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Golfe de Guinée: Un complexe industrialo – pétrolier régional en chantier à Kribi

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Au cours de la cérémonie de pose de la première pierre, le 17 juillet dernier à Lolabe, Nathalie Moudiki, Présidente du conseil d’administration de CSTAR (Cameroun, SNH, Tradex et Ariana Energy), a révélé que la vision stratégique sous-tendant la mise en œuvre des projets de Raffinerie Intégrée et de Dépôt de Sécurité de Produits Pétroliers reflète l’ambition portée par le chef de l’Etat de « faire du Cameroun un pôle énergétique et industriel d’envergure en Afrique centrale ». Pour la Société nationale des hydrocarbures (SNH), il s’agit « de maitriser notre chaine de valeur pétrolière, renforcer notre sécurité énergétique, et doter notre pays d’infrastructures modernes, capables de répondre aux besoins croissants du marché intérieur et de la sous-région ». La livraison de la phase 1 des travaux (la raffinerie) est annoncée en juin 2028. Le projet, construit sur une technologie modulaire de pointe, mis en œuvre selon un modèle de financement en project finance, coûtera entre 198 et 200 millions USD, environ 120 milliards de FCFA.

De notre envoyé spécial à Lolabe par Kribi, Thierry Ndong Owona

1-Un dépôt de stockage raccordé à un terminal de stockage de classe internationale

Le complexe industriel s’étale sur une superficie de 250 hectares à Lolabe, à un jet de pierre du Port autonome de Kribi. A construire en 30 mois, des installations futuristes de dernière génération comprenant une raffinerie intégrée et un dépôt de stockages des réserves stratégiques de carburants. La présentation du projet donne plus d’informations. Morceaux choisis : « Le Dépôt de Stockage des Réserves Pétrolières Stratégique Nationales – communément appelé Tank Farm – constituera une infrastructure logistique de référence, conçue selon les normes internationales API, ASME et NFPA. Situé à proximité du port en eau profonde de Kribi, il bénéficiera d’un emplacement stratégique, optimisant les flux logistiques entre l’importation, le stockage et la distribution des produits pétroliers. Sa capacité de stockage atteindra 250.000 tonnes métriques, soit environ 300.000 mètres cubes, répartis dans 13 bacs destinés à contenir du gasoil, de l’essence, du kérosène (Jet A1) et du carburant d’aviation). Les bacs seront construits en acier carbone, à toit fixe et à simple paroi, conformément à la norme API 650, et protégé par un système de protection cathodique contre la corrosion ». Les problématiques de sécurité ne sont pas en reste. « Le Tank Farm sera également équipé de systèmes auxiliaires et de sécurité de haut niveau : une station de pompage dotée de groupes électrogènes redondants, selon la philosophie du N + 1, garantira un débit supérieur à 1000 m3/h ; le déchargement maritime se fera via des bras de chargement spécialisés connectés à la jetée ; le chargement des camions – citernes se fera sur 12 postes simultanés équipés de ponts – bascules intégrés ; le système incendie comprendra un réseau d’eau dédié, des hydrants, canons fixes, mousse haute expansion, et un réservoir tampon assurant une autonomie d’intervention ; l’ensemble sera supervisé par un système centralisé SCADA, permettant la gestion des stocks en temps réel, le suivi des paramètres critiques, et le déclenchement automatisé des alarmes.

Hub régional d’approvisionnement

Le terminal, quant à lui, est « un réseau de tuyauterie enterré, permettant le transfert indépendant de chaque produit. Ce réseau intègrera des vannes motorisées, des débitmètres volumétriques pré étalonnés, ainsi qu’un système automatisé de comptage et de détection de fuites, assurant sécurité, fiabilité et précision… En matière de performances, le terminal permettra une rotation annuelle estimée à 1,2 million de tonnes de produits. Il jouera également un rôle stratégique dans l’exportation et le transit régional, notamment vers les pays voisins enclavés comme le Tchad et la République Centrafricaine ». En effet, le terminal de Kribi sera également dimensionné pour soutenir les activités de soutage maritime dans le Golfe de Guinée, ce qui contribuera à positionner le Cameroun comme hub régional d’approvisionnement énergétique. « Les installations viseront un taux de disponibilité supérieur à 98%, grâce à une politique rigoureuse de maintenance préventive, garantissant une continuité d’exploitation optimale », lit-on dans la présentation du projet.

2- Une raffinerie intégrée pour le bassin minier du pays

C’est un tsunami de forte ampleur qui s’annonce dans le domaine énergétique en Afrique. 65 ans après son indépendance, le Cameroun va enfin raffiner son brut. « En complément du Tank Farm, une raffinerie moderne intégrée sera installée pour transformer localement le brut en produits finis à forte valeur ajoutée. Elle comprendra : une unité de distillation moderne ; une unité de conversion légère ; une unité de traitement aux normes Euro 5 ; et une unité pétrochimique pour la production de propylène et d’intermédiaires industriels ».  D’ores et déjà, les capacités de raffinage du brut camerounais à Kribi se chiffrent à 30.000 barils par jour, soit la moitié de la production nationale évaluée à 60.000 barils/ jour.

