L’essentiel des évaluations des deux parties brillent par la différence.
« En ce 5 juin, l’Union européenne réaffirme son engagement en faveur de la protection de l’environnement au Cameroun ». A l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, la phrase ouvre un post de l’UE sur la page Facebook officielle de la Délégation de l’Union européenne en République du Cameroun et pour la Guinée-Equatoriale. Elle passe sous silence les 95,7 milliards FCFA de moins-values fiscales enregistrés par le Cameroun au 31 mai 2025, dans le cadre de l’Accord de partenariat économique (APE) avec l’UE. « Le Comité APE devrait d’ores et déjà s’interroger sur l’absence d’attractivité de l’Accord pour les autres pays d’Afrique centrale », a déclaré Jean Tchoffo, secrétaire général du ministère de l’Économie (Minepat), lors de son intervention à la 9e réunion statutaire du Comité APE Cameroun-UE, tenue le 4 juin 2025 à Yaoundé. « A la vérité, la partie camerounaise dénonce la courbe ascendante des pertes, soit de 8,2 % par rapport au cumul de 88,4 milliards FCFA recensé à fin 2024. Depuis l’entrée en vigueur du démantèlement tarifaire en août 2016, la dynamique des pertes ne cesse de s’accélérer : de 300 millions FCFA la première année, elles sont passées à près de 96 milliards FCFA neuf ans plus tard », commente Jacques-Roger Ondoua, analyste économique camerounais.
« Avancées »
Pour l’UE, des résultats positifs doivent plutôt être constitués en pièces maîtresses du raisonnement. « Il y a des avancées concrètes en termes de flux commerciaux, mais aussi d’impact sur l’attractivité du Cameroun pour les investisseurs européens. C’est un très bon signal », a affirmé Miranda Gonzales. Selon la cheffe de l’unité ACP à la Direction générale du commerce de la Commission européenne, « de manière concrète, cet accord a permis : une augmentation de 33% des exportations du Cameroun vers l’UE, la création d’emplois, les exonérations de droits de près de 250 milliards de F accordées aux entreprises camerounaises depuis l’entrée en vigueur de l’accord entre autres ».
Sur cette base, Ysabelle Yene Mbolo, fiscaliste camerounaise, parle de « bilan à cache-cache ». D’après cette universitaire, « de part et d’autre, les arguments restent bien cadrés : une partie critique montre l’insuffisance, une deuxième la comble d’un optimisme ».
En rappel
C’est le 17 décembre 2007 que le Cameroun et l’Union européenne ont conclu un Accord de partenariat économique. Cet accord a été signé en janvier 2009 puis approuvé par le Parlement européen le 13 juin 2013 et ratifié par le Cameroun le 22 juillet 2014. Son application provisoire est effective depuis le 4 août 2014 et devrait se clôturer en 2029 avec un démantèlement total des trois groupes de produits concernés par cet accord.
Jean-René Meva’a