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Sommet conjoint Cemac/CEEAC : cinq clés pour comprendre

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Dr Michele Florence Dikoume Internationaliste / Spécialiste en Affaires Internationales & Diplomatie.

Les Chefs d’Etat de la CEMAC et de la CEEAC se retrouveront en date du 18 juillet à Yaounde à l’occasion d’un mini sommet conjoint censé relancer l’intégration régionale en Afrique Centrale.Plus qu’un événement institutionnel ce sommet représente une séquence diplomatique déterminante dans une région à la croisée de tensions politiques internes,de pressions économiques,structurelles et de recompositions géopolitiques majeures


1 – UNE GOUVERNANCE RÉGIONALE À LA RECHERCHE DE COHÉRENCE.
La fusion des deux principales communautés d’Afrique Centrale – la CEMAC ( à vocation économique et monétaire) et la CEEAC ( à vocation politique et sécuritaire) est un chantier engagé depuis 2007.Pourtant, les avancées sont restées fragmentaires.La diplomatique régionale se heurte à trois principaux obstacles fondamentaux.
Une rivalité de leadership,notamment entre le Cameroun,le Gabon la Guinée Équatoriale et la RDC,chacun tenant à défendre ses intérêts nationaux.

Des divergences institutionnelles, entre approches communautaires et bilatérales.
Une défiance croissante envers les structures régionales symbolisée par le retrait du Rwanda de la CEEAC en juin 2025.
Ce sommet pourrait déboucher sur l’adoption d’une feuille de route de fusion avec des mesures concrètes telles que : L’unification des Secrétariats Exécutifs,l’harmonisation des cadres réglementaires et sécuritaires, la gestion d’instruments communs de gouvernance. Cependant tout dépendra de la volonté politique réelle des États à céder une part de souveraineté au profit d’un intérêt régional supérieur.

2 – LEADERSHIP DIPLOMATIE PRÉVENTIVE ET REALIGNEMENT STRATÉGIQUE
Le retour du Président Paul Biya sur la scène diplomatique en tant qu’hôte du sommet, marque une tentative de repositionne ment stratégique du Cameroun dans la diplomatie régionale. Ce mouvement est renforcé par l’implication du Président Centrafricain Faustin Archange Touadera qui assure actuellement la présidence de la CEMAC.
La diplomatie de la région est aujourd’hui prise entre la nécessité de préserver la stabilité interne des États,confrontée à des transitions politiques parfois instables ( Tchad -RCA -Gabon ).Celle d’adopter une approche collective face aux menaces transfrontalières ( trafic,insécurité dans le bassin du lac Tchad, mouvements rebelles.)
Un des attendus majeurs du sommet est l’instauration d’un mécanisme diplomatique permanent de concertation entre Chefs d’Etats,et ministres des Affaires Étrangères,à même de répondre dans l’urgence aux crises naissantes.

3 – LA DIMENSION INTERNATIONALE : UNE AFRIQUE CENTRALE SOUS SURVEILLANCE.
Sur le plan international le sommet se tient dans un contexte de rééquilibrage des influences en Afrique.
La Russie consolide ses positions en Centrafrique dans les deux Congo Brazzaville et Kinshasa par des accords sécuritaires et économiques .
La Chine déjà encrée dans les grands chantiers d’infrastructures ( routes,interconnexions électriques-zones industrielles)voit un prolongement stratégique de ses intérêts extractifs et logistiques
L’Union Européenne le FMI et la banque mondiale restent des acteurs clés, qui exigent désormais une intégration régionale plus apte pour la continuité de leurs appuis budgétaires et techniques.Le sommet est donc un signal diplomatique adressé aux bailleurs de fonds,afin de restaurer la crédibilité collective des États de la région,et sécuriser des financements externes attendus.

4 – LE FRANC CFA- LES INFRASTRUCTURES -LA DIVERSIFICATION : Les nouveaux axes d’une diplomatie économique régionale.
Au delà de la politique traditionnelle le sommet engage aussi la diplomatie économique à trois niveaux.
La reforme monétaire : sans envisager l’abandon immédiat du franc cfa.Plusieurs pays souhaitent accroître leurs marges de manœuvre monétaire. Un groupe de travail pourrait être institué pour examiner des reformes du régime de change et du cadre de gouvernance de la BEAC.
Les infr

structures régionales financées en grande partie par les bailleurs de fonds internationaux . Elles sont un levier crucial pour l’intégration. Le sommet pourrait acter l’accélération de plusieurs projets stratégiques ( ponts frontaliers,interconnexions électriques,corridors,logistiques).
La diversification économique pour se sortir de la dépendance pétrolière ; un pacte régional de diversification pourrait être proposé, axé sur l’agriculture, l’industrie légère, le numérique et les chaînes de valeur régionales.

LA DIPLOMATIE DE TRANSFORMATION AU RENDEZ-VOUS ?
Le sommet du 18 juillet prochain est un moment diplomatique décisif pour l’Afrique Centrale. Il pourrait constituer une première étape vers :
Une intégration institutionnelle efficace plus efficace,
Une diplomatie régionale cohérente et proactive,
Enfin d’une stratégie économique collective adaptée aux mutations du continent et du monde.
Il pourrait aussi,faute de décisions concrètes devenir un sommet de plus, illustrant l’incapacité des États de la sous région à dépasser leurs logiques nationales.
La communauté diplomatique, les observateurs internationaux, et les partenaires extérieurs attendent non pas des déclarations, mais des engagements vérifiables suivis d’effets. L’Afrique Centrale n’a plus le luxe de différer son unité politique et économique.

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