Selon les prévisions, la mise en service de cette raffinerie intégrée induira : « une réduction de 30% des importations de produits finis, avec une économie annuelle de 750 millions USD (450 milliards de FCFA) pour l’Etat ; des recettes additionnelles de 250 millions USD (150 milliards FCFA) issues des exportations de carburants marins et une valeur nette actualisée sur 15 ans supérieure à 2 milliards USD, soit 1200 milliards de FCFA) ; un impact macro-économique directe de +1 milliard USD (600 milliards de FCFA) / an de contribution nette à la balance des paiements ; la génération de plus 2000 emplois directs et 5000 emplois indirects, avec transfert de compétences vers les ingénieurs et techniciens camerounais ; le renforcement de la sécurité énergétique et protection des réserves de change (avec une économie de devises de plus de 700 millions USD, soit 420 milliards de FCFA); la valorisation du brut national, transformation locale de la richesse, et création d’un pôle pétrochimique régional ».

3-La SCDP et la SONARA restent dans le jeu et dans leurs missions

En se lançant dans les activités de stockage et de raffinage des produits pétroliers, la SNH est en phase avec le décret 2007/1360/PM du 10 octobre 2007 modifiant et complétant les dispositions de l’article 13 du décret 2000/935/PM du 13 novembre 2000 fixant les conditions d’exercice des activités du secteur pétrolier aval. L’article 13, alinéa 1 : « Les stocks de sécurité sont une propriété de l’Etat. A ce titre, la mise à la consommation et / ou le prélèvement sur lesdits stocks sont soumis à l’autorisation préalable du ministre chargé des produits pétroliers ». L’alinéa 2 : « Le financement, la constitution, l’entreposage, la mise à niveau des stocks de sécurité incombent à la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH). Alinéa 3 : « Le suivi des stocks de sécurité est assuré conjointement par le ministère chargé des produits pétroliers et la Société Nationale des Hydrocarbures ». Alinéa 4 : « Les stocks – outils sont préfinancés et constitués par des opérateurs du secteur aval ».

Par conséquent, la SNH ne marche pas sur les pieds de la Société camerounaise de dépôts des produits pétroliers (SCDP) ou de la Société nationale de raffinage (SONARA). En effet, ce projet structurant « contribuera également à l’optimisation de l’utilisation des dépôts de la SCDP : la libération des bacs auparavant affectés aux stocks de sécurité permettra de maximiser leur rentabilité via une occupation par des volumes commerciaux générateurs de revenus ». Ce projet vient ainsi renforcer la résilience du système d’approvisionnement national, aujourd’hui fortement fragilisé par la fermeture de la SONARA et la saturation chronique des installations de la SCDP ». Petit rappel de la SNH: « malgré une production journalière d’environ 60.000 barils de brut, le Cameroun dépend totalement des importations pour couvrir une demande nationale estimée à 1,9 million de tonnes métriques par an, en croissance constante. La capacité actuelle de stockage (environ 275.000 m³) est inférieure au seuil requis pour satisfaire les exigences réglementaires qui imposent des stocks de sécurité équivalents à 30 jours de consommation et des stocks commerciaux pour 15 jours, soit un total de 470.000 m³ nécessaires. Ce déficit structurel expose le pays à des pénuries brutales, comme observé par le passé, où l’État se retrouvait incapable de garantir un approvisionnement au-delà de 10 jours en cas de crise logistique ».

TNO, à Kribi

Repères

Architecture de CSTAR

Le projet Tank Farm de Kribi est porté par un partenariat institutionnel et technique regroupant la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH), TRADEX, ARIANA ENERGY et le Consortium RCG. La gouvernance du projet repose sur une structure organisée autour de quatre entités :

1. une Société de Projet (SPV) de droit émirati, dénommée CSTAR Tank Farm Project Management LLC, constituée le 25 avril 2025 à Dubaï, avec une détention majoritaire camerounaise (51% répartis entre SNH : 20% et TRADEX : 31%) et ARIANA ENERGY : 49%; 2. un Joint Management Committee (JMC) composé de 12 membres, chargé de superviser la coordination stratégique et technique du projet ;

3. une Joint Operating Company (JOC), de droit camerounais, future entité d’exploitation et de maintenance du terminal ;

4. une société d’enlèvement, dédiée à la gestion des flux commerciaux de produits pétroliers.

La structuration financière prévoit 30% de fonds propres, soit 60 millions USD apportés par les partenaires camerounais (SNH : 23,5 M USD ; TRADEX : 36,5 M USD via portage SNH), et 70% de dette commerciale mobilisée par ARIANA ENERGY.

 Le décaissement des fonds propres s’effectue en trois tranches : 5 M USD pour financer les études FEED (Front End Engineering Design), 30 M USD après validation technique du FEED, et le solde à la clôture financière pour engager la phase EPCIC (Engineering, Procurement, Construction, Installation and Commissioning), confiée au consortium RCG. A ce jour, les études FEED sont achevées à 35%, avec une cible de finalisation fixée à fin juillet 2025.

Source : SNH

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