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Banque confédérale pour l’investissement et le développement : boîte à outils africano-africaine en chantier

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A Bamako (Mali), la Confédération des États du Sahel (AES) a tenu, vendredi 23 mai 2025, une rencontre ministérielle consacrée au pilier « Développement ».

Pour de nombreux analystes, Il s’agit d’une discussion pérenne qui marque un tournant dans la construction institutionnelle du bloc sahélien, avec la création annoncée d’une Banque confédérale pour l’investissement et le développement (BCID-AES). Axée sur quatre fondements (sécurité collective, intégration économique, souveraineté financière et identité culturelle et éducative), la rencontre visait à donner corps à la vision politique des chefs d’État de l’AES, notamment à travers la mise en place d’un instrument de financement autonome des projets structurants dans la région et de soutenir un développement durable adapté aux réalités locales.

En nous situant dans la tradition d’ouverture de la boîte noire, on se souvient vite des propos du général Maïga, soulignant les espoirs placés dans cette construction régionale inédite : « La création de l’Alliance des États du Sahel, le 16 septembre 2023, sonne et sonnera comme un coup d’accélérateur dans le cœur de tous les Panafricains ». Bien entendu, de telles évolutions peuvent être vues comme de simples ajustements des structures de l’AES, et comme la démonstration de sa vitalité. Et ce qui est vrai, c’est l’ensemble des formulations flexibles laissant aux États membres de l’AES la possibilité d’adapter le cadre général à leurs propres besoins ; sans aggraver la tendance à renvoyer à l’extérieur les décisions politiques majeures sur le futur politique de l’Alliance et ses engagements concrets.

De là ; on voit se profiler une structure idéologique, à la limite, une sorte de boîte à outils africano-africaine en chantier, avec pour objectif de rapprocher les planifications politique et économique, et ce faisant, de donner à l’AES son rôle primordial de forum du débat politico-stratégique intra-africain. On comprend dans ces conditions le sentiment commun aux États de l’AES. Vraisemblablement arc-bouté sur une démarche d’actualisation permettant de changer les procédures de prise de décision et celles de mise en application de celles-ci, le projet BCID-AES est appelé à incarner un groupe de pays africains comme un rempart contre les systèmes oppresseurs.

S’il est difficile aujourd’hui de répondre à certaines interrogations liées notamment à son financement, il est plus aisé de porter un jugement serein sur le projet BCID-AES, en tant que démonstration claire de la nouvelle conception de l’intégration sous régionale en Afrique. Aujourd’hui, il ne revient plus aux pays de l’AES de déterminer ce qu’ils entendent faire de cette institution en chantier en Afrique de l’Ouest. On le sait, cette partie du continent est devenue l’épicentre de l’activité terroriste djihadiste, associée à la détérioration de la situation politique et des normes démocratiques. Mais, l’impact international du défi lancé par le projet BCID-AES fournit des lignes directrices pour son implantation. Cet impact suffit pour réfléchir à la toile d’intérêts communs générée par une interopérabilité géopolitique passée à un niveau supérieur. Ainsi, le nouveau scénario qui s’ouvre dans le paradigme de l’intégration en Afrique ne devrait plus se limiter à son aspect purement déclaratoire, mais devrait susciter une mobilisation populaire et intellectuelle exceptionnelle.

Jean-René Meva’a

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