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Sa Majesté Bingan: «Le peuple Bassa n’est pas un peuple rebelle»

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Sa Majesté Binga

Evolutionniste de par ses mots, le chef du canton Badjob soutient l’initiative communautaire en faveur de la paix durant la période électorale et post-électorale.

Au terme de cette manifestation, Peut-on rentrer avec la certitude d’une union des cœurs autour cet appel à la paix?

Je suis le chef du canton Mbémbè et Loumbè du peuple Badjob qui est la terre sur laquelle nous sommes ici présents. Le peuple Badjob, la famille Badjob où qu’elle soit représentée est très heureuse que le Mbog Liaa ait choisit la terre Badjob pour lancer cet appel à la paix. Nous remercions particulièrement le président général du Mbog Liaa pour le choix de nos terres pour lancer cet appel que nous savons très important. Nous connaissons tous le contexte de notre pays aujourd’hui et que nous portions cet appel-là nous réjouit beaucoup.

Vous l’avez vu et entendu, lors de la cérémonie du Yek Kul (prière de bénédiction ancestrale), l’engagement que nous prenons, nous qui acceptons ce qu’il dit. Nous disons que ce pour quoi nous sommes venus, est notre motif. S’il y a un autre esprit qui anime quelqu’un, fasse front aux malédictions comme le Ndjeck (folie en langue, Ndlr) ou le Nyemb (la mort), peut-être pas sur le champ. C’est une manière de dire qu’aujourd’hui nous sommes là pour lancer un appel à la paix. Si quelqu’un amène un tout autre esprit, alors voici le sort qui sera réservé à celui ; et comme nous sommes un peuple démocratique, nous tous nous acceptions que cela soit le partage de celui qui amènera un esprit contraire et je vous assure que ça tient.

La cause justifie-t-elle le recours à la case sacrée ?

La symbolique est très grande. Le président général a dit tout à l’heure qu’on pouvait organiser cet évènement partout ailleurs. Il y a de grandes salles à Yaoundé, on pouvait en louer une. Même ici il y a des salles, on pouvait louer une grande salle pour faire cette cérémonie. Mais on a pensé que pour que ça tienne, pour que nous nous reconnaissions et pour que le ciel et la terre soient en symbiose et que ce soit ce que nous avons dit aujourd’hui et pas autre chose, il faudrait que nous venions là où c’est véritablement le plus sacré pour nous. En présence du ciel et de la terre.

A quoi a ressemblé dans votre village et pour votre canton, la période de la lutte indépendantiste ?

Ces souvenirs peuvent me faire couler des larmes. Dans ma jeunesse, j’ai connu des familles entières qui ont été décimées dans cette lutte. Des villages entiers ont été brulés. La famille Badjob a payé un lourd tribu. Trop de sang a coulé. Et aujourd’hui de nombreuses familles en gardent encore des séquelles…

Et aujourd’hui vous ne criez pas vengeance, vous ne demandez pas réparation?

La vengeance n’est pas notre partage. Les réparations viendront après, les réflexions sont en cours. Ce que nous voulons aujourd’hui c’est vivre d’abord en paix et essayer de sortir, d’élever une nouvelle génération… Parce que même la réparation, lorsque cela n’est pas bien fait, lorsque vous demandez la réparation avec l’idée de vengeance, avec la rancœur au cœur, vous ne pouvez même pas bien quantifier quelle réparation demander, donc il faut d’abord un travail sur soi-même, un travail communautaire pour donner le temps d’effacer d’abord le sang qui est en surface, pour que si jamais il y a possibilité de réparation que ce soit libérateur.

L’objectif est donc de reconstruire l’image des peuples Bassa-Mpôo-Bati qui restent encore considérés comme rebelles?

Non, non, je refuse. Le peuple Bassa n’est pas un peuple rebelle. Non. Nous sommes des patriotes. Je ne voudrais pas entrer dans les polémiques que tel aime le pays plus que l’autre. Nous sommes des patriotes et nous voulons nous tenir aujourd’hui sur cet élément pour dire que nous voulons avancer. Nous ne voulons plus régresser. On n’est pas des rebelles. Ce pays nous appartient, ce village, cette terre, sont les nôtres. Nous n’allons pas les bruler aujourd’hui pour aller rester ailleurs. C’est notre pays, c’est notre village. Nous voulons évoluer, nous voulons développer. Nos mamans qui travaillent là, nous voulons que chacune d’elle puisse manger du fruit de son labeur tout simplement. Nous  ne voulons pas casser ici pour aller habiter ailleurs. Ce que nous pouvons envier chez les autres aujourd’hui, ils l’ont bâti eux-mêmes. Nous voulons cette paix qui nous permet de bâtir  petit à petit notre terroir. 

Interview menée par Louise Nsana

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