Immersion dans ce marché à la mode dans la capitale camerounaise.
Autrefois coûteux et difficiles à acquérir, parce que les vendeurs de téléphone les retiraient des cartons, pour les revendre individuellement, les écouteurs de téléphone manquent le moins actuellement à Yaoundé. Ces artefacts sont partout aujourd’hui, accrochés à des étals ou proposés par des vendeurs ambulants. Les vendeurs vont jusqu’à prendre d’assaut les domiciles pour les proposer.
Venue en vacances chez son oncle à Awae concorde, Josiane vit dans un village reculé de Ngomedzap. Elle est étonnée de voir un vendeur d’écouteurs débarquer, ouvrant le portail sans avoir toqué. « Madame, les écouteurs bio à 100 FCFA. Vous prenez 10 je vous les laisse à 800 FCFA ». Médusée par le prix, Josiane pose la question : « tu n’es pas un voleur qui se déguise en vendeurs d’écouteurs ? » Sa cousine répond : « c’est désormais comme ça. S’il ne marche pas dans les maisons, il va vendre quoi ? »
Cécile, « call boxeuse » au carrefour Ekounou (Yaoundé 4), devient par la force des choses une vendeuse d’écouteurs. « J’ai été obligée de vendre les écouteurs parce que les grossistes et semi-grossistes me harcèlent en me proposant de prendre les écouteurs à bas prix. Au lieu de 800 FCFA, je prends à 600 FCFA et je vends à 1000 FCFA. Ceux vendus à 500 me sont proposés à 250 FCFA », explique la dame. Pour vite écouler ses produits, elle offre parfois une paire d’écouteurs à celui qui fait des dépôts colossaux, c’est à dire à plus de 50.000 FCFA au moins. Sur sa table, en plus des écouteurs, l’on voit d’autres produits tels que les bonbons, les biscuits…
Il est 18h ce 08 août 2025. Christian est lassé de la maigre moisson des ventes d’écouteurs. Avec la forte présence d’autres vendeurs de kits d’oreilles à la poste centrale de Yaoundé, Christian adopte une nouvelle stratégie qui consiste à réduire les prix, en marchant le long de la file d’attente des personnes stoppant un taxi. Et cette stratégie porte des fruits. Il écoule une quinzaine de paires d’écouteurs. « Dieu n’oublie pas ses enfants, je viens de faire une remontada. En moins d’une heure, j’ai déjà 4000 FCFA. Les enfants n’auront de quoi manger, je vais aussi cotiser » indique-t-il. A l’en croire, il a dû vendre les écouteurs Oraimo de 500 FCFA à 300 FCFA.
Pascal, quant à lui, est stupéfait de voir cette présence massive des kits d’écouteurs. « Je suis curieux de savoir s’il y a déjà une usine de fabrication des écouteurs au Cameroun. La Chine a-t-elle offert des milliers de conteneurs d’écouteurs au Cameroun ? Il y a ça partout », constate Pascal, excédé par des vendeurs d’écouteurs très offensifs.
André Gromyko Balla
