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Tchiroma et Bello : ambitions présidentielles, luttes familiales et rivalités explosives après la démission

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Les sons de cloches dissonants au sein de leurs organisations partisanes bouleversent les équilibres traditionnels et fragilisent leur emprise dans leurs bastions historiques.

La scène politique camerounaise a récemment vu émerger un acteur de poids dans la région du Nord. Yérima Dewa, de son vrai nom Ousmanou Aman Saa’ly, maire de Pitoa et homme d’affaires reconnu dans l’éducation et l’immobilier s’illustre à la suite de tensions internes au sein du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), le parti du Ministre démissionnaire Issa Tchiroma. Des altercations qui ont abouti à son éviction du poste de vice-président en mars dernier, sapant son autorité et le reléguant à un rôle secondaire. Le 7 juillet 2025, sous l’impulsion d’un arrêté du ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, Yérima Dewa a officiellement été autorisé à pleinement assumer ses responsabilités de président de l’All Cameroonian Congress (ACC), un parti basé à Ngaoundéré. L’ACC fédère des élus et militants venus principalement des régions de l’Adamaoua et du Nord, avec pour ambition première de se lancer à la conquête du pouvoir tout en promouvant la bonne gouvernance, la justice sociale et le développement régional.

Des fiefs en dislocation
Au sein de l’UNDP, bien que sa ligne officielle soit désormais l’autonomie, certains cadres et militants, ayant bénéficiés de l’alliance avec le RDPC (postes ministériels, nominations, etc.) sont en désaccords avec cette rupture. Il est fort probable que le maintien de l’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Progrès (ANDP) d’Hamadou Moustapha au sein de la majorité présidentielle et la création de l’ACC apparaissent comme une réponse directe à la recomposition de l’opposition nordiste. « En ralliant à lui des personnalités autrefois proches d’Issa Tchiroma et de Bello, le pouvoir fragilise l’assise de ces derniers dans le septentrion. Ce stratagème s’inscrit dans une stratégie plus large, soutenue par les autorités territoriales, visant à renforcer l’influence du parti de Paul Biya dans le Nord à l’approche de la présidentielle de 2025 », estime Sadou Aboubakar, militant de l’UNDP à Maroua.
Il faut toutefois admettre que les dislocations internes observables au sein de ces partis traditionnels entraînent la perte d’une partie de leurs réseaux financiers et électoraux, particulièrement actifs dans la Bénoué et dans l’Adamaoua. Pour Maliki Maganak, fils de migrant originaire de l’Extrême-Nord, installé dans la vallée de la Benoué depuis près de Trente ans, « cette dynamique redistribue les cartes de l’influence électorale, longtemps détenue par Tchiroma et Bello dans ces localités. Leurs contestataires sont très écoutés ici. Et leur mise en selle scellera les espoirs qu’ils nourrissent dans notre région ».
Par ailleurs, la montée en puissance de l’ACC intervient dans un contexte où Bello Bouba doit déjà gérer la rupture avec le RDPC et affirmer sa candidature présidentielle, ce qui fragilise ses alliances traditionnelles et exacerbe les rivalités internes. La concurrence avec l’ACC risque donc de diluer son influence politique et électorale dans le septentrion, rendant plus difficile la mobilisation de ses bases face à d’autres partis politiques d’opposition issus du Nord, comme le Mouvement Démocratique pour la Défense de la République (MDR).

Une dynamique communautaire à surveiller

Politiquement, il s’agit d’un divorce stratégique qui affaiblira les pouvoirs de l’UNDP et du FSNC. Leurs leaders perdront de nombreux et puissants relais locaux dans le Nord et dans l’Adamaoua. On note toutefois que la majorité des nouveaux cadres dissidents proviennent du groupe islamopeul, laissant en marge la communauté kirdi. Cette évolution interroge sur la représentativité et l’inclusivité du nouveau paysage politique dans le Septentrion. « L’histoire se répète. On assiste à une réappropriation des positions de pouvoir par le même groupe ethnique, celui qui a toujours cristallisé les opinions dans le Septentrion. Rien qu’à observer la composition du bureau politique de l’ACC, on remarque que Dewa s’entoure exclusivement des figures issues de son grand groupe ethnique, les islamopeuls. On est libre de croire qu’il s’agit là d’une affaire de famille dans laquelle la majorité kirdi ne semble pas être associée » argumente Dayang Daniel, jeune militant du MDR à Maroua.

Tom

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