Au regard des analyses présentées, le BS/AC-CEA formule des recommandations concrètes au profit des décideurs politiques et des acteurs économiques d’Afrique centrale aux fins d’accélérer la mise en œuvre de solutions innovantes pour la diversification économique et la spécialisation intelligente.

1-Renforcer les systèmes nationaux et surtout régionaux de recherche et d’innovation
Les gouvernements et institutions d’intégration régionale devraient établir ou renforcer leurs systèmes nationaux et régionaux de recherche et d’innovation pour parvenir à des pôles de compétitivité régionaux d’excellence. Ils doivent augmenter les investissements publics dans la R-D pour atteindre au moins 1 % du PIB, comme recommandé par l’Union africaine (UA, 2014).
Cela passe par la création des incitations fiscales pour encourager les investissements privés dans la R-D et l’adoption de nouvelles technologies ; l’établissement des partenariats public-privé pour la recherche appliquée dans des domaines prioritaires comme l’agriculture, l’énergie, la santé et le numérique ; le renforcement des liens entre gouvernements, universités et centres de recherche et entreprises (les trois hélices) pour favoriser le transfert et l’appropriation effective de technologies.
Ces mesures permettraient de stimuler l’innovation locale et l’adaptation des technologies aux besoins spécifiques de la région, comme l’ont fait avec succès des pays comme la Corée du Sud et bien d’autres pays de l’Asie du Sud-Est dits pays modèles.
2-Développer le capital humain et les compétences essentiels en sciences et technologies
Pour disposer d’une main-d’œuvre qualifiée capable d’innover, il est crucial, recommande le BS/AC-CEA, de « réformer les programmes éducatifs pour mettre l’accent sur les sciences, technologie, ingénierie, mathématiques (STIM) dès le primaire ; augmenter les bourses d’études supérieures dans les domaines scientifiques et technologiques ; créer des programmes de formation professionnelle en partenariat avec l’industrie pour développer les compétences techniques ; faciliter les échanges académiques et la mobilité des chercheurs au niveau régional et international. L’expérience du Rwanda, qui a fait du développement des compétences numériques une priorité nationale, montre l’impact positif de telles politiques.
3-Améliorer l’environnement des affaires pour les startups innovantes
Les gouvernements devraient créer un écosystème favorable à l’entrepreneuriat innovant. Pour cela, ils doivent « simplifier les procédures de création d’entreprise et réduisant les coûts y associés ; mettre en place des cadres réglementaires flexibles pour permettre l’expérimentation de nouvelles technologies, bacs à sable réglementaires par exemple ; créer des fonds de capital-risque publics-privés dédiés aux startups technologiques ; établir des incubateurs et accélérateurs d’entreprises spécialisés dans les secteurs prioritaires.
4-Promouvoir l’adoption des technologies numériques
Pour accélérer la transformation numérique de l’économie, il est recommandé d’investir dans les infrastructures numériques (fibre optique, 5G) pour améliorer la connectivité ; mettre en place des programmes de formation au numérique pour les petites et moyennes entreprises (PME) ; informatiser les services publics pour stimuler l’adoption des technologies ; soutenir le développement de solutions te technologie financière pour améliorer l’inclusion financière.
5-Favoriser l’innovation dans les secteurs prioritaires pour la diversification
Les politiques de recherche et d’innovation devraient cibler des secteurs clés comme l’agro-industrie ; soutenir la R-D sur les variétés agricoles résistantes au climat, les technologies post-récolte, la transformation alimentaire ; les énergies renouvelables ; financer la recherche sur l’adaptation des technologies solaires et éoliennes au contexte local ; promouvoir l’adoption de l’industrie 4.0 et des technologies d’impression 3D ; développer la délocalisation des services informatiques et l’économie créative ; renforcer la coopération régionale en matière de R-D et d’innovation en accordant une attention particulière à la mise en place de chaînes de valeur régionale opérationnalisée (à travers la concrétisation de zones économiques spéciales nouvelle génération y compris les zones économiques sur mesure et pôles agricoles en zones rurales dans les zones pauvres en infrastructure de connectivité et de mobilité Harmoniser les réglementations sur la propriété intellectuelle et le transfert de technologies au niveau de la CEEAC à travers la mise en place de directives communautaires) ; créer des centres d’excellence régionaux spécialisés dans des domaines de recherche prioritaires ; mettre en place un fonds régional pour financer des projets de R-D collaboratifs transfrontaliers ; faciliter la mobilité des chercheurs et entrepreneurs innovants au sein de la région
6-Mobiliser des financements innovants pour la R-D et l’innovation
Pour augmenter les ressources disponibles, il est recommandé d’émettre des « obligations innovation » pour financer des programmes de R-D à long terme ; créer des fonds souverains dédiés à l’investissement dans les startups technologiques ; développer des partenariats avec des fondations internationales pour cofinancer des projets de recherche ; mettre en place des mécanismes de financement participatif pour les projets innovants.
7-Améliorer la gouvernance des systèmes d’innovation
Pour une mise en œuvre efficace des politiques d’innovation, il est crucial de créer une agence nationale de l’innovation chargée de coordonner les efforts des différents acteurs ; mettre en place des mécanismes de suivi et d’évaluation rigoureux des programmes d’innovation ; impliquer le secteur privé et la société civile dans la définition des priorités de recherche ; renforcer les capacités des administrations en charge des politiques de science, technologie et innovation.
Source : BS/AC-CEA