnel) par Me Akere Muna, Paul Biya, candidat à sa propre succession lors du scrutin présidentiel du 12 octobre prochain, est (enfin) visible.

A ce titre, l’audience qu’il a accordée à l’ambassadeur de France au Cameroun le 29 août dernier au palais de l’Unité offre un cadre d’interprétation adossé à quelques corrélations significatives. En effet, sur la foi d’un reportage diffusé dans la soirée du 29 août 2025, sur l’antenne télé de la CRTV, le candidat du RDPC (Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais) a longuement fait signe de vie. « Tacitement, il a fourni une palette de réponses aux préoccupations devenues courantes au sein de l’opinion publique et relatives à son état de santé physique et intellectuelle », commente Gisèle Akamse. Selon la sémioticienne et militante du RDPC basée à Ebolowa (région du Sud), «il est clair que le récit de la CRTV s’est volontairement voulu neutre et éloigné des intérêts du candidat Biya».

En prenant les choses par ce bout, d’autres commentateurs estiment que, dans le souci de combiner les continuités et les discontinuités émotionnelles qui portent le débat autour de la capacité de Paul Biya à « tenir encore » pendant un mandat de sept ans, la télévision d’État s’est assurée d’un maximum d’effets de surprise dans son rendu. « On a bien vu l’ambassadeur Thierry Marchand apparaître tel un spécialiste soucieux de livrer les secrets d’un bulletin de santé », explique un médecin ayant requis l’anonymat. De manière plus ou moins instinctive, ce dernier ironise : « En laissant l’ambassadeur de France donner des détails sur un sujet à partir duquel dégoulinent confusions et interrogations de toutes sortes, on peut postuler que c’est Paris qui a été chargé d’ouvrir le bulletin de santé du président à la face du peuple camerounais ».

À l’aide d’un ton qu’escorte également une certaine ironie, la politologue Anne Gweth, relève que « relativement à la santé physique et intellectuelle du président Biya, avant c’était simplement flou. Maintenant, c’est inquiétant d’entendre ou de voir un diplomate français disposer de nombreux éléments de langage destinés à une communication politique ». Et à écouter Thierry Marchand au perron du palais de l’Unité le 29 août dernier, tout porte à indiquer que sa rhétorique face à la presse s’adressait à un public ciblé.

Selon l’ambassadeur de France (arrivé en fin de séjour) au Cameroun, le président Paul Biya dégage l’humeur d’un personnage « très attentif, très informé sur plusieurs dossiers, très à l’aise sur beaucoup d’autres ». Conclusion : il n’y a pas lieu de saboter sa présence sur la ligne de départ du marathon politique du 12 octobre 2025.

Dans une approche qu’elle dit assumer de bout en bout, Anne Gweth rappelle « le contexte de la démission du président Ahidjo ». « Celle-ci est intervenue après un diagnostic de Paris qui avait estimé que Ahmadou Ahidjo n’était plus capable de jouer son rôle de président de la République du Cameroun ». La politologue poursuit : « Quand on entend ce qu’a dit l’ambassadeur de France au Cameroun à Yaoundé le 29 août dernier, on peut estimer fondée l’idée selon laquelle c’est la France qui adoube ou défait certains régimes en Afrique ».

Jean-René Meva’a Amougou

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