Home AMBASSADES Sommet Espagne-Afrique : entre géopolitique et économie

Sommet Espagne-Afrique : entre géopolitique et économie

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Du 6 au 8 juillet dernier, Madrid a accueilli le 3e Sommet Afrique-Espagne. Organisé par One Africa Forums, cet événement promu par le gouvernement espagnol, avec le soutien de l’Union européenne, a rassemblé, aux côtés des autorités du pays hôte, des représentants de 27 pays africains.

Au cœur des échanges : le développement des relations économiques, la promotion des investissements et la coopération en matière de migration. Selon des remontées d’informations issues dudit Sommet, tout s’est passé dans un contexte marqué par la volonté de Madrid d’accroître sa présence en Afrique. Pour la partie espagnole en effet, la nouvelle feuille de route « Espagne-Afrique 2025-2028 » est le socle sur lequel la rencontre de Madrid a été bâtie. Officiellement, il s’agit d’un programme d’action décliné en cinq axes : « renforcer, croître, connecter, protéger et vivre ensemble ». En conséquence, l’Espagne (géographiquement proche de l’Afrique, et aujourd’hui cinquième client à l’exportation de l’Afrique de l’Ouest, devant la France et les États-Unis) s’est vue offrir « une grande opportunité de contribuer de manière significative aux industries africaines qui sont en forte demande d’infrastructures, de services sociaux, d’information et de technologie ». Hassan Alaoui, président de One Africa, a saisi cette occasion pour claironner une invitation ouverte à l’Espagne à rejoindre la mobilité et la voie africaine. Le dispositif prévu et mis en œuvre consiste, apprend-on, pour l’Espagne de créer des liens solides avec le continent et d’explorer des alliances gagnant-gagnant sur diverses questions d’intérêt commun. « L’exportateur d’aujourd’hui est l’investisseur de demain : si les entreprises voient un environnement propice, elles resteront », indique Alicia Varela, directrice du commerce international au ministère espagnol des Affaires étrangères. « Deux millions d’Africains vivent en Espagne, et nous devons dialoguer avec eux », ajoute le secrétaire d’État espagnol, Diego Martínez Belío. « L’Afrique est le continent de l’avenir : en 2050, elle aura la population la plus jeune et une classe moyenne majeure », affirme Suzi Carla Barbosa, ancienne ministre de Guinée-Bissau.


Ainsi, le sommet confirme que Madrid surfe sur une double ambition : porter à l’Europe la voix de l’Afrique et servir de porte-voix du Sud global.« L’Espagne entend capitaliser sur sa proximité, ses liens humains et institutionnels pour devenir un acteur euro-africain crédible. Le succès dépendra ici de la mise en œuvre concrète des engagements, notamment dans l’infrastructure, le financement, la formation et la sécurité partenariale », trace le gouvernement espagnol.


Il suit de là qu’adopter ce dispositif, c’est influer sur la dynamique et conférer à Madrid un statut différent de celui des pays africains. Statut auquel est lié un rôle spécifique. C’est aussi imposer une certaine structure à la communication, puisque les Africains, d’abord libres de parler entre eux, sont ensuite tenus d’écouter silencieusement. Comme toujours, lors des sommets entre l’Afrique et les pays occidentaux, les Africains sont contraints de se taire, ce qui leur est peu agréable, ou bien, laissés à eux-mêmes, bavardent entre eux à mi-voix, se confiant ainsi des impressions immédiates que, la tension déchargée, ils n’exprimeront plus volontiers par la suite. D’où un appauvrissement des débats. Chaque fois que l’exercice s’y prête, il est donc intéressant d’utiliser ce stratagème, en priant les pays africains de répondre individuellement à un questionnaire préparatoire à l’évaluation.


Mais, cette fois, Les délégations africaines ont exprimé des attentes claires : davantage d’investissements privés dans les infrastructures de base, un soutien accru à l’internationalisation des entreprises africaines, ainsi qu’une ouverture plus marquée du marché espagnol (et plus largement européen) aux produits du continent. Les participants africains ont appelé à une intensification des échanges, invitant Madrid à diversifier et augmenter ses importations.

Jean-René Meva’a

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