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Développement économique en Afrique centrale

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Face à l’ampleur des besoins économiques dans la sous-région, l’implication des populations est requise. A la condition d’une amélioration des rapports gouvernements-nations.

Améliorer la crédibilité des gouvernements pour accroitre l’investissement privé. Ce défi interpelle les pays de l’Afrique centrale, comme ceux des autres régions du continent. Notamment dans un contexte global marqué par d’importants déficits budgétaires au sein des Etats concernés, le resserrement des marchés du crédit et les coûts élevés du service de la dette, selon ce que révèle la Banque mondiale à l’issue de l’Evaluation des politiques et institutions en Afrique (CPIA) 2025. Deux expressions clés permettent de clarifier la logique du raisonnement portée par l’institution : la confiance et le contrat fiscal. Le premier vocable met en lumière la considération que portent les investisseurs privés au sujet de ces Etats, puis l’étendue des investissements qu’ils y consentent. Au sens de l’institution de Breton Woods, l’enjeu pour le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée Equatoriale et le Tchad reste l’accroissement des budgets en vue de l’amélioration des services publics. «La confiance des investisseurs du secteur privé peut être affectée par la crédibilité du gouvernement, qui peut prendre la forme de primes de risque sur les marchés de la dette publique ou d’un manque de volonté de la part des partenaires bilatéraux et multilatéraux d’accorder des prêts. De même, la confiance des investisseurs du secteur privé peut être affectée par la crédibilité du régime fiscal d’un pays» souligne le CPIA


Si des efforts sont consentis dans la région en vue de rehausser la crédibilité des gouvernements, tant reste à faire en la matière. Le rapport sur l’Evaluation des politiques et institutions en Afrique qui donne un aperçu des réformes inhérentes à entreprendre, pointe du doigt un mécontentement populaire croissant vis-à-vis de l’accès et la qualité des services publics. Ainsi suivants des études menées sur le terrain courant 2024, «Les personnes interrogées affirment que les performances du gouvernement sont «très mauvaises» dans un large éventail de services publics. La qualité des services en Afrique subsaharienne est à la traîne par rapport à d’autres régions. Cette situation se reflète directement dans la qualité des services d’infrastructure de base, tels que les transports, l’électricité et l’internet. D’une manière générale, les services d’infrastructure sont moins bien fournis dans la région, même en tenant compte du niveau du PIB. Cette situation s’explique par l’héritage colonial, mais elle est aggravée par les faiblesses de la gouvernance des investissements dans les infrastructures, les cadres réglementaires et les capacités techniques. Ces insuffisances en matière d’infrastructures continuent de freiner l’activité économique et la qualité de vie», indique la Banque mondiale. Or apprend-on, la prestation de services publics sert de justification essentielle à l’imposition et à la mobilisation des recettes. Pour élucider la question des domaines de défaillances, l’institution cite pêle-mêle : le chômage, la santé, l’eau, les infrastructures et routes, gestion de l’économie, pénurie alimentaire, pauvreté, électricité et corruption.


La situation dans la sous-région Afrique centrale transcende le simple niveau de la qualité des services. Il y est également question d’égalité dans l’accès aux services publics, avec un impact sur la qualité de vie des populations et sur leurs moyens de subsistance. «Dans plusieurs cas, leur incapacité à répondre aux demandes des citoyens a affaibli le légitimité des Etats et créé les conditions propices à l’instabilité et à la violence. Cette détérioration du contrat social s’est accompagnée d’un déclin de la confiance dans les gouvernements élus. Elle contribue également à expliquer le soutien d’une partie de la population aux récents coups d’Etats militaires. Depuis 2020, le continent a connu une résurgence des coups d’Etats militaires avec neuf coups d’Etats réussis», soulignait l’institution dans son Africa’s pulse du mois de mai 2025. Le tableau dépeint par l’institution fait état de bénéfices tournés vers les riches en la défaveur des pauvres. La Banque mondiale en appelle à l’établissement et le respect d’un contrat fiscal. Lequel doit garantir que la prestation de services publics sert de justification à l’imposition et à la mobilisation des recettes. «Pour les citoyens, le paiement volontaire des impôts est fortement lié à la perception de l’équité fiscale et de la capacité du gouvernement à gérer les fonds. Pour les marchés, le coût des emprunts d’État est directement lié à la viabilité perçue de la stratégie fiscale et à la confiance dans la capacité de l’État à rembourser sa dette. En équilibrant ces intérêts contradictoires en fournissant des services à la population en échange d’un système fiscal viable, les gouvernements auront la capacité d’emprunter en cas de besoin, afin de compenser tout ralentissement grâce à une politique anticyclique Cependant, l’Afrique subsaharienne en tant que région présente une procyclicité importante de la politique budgétaire, par rapport à d’autres régions», mentionne le CPIA.


Hormis ces faits, les défis a relever pour le Cameroun tournent principalement sur le renforcement des cadres de gouvernance, l’amélioration de la transparence. Pour ce qui est de la Centrafrique, il est question de renforcer et de procéder à la déconcentration du secteur financier ; tandis qu’au Tchad le défi porte sur la réduction des niveaux de prêts non productifs et de sous-capitalisation du secteur bancaire.

Louise Nsana

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