Faute de paiement de leurs factures depuis un bon bout de temps, leurs promoteurs triment comme des fous pour ne pas voir couler leurs affaires.

215,8 milliards FCFA ! C’est le pactole que réclament les PME à l’Etat, d’après le rapport trimestriel de conjoncture sur la dette publique du pays à fin mars 2025. Publié par la Caisse autonome d’amortissement (CAA), le document désigne la somme susmentionnée par « reste-à-payer (RAP), pour nommer les factures en instance de paiement au Trésor public depuis trois mois et plus au bénéfice de ses fournisseurs de biens et services. Selon ces derniers, l’arbre ne touche pas encore le ciel. Mais, disent-ils encore, une tendance particulièrement préoccupante se profile. « Si rien n’est fait dans le sens du paiement intégral de cette somme, il est fort probable qu’au moins 1/3 des PME qui résistent encore vont disparaître du tissu économique national », alerte Baudouin Noah, analyste économique proche du Groupement des entreprises du Cameroun (GECAM).
A côté de cet avis d’expert, quelques dirigeants de PME décrivent la situation de leurs business. « La mort est à nos portes. Depuis au moins cinq ans, faute de paiements, les entreprises rationnent leurs moyens de production en termes de ressources humaines notamment. Le chômage partiel est devenu inévitable quand bien même il est question de vie et de survie. Dans les structures où le fonctionnement est devenu impossible, la mise au chômage des salariés a été la solution finale. Raison pour laquelle nous sollicitons le paiement de l’État afin de sécuriser le milieu de l’emploi, car davantage de personnes ont perdu leur travail du jour au lendemain dans ce contexte de reste à payer », s’émeut Andria Makougoum, prestataire de services basée à Yaoundé.
« Je fais partie de ceux qui pensent que les facilités fiscales, c’est déjà une bonne dynamique, mais également le vrai sujet de tout le récit des MPE au Cameroun, c’est mettre le paiement des factures au cœur d’un choix de société », suggère Désiré-Aimé Maffo, jeune promoteur de PME à Yaoundé.
A en croire Baudouin Noah, « c’est pourquoi 60 à 70% des PME et TPME survivent difficilement. La solution primordiale, c’est de mettre à leur disposition des ressources ».
Bobo Ousmanou