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Agents de mairie et promoteurs immobiliers, à couteaux tirés

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Un chantier à Yaoundé

Plongée dans la guerre sans merci que se livrent les deux entités

Un chantier à Yaoundé

Depuis la promulgation en décembre 2024 de la loi sur la fiscalité locale, et partant le paiement de l’impôt Synthétique (article 38 al. 2), les agents de mairie ne disposent plus d’assez de marge de manœuvre pour arnaquer les usagers. Les permis de bâtir et les permis d’emplanter restent les seules voies de recours pour ces agents. Ces derniers ne transigent plus. Ils mettent la pression sur les constructeurs à travers des descentes musclées dans les chantiers en délicatesse avec la loi. Ces descentes intéressées leur permettent de s’en mettre plein les poches, au détriment des caisses communales.

Plusieurs stratagèmes sont élaborés pour déjouer les représailles de ces agents communaux véreux. Soh Mbé, propriétaire d’un chantier à Mendong II, voit son matériel emporté par la mairie de Mfou. Après moultes explications, ces agents communaux stoppent non seulement les travaux, mais exigent de l’argent pour remettre le matériel. Ce qu’il refuse. Les agents très remontés mettent la croix de saint André sur la façade avant de la maison en construction. « Les gens débarquent dans le chantier sans se présenter et demandent les autorisations de bâtir. Il n’y a ni diplomatie, ni manière. Ils portent le matériel et vous demandent de les suivre à Mfou », s’étonne le propriétaire du chantier. « Nous allons désormais travailler à partir de 15h, quand le service public s’arrête », décide Soh. Seuls les weekends seront sans conséquences pour son matériel, notamment les fers, le ciment, les planches…

Lassé d’attendre la sortie de son dossier technique, sésame qui conduit à l’obtention du permis de bâtir, Jacqueline, Camerounaise de la diaspora, décide de lancer ses travaux. La stratégie de travail est originale. Elle consiste à préfabriquer des longrines, y compris les demi-poutres pour la dalle. Pour le montage, il se fait lorsque les techniciens sont sûrs que les agents de la mairie ne rôdent plus avec le camion de la commune. « Je ne peux pas rentrer sans avoir coulé ma dalle. Quand je viens au Cameroun, j’ai un objectif à atteindre. Mon dossier technique ne sort pas, car le titre foncier est fait l’objet d’une pré notation. La mairie ne veut pas comprendre que la faute ne vient pas de nous », se justifie-t-elle.

Manga adopte une autre approche à Vian, par Mfou. Pour l’évolution de ses travaux, il place des indics dans les carrefours et les bars. Le modus operandi consiste à appeler les techniciens du chantier et les prévenir du débarquement des agents communaux. « Cette stratégie a déjà permis de sauver le matériel du chantier jusqu’à deux reprises», explique Modeste, le frère cadet de Manga.

André Gromyko Balla

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