Home PANORAMA Fossi Jacob : renaissance du fond des chutes de la Metche

Fossi Jacob : renaissance du fond des chutes de la Metche

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Dans un ouvrage publié aux Editions Eclosion, le Professeur Tetanye Ekoe révèle à la mémoire collective un héros hors-pair de la lutte anti-coloniale au Cameroun.

Pr Tetanye Ekoe, c’est d’abord une allure : celle d’un médecin chevronné. Il fait tellement partie du canon médical qu’on le croit imperméable à d’autres passions. Pourtant, l’idée d’être également institutionnalisé écrivain lui plaît. Alors, le médecin émérite qui signe aux Editions Eclosion, un roman à forte tonalité historique est bien placé pour en parler. « Fossi Jacob, le gamin et son héros aux chutes de la Metche : La fin tragique du héros inconnu » ; l’écriture de ce livre date de 1982. J’avais en effet assisté à la manière dont, dans la nuit du 9 au 10 mai 1957, cet homme exceptionnel, pour préserver la vie de ses autres compagnons nationalistes (appelés maquisards) avait bravé la mort. Il avait non seulement refusé de livrer les noms des autres nationalistes cachés mais avait alors emporté avec lui dans le cours de la rivière Metche, son bourreau, le gendarme André Houtarde, qui s’apprêtait à le jeter dans cette rivière, comme plusieurs de ses compagnons de lutte auparavant. Pour avoir été témoin de cette tragédie, je me suis senti dans l’obligation de raconter cette histoire à la jeunesse », signale Pr Tetanye Ekoe.
« En 1955, au Cameroun, le pouvoir colonial français, tentant de tirer des leçons de sa cuisante défaite en Indochine et, confronté à la guerre d’Algérie, tente d’endiguer cette lutte pour l’indépendance du 2 Cameroun par des méthodes cruelles et inhumaines contre les nationalistes et les populations soupçonnées de soutenir cette guerre. Dans sa détermination à mater ce mouvement anticolonialiste dans ce qui s’appelle la « région bamiléké », l’armée française réussit à capturer à Bafoussam, sa ville natale, un des leaders de l’UPC, Fossi Jacob, alias Nicodème et l’emprisonne avec nombre de ses camarades de lutte. C’est pendant son séjour dans les geôles de cette prison que Fossi Jacob, alias Nicodème, fait la connaissance d’un gamin de 9 ans, Libongo, fils du gendarme Nkome. Une grande relation naît alors entre le gamin qui se prend d’admiration pour le prisonnier Fossi Jacob, alias Nicodème. Le jeune Libongo, généreux et désireux de se rendre utile aux prisonniers, se fait plaisir à faire les petites courses de Fossi Jacob et de quelques-uns de ses camarades de cellule. En échange, le prisonnier M. Nicodème prend plaisir à renforcer les capacités scolaires du jeune homme en dictée française et calcul ». Ainsi se résume toute la trame qui s’accroche à une richesse infinie des occurrences historiques.

Côté narration…
Tout est réussi. « On trouve là quelque chose qui nous ressemble et qui nous touche ; je parle des thèmes comme la colonisation française, l’indépendance du Cameroun ; la lutte nationaliste ; le courage ; la confiance ; l’éducation ; l’amitié », glisse Bernard Fokoué ; Selon ce critique littéraire, « trouver le ton juste pour raconter des scènes, c’est là le miracle opéré par Pr Tetanye Ekoe. Son style n’est ni pauvre, ni artificiel, mais intelligent, spontané, dynamique dans un récit sans concession. Le coup de crayon est superbe ; derrière les scènes de la vie se cachent des mots qui font réfléchir celui qui veut bien les entendre ; au milieu de l’horreur, la multitude de personnages est un condensé de la société de l’époque ». Pour le dire à sa façon, le médecin confie : « je me senti libéré et autorisé à décongeler cette histoire de la fin tragique de Fossi Jacob, s’agissant d’un secret militaire, que j’avais gardée en moi depuis près de 68 ans à l’insu de mes parents et de ma famille».
Né le 10 septembre 1948 à Ebolowa, Pr Tetanye Ekoe, est médecin-pédiatre. Après sa formation en Europe, il est tour à tour affecté à l’Hôpital provincial de Bertoua, puis au Centre Universitaire des Sciences de la Santé (CUSS) devenu Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales de l’Université de Yaoundé (FMSB-UYI). Comme Doyen de la FMSB-UYI, il dirige la faculté de médecine de 2006 à 2012. Concomitamment, sur le plan ordinal, de 1997 à 2012, il est vice-président de l’Ordre des médecins du Cameroun. Depuis 2021, il a été nommé par le chef de l’Etat, Président du Comité de Gestion du Centre National de Transfusion sanguine du Cameroun (CNTS).

Jean-René Meva’a Amougou

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