Home INTÉGRATION RÉGIONALE Gabon : « L’enfer, c’est les autres »

Gabon : « L’enfer, c’est les autres »

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Une vue du Marché Isaac de Lambaréné

Prenant comme fil rouge l’octroi prioritaire des places au Marché Isaac de Lambaréné (inauguré en grande pompe le 11 août 2025 par le président Brice Clotaire Oligui Nguema) aux nationaux, quelques Gabonais prennent des étrangers à partie.

Une vue du Marché Isaac de Lambaréné

En donnant le sens des choses, l’influenceuse gabonaise Tata Bertille et l’activiste Éric Otsetse ont trouvé les mots et les catégories pour les dire. « Toutes les Gabonaises doivent d’abord avoir les places ici avant vous. Vous avez des places et elles, elles n’ont pas de places. Ça ne va même pas exister. Moi, je vais tout le temps chez vous faire les courses au Bénin. Je n’ai jamais vu une femme gabonaise assise au Bénin avoir une place ou un box. Ça n’existe pas !» a partagé Tata Bertille sur de nombreuses plateformes numériques.

A en croire un ressortissant camerounais témoin des faits, « l’affaire a pris une autre tournure quelques heures après, allant jusqu’à évoquer une possible invasion du Gabon par des Camerounais, Centrafricains et Equato-guinéens ». « Tous les étrangers ayant acquis des places au Marché Isaac de Lambaréné ont été sommés de les libérer sous peine d’expulsion du territoire gabonais. « Ce sont des gros bras qui le disaient au marché », rapporte le Camerounais. Interpelé par plusieurs communautés étrangères, le délégué spécial de Lambaréné, Auguste Roger Bibaye Itandas.

Selon des sources bien informées, l’ambiance de chasse à l’homme a quelque peu décru dans la ville située dans le sud-est de Libreville. Aux dernières nouvelles, Mariam Chabi Talata (vice-présidente du Bénin) s’est entretenue, vendredi 22 août 2025, avec Michel Onanga Ndiaye (ministre gabonais des Affaires étrangères et de la Coopération, chargé de l’Intégration et de la Diaspora) à Yokohama, au Japon. A en croire la presse gabonaise, Michel Onanga Ndiaye a, à cette occasion, réaffirmé la souveraineté du Gabon dans l’exercice de certaines activités commerciales réservées exclusivement aux nationaux, tout en réaffirmant que le gouvernement reste attaché au principe de la protection des droits des étrangers résidant sur son sol, et que ce genre de décision ont été prises dans de nombreux pays africains et bien au-delà.

Au-delà de la polémique immédiate, l’affaire soulève des questions plus larges sur la place des étrangers dans l’économie gabonaise. Plusieurs voix s’élèvent pour revendiquer une « préférence nationale » dans l’attribution des étals financés par des fonds publics.

Cette revendication s’appuie sur l’argument que les investissements publics doivent d’abord profiter aux citoyens gabonais, tout en précisant ne pas vouloir exclure les étrangers, mais garantir une « équité sociale et économique ».

Rémy Biniou

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