Décédé le 29 mars 2025, le patriarche et chef supérieur du canton Ebombo a été inhumé samedi dernier dans son village natal. Evocation d’un dignitaire dont les connexions s’étendaient dans d’autres pays d’Afrique centrale.
«Nous ne pouvons rien, faibles orateurs, pour la gloire des âmes extraordinaires : le sage a raison de dire que leurs seules actions les peuvent louer ; toute autre louange languit auprès des grands noms ». En le disant, Henri Eyebe Ayissi veut simplement mettre sous nos yeux l’entassement formidable des récits portant sur la vie de Sa Majesté Joseph Tibiti Ateba. Ce 31 mai 2025, jour de l’inhumation du chef supérieur du canton Ebombo (dans l’arrondissement de Sa’a, département de la Lékié), il se trouve que ce récit existe par lui-même, et surtout, il est entièrement soumis à la thèse déployée par l’oraison funèbre. Celle-ci, en plus de rappeler « l’ardeur indomptable » de l’illustre disparu, insiste de façon très expressive sur la « présence éternelle de Sa Majesté Joseph Tibiti Ateba dans les annales de l’intégration sous régionale ».
« Instrument de la providence »
Sur cet aspect, la logique qui préside à l’organisation des différents discours prononcés sur la place du deuil ce 31 mai 2025 crée le sentiment d’un enchaînement nécessaire des faits, corroborant la présentation de Sa Majesté Joseph Tibiti Ateba comme « un instrument de la providence ». « En plus d’être chef du canton Ebombo, celui dont nous regrettons la disparition avait de séreuses connexions avec des chefs de tous les rangs dans d’autres pays d’Afrique centrale, au Gabon, au Congo-Brazzaville et en Guinée Equatoriale notamment », renseigne le Gabonais Ôkenja Mbongo Rafemo, secrétaire exécutif de la chefferie Orungu, dans la province de l’Ogooué- Maritime. « Lors d’une rencontre entre lui et moi à Yaoundé, j’avais été saisi par un tranchant inusité, une vivacité d’esprit inhabituelle. En matière de collaboration entre les chefferie d’Afrique centrale, cet homme pensait que le chef dans la sous-région ne devrait plus seulement endosser un uniforme, mais il devrait endosser un rôle, celui de trait d’union entre les peuples de nos pays voisins », se rappelle Sa Majesté Ôkenja Mbongo Rafemo.
Et lorsqu’il est question de célébrer la mémoire de l’illustre défunt, Sa Majesté Danielo Vanga (chef supérieur des Yemfek dans la Province du Río Muni (Guinée Equatoriale) se rappelle une ou deux choses. « Sa Majesté Joseph Tibiti Ateba nous exhortait constamment à organiser une rencontre des Yemfek du Cameroun, du Gabon et de Guinée Equatoriale. Il pensait que, que l’on veuille ou non l’entendre, le traitement de l’intégration sous régionale dans le débat public en Afrique centrale passe d’abord par le rapprochement des entités éparpillées par la géographie et l’histoire ». Et en regard avec avis prononcés pour Sa Majesté Joseph Tibiti Ateba, l’on peut souligner l’originalité de son élan sur ce point. « Pour peu que se présentait l’occasion de parler de l’intégration sous régionale, cet homme faisait preuve d’une expression forte et dense, caractéristique du grand style », confie Sa Majesté Ôkenja Mbongo Rafemo.
À cet égard, et pour ne retenir qu’un élément, Sa Majesté Danielo Vanga parle de son défunt homologue au présent. « Ce jour où Sa Majesté Joseph Tibiti Ateba entre dans la mort, ou plutôt dans l’éternité, seul le souvenir d’un homme attaché à l’idée d’une Afrique centrale unie assèche nos larmes », assure le dignitaire équato-guinéen.
Ongoung Zong Bella
